Une parenthèse au pays de l'enfance

Vendredi, de très bonne heure, j'ai pris le train pour Rennes pour un dernier au revoir à un parent. 

Sentiments confus pendant ce trajet d'un peu plus de deux heures...j'enfile mes écouteurs, sans les brancher, juste pour éloigner les bavardages et pouvoir me concentrer sur ma lecture.

Arrivée à Rennes, presqu'à l'heure. Traversée du passage sous les voies...c'est sans doute le seul élément d'architecture de l'ancienne gare qui subsiste. Dans le grand hall, je butte sur les portes du métro et me souviens que les automates de vente de tickets sont à gauche. Je prends un ticket AR, sachant très bien que je n'utiliserai sans doute pas le retour, car je prendrai le temps de marcher dans ma ville de naissance.

Trajet très court.  Je sors de la rame et monte le très long escalier vers la place Ste Anne. La dernière fois que j'ai emprunté cet escalier, Papa m'accompagnait. L'escalator était en panne et il avait grimpé sans aide les trois grandes volées de marches. Surprise, en arrivant sur la place de la découvrir enfin débarrassée des échafaudages et barrières de chantier. "Rue de la soif" puis la grande place des lices. Je sens Papa à mes côtés. C'était une étape incontournable lors de nos passages à Rennes, ces dernières années.

Je traverse le canal, repère le magasin qui a abrité le premier libre-service de mon enfance...J'entends Maman m'en expliquer le fonctionnement par rapport à notre épicerie de quartier...Je contourne les belles tours Horizon qui se refont une beauté et découvre tout un quartier inconnu, sorti de terre bien après mon départ de Rennes.

Fin de la cérémonie. Salutations sur le parvis de l'église. Confusion des sentiments : compassion, tristesse, joie de se revoir.... Nous avons tous vieilli. 

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Quelques heures avant de reprendre mon train. J'espère pouvoir déjeuner dans "mon" petit salon de thé british. J'appelle Monsieur P. pour qu'il me réserve une table. Déception : "ils ne prennent plus de réservation... Vas-y vite, tu auras peut-être une place". Heureuse d'avoir enfilé mes chaussures de randonnée pour affronter les pavés du centre ville, j'accélère le pas.

La chance est avec moi. Il reste de la place dans le patio. Je serai bientôt rejointe par d'autres dames accompagnées de leur portable....Drôle d'époque, ou chacun pianote sur son écran, protégé dans sa bulle...J'ai donc déjeuné en grec avec pour interlocuteur.... mon duolingo !

Les heures suivantes sont consacrées à une chasse au livre. Un coup d'oeil à la belle place du Parlement. Ma vieille librairie FAYER a laissé place à un pub irlandais...

Mais, j'ai repéré, tout près, rue Saint Georges, lors d'un passage précédent à Rennes son nouvel emplacement... Elle est installée dans les anciens locaux de Soiefilaine, que j'arpentais avec Maman, deux fois par an, pour choisir les lainages des manteaux d'hiver et vestes de printemps...

La librairie a gardé le charme de l'ancien magasin et son labyrinthe de salles et d'escaliers... mais je n'y trouverai aucun des titres que je cherche...En sortant, j'admire les détails de la façade du bâtiment opposé.

Je continue ma balade en passant par la place Saint Germain. J'entre chez un brocanteur... ce n'est plus la boutique des parents de Pascale, ma copine de lycée...le temps est passé. La Place s'est refait une beauté, elle-aussi, après les réaménagements dus au métro.

Au passage de la vilaine, je jette un oeil sur les jardins flottants....

Je continue ma balade en direction des "champs libres". J'y passerai les derniers moments de cette échappée admirant les toits de Rennes depuis la salle panoramique, avant de reprendre mon train.