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Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.

Allons au moulin du Prat

Allons au moulin du Prat

Ce moulin à marée restauré grâce à une bande de passionnés attire l’œil des promeneurs de la rive gauche de la Rance, que ce soit depuis le chemin de halage à Taden ou à la Cale de la Moinerie.

Alors, piqués par la curiosité, pour rentrer de Dinan nous avons pris la rive droite pour aller y faire un petit tour, même si les activités proposées par l'association en charge du Moulin ne sont pas encore accessibles à cette saison. L'entrée du parking se trouve dans un creux sans qu'il y ait vraiment de pré-annonce sur la route, nous sommes donc allés faire demi-tour devant le joli château de la Bellière (qui ne se visite pas) mais dont on peut apercevoir les élégantes cheminées au travers de la végétation encore dénudée.

Allons au moulin du Prat

Le moulin à marée du Prat pourrait dater de la fin du XVème siècle ou du début du XVIéme, voire être contemporain du château de la Bellière, c'est à dire du XIIIème siècle. On ne peut parler du moulin du Prat sans évoquer ce château. Dès le XIIIéme siècle les seigneurs issus de Dinan (Raguenel) s'illustrèrent sur de nombreux champs de bataille et élevèrent du XIIIème au XVèmè siècle une forteresse. Le château que l'on peut voir aujourd'hui, célèbre pour l'élégance de ses cheminées, est le témoin de cette époque. Une descendante des Raguenel, Thiphaine, vécu dans ce château et devint la première épouse de Bertrand du Guesclin (1320 - 1380). Le fief de la Bellière était en ce haut moyen-âge une des plus puissantes châtelleries de la région, ayant droit de haute et basse justice. Le moulin du Prat dépendant de ce fief était donc un moulin banal, c'est à dire que sur un territoire défini, "la banlieue", un certain nombre de sujets appelés "mouteaux", étaient astreints à venir moudre leurs céréales au moulin, en dehors de tout autre. Le "salaire" du meunier était établi sous la forme d'une retenue appelée "droit de moute" correspondant généralement au 1/16ème du poids de grain.


Le meunier habitait dans des conditions spartiates dans le moulin, et ce n'est que dans le courant du XVIIIème siècle qu'il a pu résider dans une maison indépendante au village de la Ville Hervy (hameau situé à 600 m du moulin), puis devenu propriétaire à partir de 1876, dans une maison-meunière construite sur place. Et c'est ainsi qu'au rythme du calendrier lunaire, jour et nuit, il lui incombait de faire tourner "son" moulin. En dehors des périodes d'activité directement liées à la mouture, il lui incombait, par devoir et par nécessité, de procéder au dévasement. L'envasement naturel qui a toujours sévi en Rance était source de profit pour le meunier. En effet la vase ou tangue (appelée marne dans cette région), était revendue, une fois séchée, pour servir d'amendement à l'agriculture, et l'on venait parfois de fort loin, dès le XVIIIéme siècle (15 à 20 km) avec des charrettes, pour enlever cet "engrais". L'autre utilisation de ce produit consistait en la réparation de la digue. La marne une fois compactée, était placée à l'intérieur de la digue; une "enveloppe" composée de moellons de granit en assurait le pourtour. Après l'abolition de la banalité, le meunier dut conquérir sa propre clientèle: l'ardeur au travail, la recherche d'une meilleure productivité, l'esprit d'initiative, l'appât du gain, guidaient désormais l'artisan qu'il était devenu, et qui firent les nouvelles motivations de son entreprise.


A partir de la fin du XIXème siècle la lente agonie du Prat a commencé. Les dernières meules entraînées par la roue intérieure ont cessé de tourner dans les années 20, et les locataires (non-meuniers), qui ont résidé ensuite dans ces bâtiments l'ont peu à peu déserté en raison de son isolement dans cette étroite vallée. Le moulin a conservé ses toitures jusque dans l'après-guerre 39/45 mais, petit à petit, des trous sont apparus accélérant le processus inexorable de dégradation.


Les derniers mécanismes ont été "récupérés" par un ferrailleur dans les années 50. Les poutres, planchers et escaliers ont servi à faire du feu à quelque vagabond de passage.


Ensuite vint l'époque de la renaissance

Après avoir cheminé dans un bois, en longeant un petit ruisseau, l'on débouche au bout de l'étang du Moulin. Au dessus, se dresse une tour ronde, que l'on pourrait prendre pour la base d'un moulin à vent, mais qui est en fait un ancien colombier. Plus haut sur un tertre, se dresse le château de Quincoubre.

Longeant l'étang, mon oreille est attirée par des cris d'oiseaux. Ce sont des canards qui se prélassent sur l'autre rive. Juste à côté, profitant du soleil chauffant une grosse pierre se tient une bergeronnette de ruisseau, reconnaissable à son plumage jaune. Je la mitraille avant qu'un groupe bruyant de promeneurs ne l'effraie.

sources : le site de la Vicomté sur Rance

http://lavicomtesurrance.free.fr

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