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Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.

Carpe Diem au Mont

Mardi dernier, j'ai profité de cet anticyclone bien stabilisé au dessus de la France pour faire une escapade en Normandie et visiter le Mont. Longtemps, les travaux d'aménagement et la foule des visiteurs m'en avaient éloignée.

Un petit point d'histoire, avant d'entamer notre visite :

La longue histoire du Mont-Saint-Michel aurait commencé en 708, lorsque Aubert, évêque d’Avranches, fit élever sur le Mont-Tombe un sanctuaire en l’honneur de l’Archange. Le mont devint rapidement un lieu de pèlerinage majeur. Au Xe siècle, les bénédictins vinrent s’installer à l’abbaye, tandis qu’un village se développait en contre-bas. Il s’étendit au XIVe siècle jusqu’au pied du rocher. Place forte imprenable pendant la guerre de Cent Ans, le MontSaint-Michel est aussi un exemple d’architecture militaire. Ses remparts et fortifications résistèrent à tous les assauts anglais et firent du Mont un lieu symbolique de l’identité nationale. Après la dissolution de la communauté religieuse à la Révolution et jusqu’en 1863, l’abbaye fut utilisée comme prison. Devenue monument historique en 1874, elle fut l’objet de grandes restaurations. Depuis, les travaux ne se sont pas interrompus sur l’ensemble du site. Ils permettent aux visiteurs de retrouver la splendeur de l’abbaye que les hommes du Moyen Age voyaient comme une représentation de la Jérusalem céleste sur terre, image du Paradis.

Ce jour-là, tout a été parfait. Un ciel azur sans nuages, des températures froides, sans doute trop, car les visiteurs pouvaient presque être comptés sur les doigts.....Le mont s'est offert à mon objectif, sans retenue. Pouvoir regarder, admirer, se poser, sans être bousculée ou houspillée par des impatients, prendre le temps simplement de savourer la chance d'être là, penser à ceux et celles qui ont tant de soucis en ce moment et leur adresser des ondes positives, se remémorer ses cours d'histoire de l'art, lâcher prise et être dans l'instant, le présent....

Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont

Je découvrais donc les nouveaux aménagements. Difficile de retrouver trace de l'ancienne route d'accès et des parkings, quand on doit suivre le dédale des pancartes conduisant aux parkings. Là, l'on prend conscience de la masse de visiteurs qui s'y pressent tout au long de l'année, quand l'on voit l'immensité des parkings.

Bien sûr, j'ai préféré marcher jusqu'au Mont, plutôt que de prendre une navette, voulant me mettre dans les pas des anciens pélerins qui découvraient peu à peu l'abbaye à l'horizon.

Cheminant, j'ai ainsi découvert qu'il existait une maison ayant une vue imprenable sur le Mont....Je n'ose imaginer son prix..

Au bout du sentier, l'on rejoint la nouvelle voie d'accès débouchant sur la passerelle assurant l'insularité du Mont aux grandes marées.

Soudain le vrombissement d'un hélicoptère déchire le silence. Je découvrirai plus tard, qu'il est utilisé dans le cadre des travaux de restauration du cloître, amenant et remportant des matériaux.

(Devant la masse de photos, j'ai choisi de les afficher parfois, sous forme de diaporama.. Il suffit de passer la souris sur la photo pour le faire défiler à son rythme)

Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont

Dès la porte franchie, je retrouve bien sûr l'institution de la mère Poulard à gauche mais suis épouvantée qu'on ait autorisé l'installation hideuse d'un fast-food Poulard, juste en face.....La rue principale est fermée suite à des travaux. Il faut redescendre et emprunter un passage étroit qui monte à gauche du cimetière et de l'église pour rejoindre le grand escalier menant à l'Abbaye.

Carpe Diem au Mont

Je me pose quelques instants pour savourer la vue sur les toits des maisons se pressant au pied du Mont. Je ne connaissais pas cet accès, tant lors de mes visites précédentes, la foule nous pressait comme dans un entonnoir dans cette rue aux boutiques toutes plus hideuses les unes que les autres.

Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont

Me voici arrivée au pied de l'escalier du grand degré menant à l'esplanade devant l'Abbaye.

