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Souvenirs illustrés de petits moments, musiques, lectures, expositions, balades....qui font le sel de la vie !

Белла Ахмадулина -По улице моей который год...Dans ma rue depuis des années

"Bella (Izabella) Akhmadoulina est née le 10 avril 1937 à Moscou, d’un père Tatar, haut fonctionnaire des douanes d’État et d’une mère russe d’origine italienne, Nadejda Macarovna Lazareva qui travaillait selon certaines sources comme traductrice au KGB.

Elle commence à écrire de la poésie alors qu’elle est encore collégienne. À l’âge de 15 ans, elle est déjà remarquée par des critiques littéraires.
Après avoir terminé son cursus à l’institut littéraire Gorki en 1960, elle voyage en Asie centrale et découvre la poésie géorgienne, tartare…

En 1959, âgée de 22 ans, elle écrit le plus célèbre de ses poèmes– "Le long de ma rue ". Sanctionnée en 1959 pour s’être opposée à la persécution de Boris Pasternak, elle a néanmoins pu terminer ses études en 1960. La même année elle divorce et épouse le conteur Iouri Navigine. C’est l’époque où elle est membre du mouvement "Nouvelle vague littéraire", un groupe d’écrivains qui embrasse l’idéologie occidentale...
 

À la même époque elle participe au Mouvement des tribunes, dont le principe était de dire des poèmes devant des milliers de personnes au stade Loujniki, à l’Université Lomonossov à Moscou, au Musée Polytechnique et ailleurs aux côtés d’ Evgueni Evtouchenko, d’ Andreï Voznessenski, de Boulat Okoudjava et de Robert Rojdestvenski. Ses lectures semi-légales, souvent interdites, donneront la grande effervescence poétique des années 60..."

Pour lire la suite de cette présentation c'est par ici.

Белла Ахмадулина -По улице моей который год...Dans ma rue depuis des années


По улице моей который год...


По улице моей который год
звучат шаги - мои друзья уходят.
Друзей моих медлительный уход
той темноте за окнами угоден.

Запущены моих друзей дела,
нет в их домах ни музыки, ни пенья,
и лишь, как прежде, девочки Дега
голубенькие оправляют перья.

Ну что ж, ну что ж, да не разбудит страх
вас, беззащитных, среди этой ночи.
К предательству таинственная страсть,
друзья мои, туманит ваши очи.

О одиночество, как твой характер крут!
Посверкивая циркулем железным,
как холодно ты замыкаешь круг,
не внемля увереньям бесполезным.

Так призови меня и награди!
Твой баловень, обласканный тобою,
утешусь, прислонясь к твоей груди,
умоюсь твоей стужей голубою.

Дай стать на цыпочки в твоем лесу,
на том конце замедленного жеста
найти листву, и поднести к лицу,
и ощутить сиротство, как блаженство.

Даруй мне тишь твоих библиотек,
твоих концертов строгие мотивы,
и - мудрая - я позабуду тех,
кто умерли или доселе живы.

И я познаю мудрость и печаль,
свой тайный смысл доверят мне предметы.
Природа, прислонясь к моим плечам,
объявит свои детские секреты.

И вот тогда - из слез, из темноты,
из бедного невежества былого
друзей моих прекрасные черты
появятся и растворятся снова.

1959 г.

Белла Ахмадулина

Dans ma rue depuis des années

 

Dans ma rue depuis des années
j’entends des pas : mes amis s’en vont.
Le lent départ de mes amis convient
à l’obscurité derrière la vitre.

Mes amis ne s’occupent plus de rien,
chez eux plus de musique ni de chants,
et seules les fillettes de Degas
lissent encore leur plumage bleu.

Mais pourvu que la peur ne vous réveille pas
désarmés au milieu de cette nuit.
Une passion étrange pour la trahison,
mes amis, vous embrume les yeux.

Solitude, ton caractère est rude !
Faisant luire l’éclat de ton compas de fer,
si froidement tu refermes le cercle,
sans écouter les promesses vaines.

Appelle-moi et récompense-moi !
Cajole-moi, ainsi choyée
je me consolerai, pressée contre ton sein,
ton froid d’azur me lavera.

Laisse-moi me dresser sur la pointe des pieds
dans ta forêt, au bout d’un geste ralenti
trouver des feuilles qui toucheront mon visage
pour sentir le délice de mon abandon.

Offre-moi le silence de tes bibliothèques,
les thèmes rigoureux de tes concerts :
devenue sage, j’oublierai les morts
et ceux qui sont toujours en vie.

Je connaîtrai la sagesse et la peine,
chaque chose me confiera son sens caché.
Prenant appui sur mes épaules, la nature
m’apprendra ses secrets d’enfant.

Alors, du fond des larmes, de la nuit
et de la pauvre ignorance du passé,
les merveilleux visages de mes amis
m’apparaîtront avant de s’effacer encore.

(1959)

Bella Akhmadoulina, Histoire de pluie et autres poèmes

Traduction Christine Zeytounian-Beloüs.

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