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Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.

Le Folgoët : musée à ciel ouvert

C'est l'analyse qu'en fait Jean-Yves Cordier sur son blog. Mais avant de se plonger dans la visite, quelques mots de présentation.

L'église du Folgoët possède une légende célèbre : Un pauvre innocent nommé Salaün, c'est-à-dire en breton Salomon, vivait dans un bois près d'une fontaine. Il n'avait jamais pu apprendre que les deux mots Ave Maria qu'il chantait sans cesse. Il mourut et fut enterré. Or voici que bientôt après poussa sur la tombe un lys dont tous les pétales, portaient écrits en lettres d'or les mots Ave Maria. La fleur merveilleuse avait sa racine dans la bouche du pauvre innocent. C'est en souvenir de ce miracle, advenu l'an 1360, que l'église aurait été construite. Folgoët signifie le Bois du Fou.

De style gothique flamboyant et finement décorée par une utilisation presque systématique de la pierre de Kersanton, la basilique possède une triple originalité : un plan en équerre, une fontaine extérieure intégrée au pignon et un jubé en pierre.

Jean-Marie Guillouët,  présente  ici une étude détaillée de la collégiale dans « Le Folgoët, collégiale Notre-Dame »,  Congrès archéologique de France

La basilique dans le style breton du XVème siècle, se compose de deux bâtiments en équerre, une nef de cinq travées, une chapelle en aile de deux travées, et un chœur de deux travées à chevet plat et percé d’une rosace.

La façade occidentale est dominée par deux tours: l’une, haute de 54 mètres domine la région environnante ; l’autre, basse et trapue, donne une impression d’inachevé.

Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert

La basilique du Folgoët permet, tel un musée ouvert à tous, de découvrir  trois des plus grands ateliers de sculpture bretonne du XVe au XVIIe siècle, travaillant un matériau d'élection, la pierre de kersanton.  Pour lire la suite de l'article que Jean-Yves Cordier leur consacre, c'est ici

A gauche du Porche occidental une statue de Saint Michel dissimule une plaque portant l'inscription : " Jean, illustre duc des Bretons, a fondé la présente collégiale l'année du Seigneur 1423.".

Saint Michel terrassant le dragon

Saint Michel terrassant le dragon

Le portail était jadis précédé d'un porche aujourd'hui détruit dont on voit encore les amorces. Un escalier qui subsiste faisait communiquer la tour sud avec la plate-forme de ce porche.  L'intrados de l'arc représente de gauche à droite la Nativité, l'Adoration des Mages et l'Annonce aux Bergers.

Pour en savoir plus, lire ici  l'article de Jean-Yves Cordier

 

La Nativité, l'Adoration des mages et l'Annonce aux bergers.
La Nativité, l'Adoration des mages et l'Annonce aux bergers.

La Nativité, l'Adoration des mages et l'Annonce aux bergers.

Les statues ont toutes été mutilées à la la révolution. Elles ont été ensuite replacées (un peu au hasard), sans tenir compte de leur emplacement d'origine. Ainsi c'est Saint Eloi qui siège désormais entre "le riche" et "le pauvre"....

Saint Yves entre le riche et le pauvre
Saint Yves entre le riche et le pauvre
Saint Yves entre le riche et le pauvre

Saint Yves entre le riche et le pauvre

Au sud, encadrant une baie, deux statues de Christ aux liens occupent les consoles sous les dais, dont la première paraît manifestement trop large et la seconde trop petite, témoignant des réagencements successifs.

Deux "Christ aux liens" semblent converser...
Deux "Christ aux liens" semblent converser...

Deux "Christ aux liens" semblent converser...

Au sud précédant le Porche des Apôtres ; la statues de la Vierge à l'Enfant et à la démone 

 Ici Jean-Yves Cordier y a dédié un article 

La vierge à la démone
La vierge à la démone
La vierge à la démone

La vierge à la démone

Et celle de Sainte Marguerite. A noter qu'une seconde statue de Sainte Marguerite est visible à l'intérieur. Notre guide de la Sprev en profitera pour nous rappeler pourquoi Ste Marguerite est la patronne des sage-femmes,

Sainte Marguerite à l'extérieur
Sainte Marguerite à l'extérieur

Sainte Marguerite à l'extérieur

et pourquoi à l'intérieur elle se trouve à côté de Ste Catherine et de Jeanne d'Arc.

Sainte Catherine, Jeanne d'Arc et Marguerite
Sainte Catherine, Jeanne d'Arc et Marguerite
Sainte Catherine, Jeanne d'Arc et Marguerite

Sainte Catherine, Jeanne d'Arc et Marguerite

Sur le contrefort droit du porche, Saint Christophe et la Vierge.

Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Jean V, duc de 1399 à 1442, fondateur et mécène de l'église

Jean V, duc de 1399 à 1442, fondateur et mécène de l'église

Les douze apôtres alignés dans des niches au décor gothique flamboyant sont l'œuvre du Premier Atelier ducal du Folgoët et datent de la période 1423-1433 qui suivit la fondation par le duc Jean V en 1423 (inscription du porche occidental). 

Particularité du porche : il compte 13 apôtres, puisque Saint Pierre a été placé contre le trumeau.

