Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
20 Mars 2016
Tout commença au début des années 30 quand Grand Père et Grand Mère après un séjour passé sur les bords de Rance, dans le petit port de Saint Suliac se mirent en quête d'acquérir une petite maison. Le hasard ou la chance firent qu'ils arrêtèrent leur choix sur une maison sise sur les bords de la Rance, à huit kilomètres de la gare de Pleurtuit. Grand Père travaillait aux chemins de fer et sa famille bénéficiait de tarifs préférentiels, ce qui rendait possible ce rêve d'une maison de vacances au bord de la Rance.
Ce village du Montmarin est surtout connu parce qu'il abrite la seule malouinière construite sur la rive gauche de la Rance. Ses jardins sont classés et abritent de nombreuses manifestations tous les étés.
Cette maison du Montmarin a été le berceau des jeux d'enfance de Maman. De l'autre côté de la rue, les treize enfants de la ferme étaient toujours prêts à jouer avec les petits rennais, Maman et son frère. Grand Mère se transforma rapidement en pêcheuse à pied experte, suivant de loin les gars du pays et n'hésitant pas à rentrer dans l'eau jusqu'au cou, alors qu'elle ne savait pas nager. Rapidement, elle fit des conserves d'ormeaux et de pieuvres. Grand Père quant à lui allait vendre les meilleures prises aux grands hôtels de Dinard : le rare homard ou le congre...
De l'autre côté du portail du château, Maman apercevait parfois une petite fille S., née 10 jours avant elle, qui se promenait en compagnie de ses gouvernantes dans les allées du parc.
La photo préférée de Maman est une photo prise par Grand Père : Maman, son frère Jean et Grand mère sur la digue du moulin à marée, alors intact. Par un procédé inconnu, cette photo est colorisée, alors qu'elle a été prise sur une plaque de verre en noir et blanc.
J'aime beaucoup cette photo moins posée ou Grand Mère prétend savoir nager, avec ses enfants et une petite fille du village.
La maison du montmarin était suffisamment typique pour être choisie par les éditions Gaby pour représenter l'habitat des villages des bords de Rance.
Cette maison, ou le moulin à marée au bout du jardin, apparaissent bien sûr, souvent furtivement, tout au long de l'album familial. Ainsi Grand Mère prise en photo le 10 août 1948 avec le moulin en arrière-plan.
En 1952, le moulin à marée ayant servi de cible d'entraînement pour les soldats allemands pendant la guerre arbore encore de beaux restes et pour Grand Père, passionné de photos, demeure le cadre de prédilection où immortaliser les moments importants de la vie. Ainsi les photos prises en 1952, année de fiançailles des parents.
Quant à nous, nous n'en avons que des souvenirs racontés. Cette photo, où j'apparais à six mois souriante dans le landau au fond du jardin, est la dernière de l'album.
Une photo, prise à Quiberon, vraisemblablement par Maman, de mon Grand père, que je n'ai pas connu. Il aimait beaucoup les pantalons blancs, était curieux de tout, dit Maman, et grâce à sa passion pour la photographie nous a laissé de nombreux très beaux clichés, reflets d'une vie heureuse.
La maison fut vendue à la fin des années 50, après la disparition de mon Grand Père, Grand Mère ne pouvant assurer l'entretien de deux maisons. La Rance ne fut jamais oubliée, et enfants nous y allions souvent nous baigner sur les grèves et courir dans les rochers de la pointe de Cancaval, à côté.
L'histoire se répéta à la retraite de Papa quand ils décidèrent de se réinstaller sur les bords de la Rance. Une nouvelle maison les accueillit un peu plus en aval de la Rance sur le beau bassin s'étalant entre Saint Suliac et le Minihic.
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane