Souvenirs illustrés de petits moments, musiques, lectures, expositions, balades....qui font le sel de la vie !
25 Mars 2014
Ces deux mots sont devenus une sorte de blague privée. Nous ne sommes que deux à la comprendre, mais elle garde tout son sel près de trente quatre ans après les faits.
C'était en août 1980. Nous partions pour la première fois aux Etats unis. A l'époque nos moyens financiers étaient plus que limités et P. avait choisi cette période, car c'était "low season" en Floride, but de notre voyage. Le mois d'août étant particulièrement chaud dans cet Etat, tout était à prix réduit : hôtel, location de voitures et entrées aux parcs d'attraction...
Le jour dit, nous nous levâmes aux aurores, vers quatre heures du matin, car nous devions nous présenter à cinq heures à l'ouverture des bureaux de la compagnie aérienne qui nous offrait un billet gratuit Paris - New-York. A cette époque, les compagnies aériennes proposaient ce genre d'avantages en nature aux personnels susceptibles de leur faciliter l'obtention des bons créneaux de décollage ou d'atterrissage. Nous arrivâmes à l'heure demandée, mais il n'y avait pas trace de personnels pour ouvrir le bureau. Nous patientâmes, P. serein, moi gagnée peu à peu par l'angoisse de voir ce rêve s'écrouler avant même de franchir les portes de l'avion. Vers 10 heures, enfin, le personnel apparut. Il nous fallut d'abord attendre pendant l'enregistrement de tous les passagers payants, puis un employé s'occupa de nous. Après quelques moments de stress, pendant qu'ils cherchaient les billets qui n'étaient pas au comptoir, comme on nous l'avait indiqué, (pas de billets électroniques à l'époque) mais se trouvaient enfermés au coffre dans un autre bureau, nous pûmes enfin enregistrer et passer en salle d'embarquement.
Vers midi, comme tous les vols transatlantiques, notre vol décolla direction New-York. Ce premier vol se déroula sans encombre. Nous eûmes la chance de bénéficier de beaucoup de place (une travée pour chacun d'entre nous). Un bus de touristes n'était pas arrivé à temps pour le vol.
Le premier choc culturel fut le passage épique des formalités d'admission sur le sol américain. C'était la première fois, mais cette scène se répéta ensuite dans toutes les files d'attente, au fil des années, avec plus ou moins de stress, selon l'Etat où l'on arrivait depuis l'Europe. Ce jour-là des jeunes gens émoustillés sans doute par leur première visite avaient commis la bêtise de plier leur carte de débarquement. Ils durent faire un petit séjour dans un bureau, pour en remplir de nouvelles tout en se faisant expliquer vertement que c'était une atteinte à un document officiel etc....Cela commençait bien.
Une fois arrivés dans la zone de transit, P. se dirigea vers les comptoirs d'Eastern pour acheter le tronçon qui nous amènerait à notre destination : Miami. Toujours pour des raisons économiques, nous choisîmes un vol de fin de journée, qui nous amènerait à destination aux environs de 22h locales. Pour patienter, je décidais d'envoyer une première carte postale à mes parents et grands-parents en leur expliquant combien nous avions hâte de voir nos premiers alligators. Mais ceci est le début d'une autre histoire.
Notre arrivée à Miami fut un choc. Il faisait nuit noire évidemment. La chaleur était éprouvante tout comme l'humidité. Nous récupérâmes un gros char bleu marine et partîmes à l'aventure. Low season oblige : Nous avions pensé qu'il était inutile de réserver un hôtel et n'avions tenu compte ni de la fatigue, ni du décalage horaire, ni du choc culturel. Après avoir récupéré une carte routière auprès du loueur de voiture, P. affronta bravement l'énorme échangeur autoroutier qui se trouvait à la sortie du parking et décida d'aller chercher un hôtel en dehors de Miami, pour à nouveau limiter les coûts.
Avant de sortir du parking, P. avait dû prendre en main le char. C'était une voiture automatique, et les automatismes de conduite européens étaient durs à oublier à cette heure si tardive. Nos premiers tours de roues furent accompagnés de plongée soudaine vers le bitume. On se serait cru dans un épisode de Starsky et Hutch dévalant les routes de SF avec de subites plongées vers le sol pour suivre la pente vertigineuse des rues. Rien de semblable ici, tout est plat en Floride, simplement P. fatigué accélérait et freinait en même temps. Heureusement, il maîtrisa rapidement l'engin.
Un peu inquiète, je voyais s'éloigner dans le rétroviseur les lumières accueillantes des chaines d'hôtel entourant l'aéroport et s'approcher les grands panneaux verts autoroutiers.
Pas de GPS à l'époque, j'étais chargée de trouver la bonne direction, le nord.
Les heures passant, nous avions fait un tour complet du cadran et près de vingt-quatre heures s'étaient écoulées depuis notre lever.
J'essayais de me concentrer sur cette carte, de plus en plus fatiguée, et tentais de nous localiser. C'est alors que P. fit la remarque qui tue. "Mais enfin, regarde les pancartes "Toll Plaza" ce n'est tout de même pas difficile, tu dois bien le voir sur la carte". C'est alors que je disjonctais complètement. Il me fallut quelques secondes, voire minutes pour que mon cerveau embrumé par la fatigue et le décalage horaire comprenne ce que signifiait "Toll Plaza" et que telle une furie, je lui hurle au visage, "mais Toll Plaza, cela signifie péage, (suivirent toute une litanie de noms d'oiseaux bien sentis) comment veux-tu que je trouve "Toll plaza" sur cette p.... de carte, lui la balançant à la figure, histoire d'arranger la situation. P. me répondit également par des noms d'oiseaux, puis décida de s'arrêter pour demander de l'aide. Arrivé sur un parking, il trouva un américain compatissant qui nous guida gentiment vers un petit motel dans la jolie ville de Hollywood. (oui en Floride).
Ce fut la première et dernière fois que nous partîmes sans réservation d'hôtel à l'arrivée....
(à suivre)...
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