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Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.

Der letzte Glasperlenspieler - Le dernier joueur de perles de verre - Herman Hesse

Maurits Cornelis Escher - Nature morte au miroir sphérique

Maurits Cornelis Escher - Nature morte au miroir sphérique

Der letzte Glasperlenspieler


Sein Spielzeug, bunte Perlen, in der Hand,
Sitzt er gebückt, es liegt um ihn das Land
Verheert von Krieg und Pest. Auf den Ruinen
Wächst Efeu, und im Efeu summen Bienen,
Ein müder Friede mit gedämpftem Psalter
Durchtönt die Welt, ein stilles Greisenalter.
Der Alte seine bunten Perlen zählt,
Hier eine blaue, eine wieße faßt,
Da eine große, eine kleine wählt
Und sie im Ring zum Spiel zusammenpaßt.
Er war einst groß im Spiel mit den Symbolen,
War vieler Künste, vieler Sprachen Meister,
War ein weltkundiger, ein weltgereister,
Berühmter Mann, bekannt bis zu den Polen,
Umgeben stets von Schülern und Kollegen.
Jetzt blieb er übrig, alt, verbraucht, allein,
Es wirbt kein Jünger mehr um seinen Segen,
Es lädt ihn kein Magister zum Disput;
Sie sind dahin, und auch die Tempel, Bücherein,
Schulen Kastaliens sind nicht mehr. Der Alte ruht
Im Trümmerfeld, die Perlen in der Hand,
Hieroglyphen, die einst viel besagten,
Nun sind sie nur noch bunte gläserne Scherben.
Sie rollen lautlos aus des Hochbetagten
Händen dahin, verlieren sich im Sand...

Hermann Hesse, C’en est trop, Poèmes 1892-1962, traduits de l’allemand par François Mathieu, postface de François Mathieu, Editions Bruno Doucey, 2019, 192 p., 17€, en librairie le 17 janvier 2019, pp. 138 et 139.

Le dernier joueur de perles de verre

Son jouet, des perles de toutes les couleurs, dans la main,
Il est assis penché, autour de lui le pays
Ravagé par la guerre et la peste. Sur les ruines
Pousse du lierre, et dans le lierre bourdonnent des abeilles,
Une paix rouée de fatigue au psautier en sourdine
Résonne à travers le monde, une vieillesse silencieuse.
Le vieillard compte ses perles de toutes les couleurs,
Ici en saisit une bleue, une blanche,
Là il en choisit une grosse, une petite,
Et les accorde dans le cercle du jeu.
Il fut autrefois un champion du jeu des symboles,
Fut un maître d'arts, de langues en nombre,
Fut un connaisseur du monde, un grand voyageur,
Un homme célèbre, connu jusques aux pôles,
Entouré sans cesse d'élèves et de collègues.
Il est maintenant sur la touche, vieux, usé, seul,
Plus aucun disciple ne brigue sa bénédiction ;
Plus aucun professeur ne l'invite à une discussion ;
Ils sont révolus, et les temples, les bibliothèques aussi,
Les écoles de Castalie ne sont plus. Le vieillard se délasse
Dans le vaste amas des décombres, les perles dans la main,
Hiéroglyphes qui autrefois disaient beaucoup de choses,
Elles ne sont plus que débris de verre de toutes les couleurs.
Elles roulent sans bruit des mains de cet homme
D'un grand âge, se perdent dans le sable...


Hermann Hesse, C’en est trop, Poèmes 1892-1962, traduits de l’allemand par François Mathieu, postface de François Mathieu, Editions Bruno Doucey, 2019, 192 p., , pp. 138 et 139

"Petite perle" trouvée sur les internets : une vidéo-décryptage du roman de Herman Hesse : "le jeu des perles de verre".

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