Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
21 Août 2016
A l'heure de rentrer de la vallée de Carnoët, nous avons déplié la carte pour choisir notre itinéraire. Allier une route bucolique et de petites haltes, si possible intéressantes : tel était notre objectif. Alors un premier arrêt à la chapelle de Saint Herbot. J'en gardais le souvenir ancien d'une vraie surprise à notre première visite. Tant notre imaginaire liée au mot chapelle ne peut pas envisager qu'une chapelle soit ornée d'une gigantesque tour carrée. Mon amie A. ne connaissait pas. Alors en route...Hélas, la chapelle était couverte d’échafaudages. Son joli escalier extérieur tout pimpant après la réfection de ses joints et un grand nettoyage nous donnait toutefois accès à l'intérieur.
La taille de la chapelle témoigne de l'importance, dans un pays d'élevage, de la dévotion à saint Herbot, protecteur du bétail. Bâtie à la fin du XIVe siècle sur les lieux où est inhumé l'ermite, elle remplace un premier édifice détruit pendant la guerre de Succession du duché de Bretagne. Le pape promet en 1389 des indulgences à tous ceux qui travaillent à sa réédification. Le duc Jean V envoie, en 1426, des dons au nom de sa fille Isabelle, reine de Sicile. La rente annuelle d'Anne de Bretagne permet l'achèvement du porche sud, commencé en 1498, et la construction de la tour carrée qui n'a jamais reçu de flèche. L'ossuaire attaché au porche date de 1558. La sacristie puis l'escalier à double volée au nord ne sont ajoutés qu'au XVIIIe siècle.
La chapelle de Saint-Herbot est de style gothique flamboyant. Construite au XVIe siècle et située dans un petit hameau, elle étonne par ses dimensions, très importantes pour une chapelle locale. De fait, c’est un témoignage de l’importance, dans un pays d’élevage, de la dévotion au saint protecteur du bétail. Bâtie grâce aux offrandes de pèlerins, aux revenus provenant des foires et à des dons, elle a conservé ses trois nefs avec leurs autels de pèlerinage et ses stalles en bois sculpté.
A l'intérieur également les travaux de restauration étaient en cours. De chaque côté de la porte du Jubé qui donne accès au chœur, se trouvent deux tables de granit où les agriculteurs venaient déposer des touffes de crins prises à la queue des bovins afin d’obtenir la protection de Saint Herbot. La dévotion est toujours vivante comme en témoignent les mèches bouclées.
Paul Sérusier a gardé une trace de ces dévotions dans l'une de ses oeuvres.
Nous avons pu profiter des travaux pour entrer dans le Choeur et photographier la tombe de l'Ermite, qui s'avère bien différente de la représentation qu'en a faite Sérusier....
Sur la façade sud, épargnée par les échafaudages, nous avons admiré les détails de son architecture. Son porche toujours ornée de statues, sa voute gardant des traces de peinture murale, le muret de l'enclos laissant dépasser de longues plaques d'ardoise créant ainsi des bancs, sans doute utilisés lors des pardons, l'ossuaire adossé au porche.
Le calvaire, porte une croix très ornée (une vingtaine de personnages).
A l'Ouest : Le Christ supplicié, est escorté de sa mère et de Saint-Jean. Au-dessus : deux petits anges. Deux anges recueillent le sang du Christ dans des coupes. De part et d'autre les larrons sur des croix. A l'Est : Saint Herbot tient un livre ouvert. A ses pieds une Piéta. La console sur laquelle se trouve le groupe est ornée en bas relief du voile de Véronique présenté par des anges, tandis que d'autres tiennent les instruments de la passion.
Il était temps de continuer notre chemin, cette fois-ci vers Pleyben. Dans un post à suivre....
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