Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
28 Septembre 2022
Une exposition Ernest Pignon-Ernest ? Aussitôt vous arrivent à l'esprit les portraits de Rimbaud ou Pasolini....
Mais laissons Ernest Pignon-Ernest définir son travail : "J'aime assez que l'on ne trouve pas les mots pour dire ce que je propose, qu'on ne le réduise pas au dessin malgré son importance. Disons que c'est une intervention plastique dans le réel et ses résonances symboliques, poétiques, mythologiques, politiques, sacrées, anthropologiques...quand c'est réussi."
Et le commissaire de l'exposition, Jean de Loisy nous donner d'autres clés ... : "Lectures soutenues et passionnées par l'artiste, repérage soigné des espaces, cadrage des situations, enquêtes ou rencontres avec les habitants, esquisses qui se multiplient comme sur le sketchbook d'un metteur en scène, préparation collective des sérigraphies, collages clandestins avec ses dangers, ses aventures à Ramallah, Port-au-Prince, Alger, Naples ou Paris. Commentaires et partages avec les habitants, photographie dans la vie commune et disparition progressive de l'œuvre qui s'est pourtant imprimée dans les esprits. De quelles indisciplines relève donc l'activité d'Ernest Pignon-Ernest ? une forme hybride, conjugaison du dessin, de la performance, du happening, de la sculpture sociale et de la photographie".
Au sortir de cette exposition, j'ai envie de partager avec vous, tout d'abord : Un coup de poing, indispensable, car rien n'est jamais gagné, surtout en ce qui concerne les droits des femmes, comme nous le rappelle tous les jours l'actualité à travers le monde
Donnons la parole à Gisèle Halimi :
"Ami Ernest,
Vos "interventions" (comme vous l'écrivez) sur l'avortement ont une telle force, elles expriment si complètement la souffrance, la peur, l'entre vie/mort, que je m'y suis -avec mes mots- littéralement accrochée.
et à Ernest,
...J'ai immédiatement imaginé de retourner ce slogan : oui l'avortement tue, mais d'abord des femmes ! L'image était difficile. Je n'ai trouvé la solution "plastique" qu'en intégrant comme un élément même du dessin la cassure "plan vertical/plan horizontal" le pli jouant à la fois dans la construction, l'architecture du dessin et dans sa dramaturgie : la mise en situation s'accrochait au réel.
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Et maintenant mes coups de cœur :
Naples bien sûr...
"J'ai développé à Naples deux parcours essentiels, un sur les rites de mort et leur relation avec le sous-sol, l'autre sur l'image des femmes....J'avais réfléchi à plusieurs images "piochées" dans la peinture napolitaine et travaillé dessus...Je hantais la ville avec tout ça dans mon magasin mental..."
E. Pignon-Ernest
Immigrés
"Ce qui sautait aux yeux, c'est qu'ils étaient pratiquement tous cantonnés dans des tranchées ou dans des caves, qu'ils n'étaient littéralement pas au même niveau..."
E. Pignon Ernest
Expulsés
"Je trouvais saisissants, bouleversants, ces immeubles éventrés, cette mise à nu, cette projection aux yeux de tous, de toutes les traces de l'intimité de la vie des gens. Cette exhibition me semblait d'une grande violence, comparable à un viol."
E. Pignon Ernest
Derrière la vitre
"J'avais repéré que les cabines téléphoniques pouvaient être le théâtre de drames du quotidien..."
E. Pignon Ernest
Pasolini, si je reviens
"Je paye un prix pour la vie que je mène. Je suis comme quelqu'un qui va descendre aux enfers. Mais quand je reviendra, si je reviens, j'aurai vu d'autres choses, tant d'autres choses, plus loin que l'horizon".
"Tandis que je laisse résonner ces quelques mots, j'ai l'impression que nous sommes encore à la veille de sa mort, et qu'il n'en finit pas de répéter que nous sommes tous en danger"
P. Pasolini et E. Pignon Ernest
Le poète fait son pays
Maiakovski, Neruda, Mahmoud Darwich , Jean Genet...
L'hommage à Segalen
"je m'interroge sur sa déconcertante relation à son temps, au temps. Sa clairvoyance aiguë, bien en avance sur l'époque...."
Inaugurée en juin dernier, l'exposition dédiée à Ernest Pignon-Ernest se prolonge jusqu'en janvier 2023 ! Tout le temps donc, de la visiter ou re-visiter !
Lieu :
Fonds Hélène
& Édouard Leclerc
pour la Culture
Aux Capucins
29800 Landerneau
Horaires
Du 12 juin 2022 au 15 janvier 2023
10-18h
Ouvert tous les jours sauf les 1er novembre, 24,25,31 décembre et le 1er janvier.
Tarifs
Plein tarif : 9 €
Tarif réduit : 7 €
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