Peuvent être identifiés saint Jacques le Majeur, pourvu  de  son  bourdon  et  de  coquilles  portées  en sautoir  (deuxième  apôtre  à  l’ouest), Barthélemy  portant son  couteau  (quatrième  apôtre à  l’ouest), André,  portant sa  croix  en  X (premier apôtre à l’ouest), Jacques le Mineur avec sa massue ou son bâton de foulon (sixième apôtre du même côté) et Philippe tenant une croix (deuxième apôtre à l’est).

Dans le porche des apôtres,  une bande d'hermines circule en déroulant une banderole sur laquelle est écrit: "A ma vie". C'est la devise du duc de Bretagne (à ma vie, plutôt mourir)

Lire ici la suite de la description

 

Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert

Mon guide me présente ensuite le jubé en kersanton :

Le jubé et la clôture du chœur Chef-d’œuvre du gothique flamboyant, entièrement réalisé en kersantite*, le jubé du Folgoët est une pièce majeure, seule de ce genre en Bretagne. À juste titre présenté en 1852 par le marquis de Coëtlogon comme l’un des plus beaux de France, il est très proche et contemporain de celui de la basilique Notre-Dame-de-l’Épine en Champagne, important sanctuaire de pèlerinage qui bénéficie entre le XIIIe et le XVe siècle de la faveur des rois de France. Le jubé de la cathédrale d’Exeter, édifié en marbre de Purbeck entre 1318 et 1325, dans le plus pur Decorated Style, lui a probablement servi de modèle. Le même parti de trois travées voûtées retombant sur des piles fasciculées, le même décor de lambrequins ajourés qui souligne les arcs, et jusqu’au motif en résille à base de quadrilobes du garde-corps du Folgoët, identique à celui des coursières employé partout dans la cathédrale anglaise, établissent la filiation stylistique. Au revers, sur l’arc central, un écu chargé de trois fasces, qui passe pour être celui de Guillaume Le Ferron, situe la construction de ce jubé vers le milieu du XVe, voire dans le troisième quart de ce siècle. À la fin du XVe ou au début du XVIe siècle, le jubé fut complété par une clôture de chœur destinée à enfermer les stalles des chanoines. Celle-ci présente sur ses faces extérieures trois arcades aveugles surbaissées qui correspondaient aux enfeus de différentes familles nobles. La qualité exceptionnelle de la sculpture du jubé fit l’admiration des archéologues dès les années 1830, mais faillit pâtir en 1840 d’un projet de restauration visant à restituer les arcs-boutants qui renforçaient ses angles vers la nef, prévoyant en fait un démontage complet qui aurait entraîné une réfection plus ou moins fidèle. Cette entreprise hasardeuse ne connut par chance qu’un commencement d’exécution, sur la balustrade du côté du chœur. Encore, le résultat obtenu jugé décevant, on contraignit les sculpteurs à replacer les éléments anciens qu’ils avaient déposés. En fait, grâce à la vigilance de Miorcec de Kerdanet et du marquis de Coëtlogon, l’ensemble du jubé a échappé au démontage prévu et la quasi totalité de sa sculpture a pu préserver son authenticité. 

Sources : Patrimoine.BZH

Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert

Notre jeune guide nous mène ensuite dans le choeur, où l'on peut admirer vitraux et autels.

Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert

On peut remarquer deux vierges dans le chœur : celle portée lors de la procession,

La vierge de procession

La vierge de procession

et la Statue miraculeuse de Notre-Dame, dite "Vierge noire". C'est celle-ci qui fut choisie lors de la cérémonie du couronnement de la vierge au Folgoët représentée sur le vitrail.

La "vierge noire"

La "vierge noire"

Les statues de Vierges sont couronnées depuis fort longtemps, comme en témoignent par exemple celles du Folgoët : la Vierge à l'Enfant offerte par Olivier du Chastel et sculptée entre 1423 et 1433 (niche du Porche des Apôtres), la Vierge à l'Enfant qui occupait jadis la Fontaine et qui est placée aujourd'hui dans le bas-côté sud (1423-1433), ou celle qui reçut le Couronnement représenté sur le vitrail, et qui est parfois nommée "la Vierge noire" (vers 1600), portent chacune une couronne. 

La cérémonie dite du couronnement d'une statue de la Vierge ne consiste donc pas à mettre une couronne sur  une statue qui en est dépourvue, mais d'y placer en grande pompe une nouvelle couronne,  en or ou matériau précieux, sur la tête de la représentation de la Reine des Cieux, et de son Fils, en signe de reconnaissance officielle et papale d'un lieu de culte (et de pèlerinage) local. 

Je vous invite à lire ici l'article qu'y consacre Jean-Yves Cordier sur son blog.

Avant de repartir, ne pas oublier d'aller voir la fontaine avec la copie de "Notre Dame de la Fontaine" en son emplacement initial. L'original se trouvant à l'intérieur dans le bas-côté sud. 

Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert
Le Folgoët : musée à ciel ouvert

Encore une très belle visite proposée par la Sprev grâce aux deux jeunes guides qui réussissent à retenir l'attention des groupes de visiteurs se succédant au Folgoët.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    

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