Balade autour de la pointe de Cancaval

Ce lieu-dit est profondément lié à l'histoire familiale de la famille L. Mes grands-parents, séduits par la beauté des bords de Rance, dans les années 30,  suite à un séjour chez des amis installés à Saint Suliac achetèrent une maison de vacances sur la commune de Pleurtuit en 1933.

Au regret infini de Maman, cette maison fut vendue par ma grand-mère en 1958. Je n'ai aucun souvenir de la maison proprement dite, mais des rochers de la pointe de Cancaval, tout à côté, où nous allions pique-niquer dès les beaux jours. De nombreuses photos dans les albums familiaux, témoignent de ces moments.

Depuis 2016, Papa ne veut plus y aller, trop de souvenirs y étant associés...alors c'est seule que j'ai fait cette promenade me ramenant dans les traces de mon enfance.

L’anse du Montmarin.
Protégée par la pointe de Cancaval, l’anse du Montmarin est un port calme à proximité de l’élégante malouinière du Montmarin construite en 1760 par Aaron Magon seigneur du Bosq. En 1782, la propriété fut rachetée par l’armateur Benjamin Dubois qui y créa dès 1783 un port et un chantier de constructions navales avec une cale sèche qui employait jusqu’à 1200 ouvriers. Après la Révolution, sous l’effet du « blocus continental », toute l’activité maritime s’arrêta. Transformant la cale sèche en bassin de retenue, les Dubois firent construire, en 1813, un moulin à marée qui fonctionna jusqu’en 1917. Il en subsiste les soubassements, la maison du meunier et les restes de la digue

A mon arrivée, la marée est montante et seules les aigrettes garzettes s'activent au fond du bassin.

La marée monte rapidement et recouvre peu à peu les ruines de la digue du moulin.

Je commence ma balade en partant à droite, le long des quais, passant devant le ponton installé pour les plaisanciers et remontant le sentier contournant la pointe de Jouvante. La vue s'ouvre d'abord sur les terrasses des jardins de la Malouinière du Montmarin, puis sur les maisons des baumées de Cancaval.

Je reviens sur mes pas pour "débuter" ma boucle, traverse divers écarts :  "le champ rozé", "les marquais", "les forges" et rejoins le sentier longeant un bois pour arriver au ruisseau saint père. Je fais le tour des deux étangs qui ont été aménagés, observant les oiseaux et le ragondin qui s'est réfugié loin de la rive à mon approche.

Je traverse la départementale et arrive à l'étang du Moulin Neuf. 

Le moulin neuf, souvent connu à tort sous le nom de moulin de la Richardais, date de 1807. Bâti sur 4 niveaux dans l'anse du ruisseau de l'Etanchet, en bord de Rance, il a remplacé un vieux moulin du 18ème siècle, aujourd'hui disparu. Il moudra la farine de la région jusqu'à la seconde guerre mondiale.

La force motrice fournie par le réservoir à marée servit à faire tourner une roue à aube reliée à la meule puis, à partir du 20ème siècle, une turbine hydro-électrique activait les mécanismes.

Aujourd'hui propriété privée, le Moulin Neuf abrite une maison d'hôtes.

Suite à une longue bataille judiciaire entre propriétaire du Moulin et association de défense des sentiers du littoral, le sentier a été tracé au milieu de la propriété...chaque partie concernée ayant campé trop longtemps sur ses positions pour trouver à l'amiable un tracé permettant de préserver l'intimité des occupants du moulin...Des années après, le tracé reste toujours aussi surprenant.

Avant de rejoindre la pointe de Cancaval, le sentier offre de très belles vues sur la port de la Richardais et l'embouchure de la Rance, malheureusement barrée aujourd'hui par le barrage.

J'arrive bientôt à la pointe de Cancaval, proprement dite. Je m'assois un moment sur un banc installé en face de l'embouchure...

Superbe avancée sur le fleuve, la pointe de Cancaval mérite à elle seule une demi-journée de flânerie. Première défense naturelle contre la puissance des marées, elle protégeait partiellement les ports situés en amont, avant la construction du barrage.

Cette protection naturelle était également idéale pour réaliser une défense : l'extrémité de la pointe a en effet été isolée en éperon barré et l'on peut encore y apercevoir le fossé qui avait été creusé à cet effet. 

Cette avancée rocheuse, boisée de feuillus, de résineux avec bosquets de houx et d’aubépines est traversée par un sentier côtier, aménagé par le Département.

Après avoir contourné la pointe, j'aperçois le manoir de Jouvente et sa haute silhouette blanche, aujourd'hui transformé en hôtel, puis retrouve enfin nos rochers à l'abri du chêne vert. Désormais, les pins maritimes ont envahi la pointe.

Après avoir longé les murs de la Malouinière de Cancaval, puis ceux  de la Malouinière du Montmarin, je repasse devant l'ancienne maison de famille et achève ma balade au pied du portillon du jardin.

Une très belle balade, teintée de nostalgie...