Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
15 Août 2016
Après une traversée bucolique et ensoleillée des monts d'Arrée, nous sommes arrivées en fin de matinée au Faouët.
Le cahier "Itinéraires des expositions 2016" ajouté à l'édition estivale du magazine Bretagne avait attiré mon attention sur la thématique retenue par le musée du Faouët : La fête vue par les peintres en Bretagne : ce serait donc le but d'une de nos excursions cet été.
Après un passage au syndicat d'initiative pour faire le plein de plans, cartes et documentations, mon amie A. et moi avons décidé de commencer notre découverte du Faouët par la chapelle St Fiacre, puis de déjeuner à l'ombre de ses tours avant de continuer notre visite.
Notre passage rapide dans le bourg nous a permis d'admirer quelques jolies façades aux fenêtres ouvragées et la grande halle, malheureusement "barricadée" pour abriter le "Fest deiz". Des bénévoles s'activant aux derniers préparatifs nous invitèrent à passer regarder le défilé en début d'après-midi.
Au sud du bourg, la chapelle St Fiacre est bâtie entre 1450 et 1480 dans le style gothique flamboyant. Elle a probablement succédé à un édifice plus ancien. Elle possède un clocher à balcon encadré de deux tourelles. Celle de droite abrite l’escalier qui permet l’accès au clocher. . Les Boutteville, seigneurs du Faouët qui ont fortement marqué la cité entre 1340 et 1550 ont été les mécènes pour sa construction. La bannière des ducs de Bretagne, frappée d’hermines et dressée au-dessus de deux lions, rappelle que la magnificence de la chapelle est due à leur protection et à leurs bienfaits.
Il faut pénétrer à l’intérieur de l’édifice pour admirer l’élément le plus remarquable des lieux : un splendide jubé en bois polychrome. Réalisé par Olivier Le Loërgan en 1480, c’est une véritable dentelle de bois sculpté. Le jubé représente une barrière symbolique et matérielle séparant le chœur, espace où officiait le clergé, de la nef où prenaient place les fidèles. Il servait aussi à l’enseignement par le biais de son décor recelant de nombreuses scènes religieuses et profanes. A l’ouest, on est dominé par la représentation de la crucifixion. Côté nef, on trouve la tentation d’Adam et Eve, l’Annonciation et le Calvaire du Christ. A ce jour, il figure parmi les plus beaux jubés polychromes de Bretagne.
Pour une description très détaillée de ce jubé, de la chapelle, de sa statuaire et de ses vitraux, vous trouverez toutes les explications ici, là et là sur l'excellent blog de Jean-Yves Cordier. Sa lecture m'a permis de légender mes photos.
Les anges virevoltants sculptés en ronde-bosse sur les culots de retombée des fausses voûtes nous accueillent en souriant
deux femmes voilées — deux commères — discutent, tandis qu'un diable recopie sur son parchemin les propos médisants de ces dames afin qu'elles en rendent compte lors du Jugement, et qu'il procure ainsi à son patron Satan deux recrues de choix pour les flammes de l'Enfer. Il tient la plume de la main droite, alors que sa main gauche tient non seulement l'encrier, mais aussi la lanière du plumier (plumes, grattoir). A défaut de se frotter les mains, il retrousse ses babines sur un sourire radieux. Pour lui, c'est du nanan !
Changement de style à droite de la poutre où s'installe un bestiaire : renard et poules. En fait d'un bout à l'autre, c'est une mise en garde contre le diable (dont le renard est la métaphore), et sa duplicité, et un appel à la vigilance à l'égard des déguisements. C'est une célébration de la victoire du bien (par le truchement des saints à gauche, de celui des fidèles à droite) contre le mal.
Côté Choeur, on remarque une multitude de scènes de la vie quotidienne. D’étonnantes statues incarnent les vices et les péchés : le vol, l’ivresse, la luxure, la paresse…
Le vol dans un pommier répond à la scène sur l'autre face, où un ange chasse Adam et Eve du Paradis.
La chapelle possède aussi un bel ensemble de vitraux du XVIème siècle illustrant la Passion, la vie de saint Jean-Baptiste, un Arbre de Jessé et la vie de saint Fiacre.
De très belles statues décorent également la chapelle : la vierge à l'enfant, Ecce Homo, Saint Fiacre, Saint Antoi,e, Sainte Appoline et son martyre, le martyre de Saint Sébastien
Avant de quitter la chapelle, n'oubliez pas de lever les yeux vers la charpente pour admirer les têtes variées ornant les poutres.
A 500 mètres, la fontaine Saint-Fiacre se compose de deux bassins reliés par une rigole en pierre de sept mètres. Son architecture dépasse celle d’une fontaine traditionnelle. Il s’agit peut-être des restes d’un établissement de soins pour les malades datant du Moyen-Âge. Son eau est traditionnellement reconnue pour guérir les maladies de la peau. On y accède en empruntant un joli chemin creux dont nous avons apprécié l'ombrage en cette chaude journée.
Après un dernier regard au four à pain dressé devant la chapelle, il était temps de regagner le bourg pour apercevoir le défilé et visiter l'exposition (billet à suivre).
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