Je découvre, je n'en ai aucun souvenir, des robinets énormes sortant des murs à droite. Ils ont sans doute toujours été là, mais étaient cachés, lors de mes visites précédentes, par les hordes de touristes....

Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont

Me voici sur l'esplanade au pied de l'Abbaye. Le regard est attiré de tous côtés....Le paysage des prés salés s'étend à perte de vue au pied du Mont et l'éclat de l'Archange, brillant sous le soleil, aspire le regard vers la flèche de l'Abbaye.

Le culte de saint Michel, chef de la milice céleste, a une grande importance dans la sensibilité religieuse médiévale. Dans le Nouveau Testament, saint Michel apparaît dans le livre de l’Apocalypse : il combat et vainc un dragon, symbole du démon. Pour l’homme médiéval qui vit dans l’attente et la crainte de l’au-delà, saint Michel est celui qui conduit les morts et pèse les âmes au jour du jugement dernier. Largement répandu en Orient dès le IVe siècle, le culte de saint Michel n’est apparu en Occident qu’à la fin du Ve siècle avec l’élévation d’un premier sanctuaire au Mont-Gargan (Italie) en 492. Vers l’an mil, églises et chapelles dédiées au saint se sont multipliées partout en Europe, souvent en haut de collines ou de promontoires. Après la guerre de Cent Ans, la dévotion à saint Michel prit une dimension particulière du fait de la résistance du Mont aux Anglais. Enfin, ce culte connut un nouvel essor avec la Contre-Réforme : seul l’ange militaire pouvait, aux yeux de l’Eglise, assurer la lutte contre l’hérésie protestante. Dans l’iconographie chrétienne, saint Michel est souvent représenté avec une épée et une balance. Les traditions et cultes populaires ont fait de saint Michel le patron des chevaliers et de tous les corps de métiers liés aux armes et aux balances. La statue qui surplombe le clocher reprend les attributs traditionnels de l’archange. Elle a été réalisée en 1897 par le sculpteur Emmanuel Frémiet à la demande de l’architecte Victor Petitgrand qui voulait couronner la nouvelle flèche de 32 mètres.

La terrasse de l’ouest est constituée du parvis primitif de l’église abbatiale et des trois premières travées de la nef détruites au XVIIIe siècle après un incendie. La façade classique a été reconstruite en 1780. De là, on a une vue générale sur la baie, du rocher de Cancale, à l’ouest et en Bretagne, jusqu’aux falaises normandes à l’est. On peut aussi apercevoir deux massifs granitiques, le Mont-Dol au sud-ouest dans les terres et l’îlot de Tombelaine au nord. Au large, on distingue l’archipel des îles Chausey d’où provient le granit qui a permis de construire l’abbaye. Enfin, la terrasse offre un point de vue unique sur la flèche néogothique du clocher érigée en 1897 et surmontée par la statue en cuivre doré de saint Michel

Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont

L'église abbatiale s'offre à mon regard. Quelle émotion de pouvoir la parcourir en silence...

Construite dans les premières décennies de l’an mil l’église abbatiale fut installée au sommet du rocher, à quatre-vingt mètres au-dessus de la mer, sur une plate-forme de quatre-vingt mètres de long. La nef présente une élévation à trois niveaux : arcades, tribunes et fenêtres hautes.  La charpente de la nef est habillée d’un berceau lambrissé. Le chœur roman, écroulé en 1421, a été reconstruit après la guerre de Cent Ans en style gothique flamboyant.

Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont

La porte donnant sur le cloître est ouverte. Mais bientôt le vrombissement de l'hélicoptère s'approchant déchire le silence. Un ouvrier nous demande de patienter quelques instants avant de pouvoir accéder au cloître en toute sécurité. Un long chantier vient de démarrer.

La visite se poursuit par le cloître. Cette galerie qui permettait la circulation entre différents bâtiments, était un lieu de prière et de méditation. Lors des fêtes religieuses, des processions s’y déroulaient. Le cloître est situé au sommet d’un bâtiment que l’on appelle la Merveille construit au début du XIIIe siècle. Il permet l’accès au réfectoire, à la cuisine, à l’église, au dortoir, au chartrier et à différents escaliers. A l’ouest, la baie centrale, ouverte sur la mer, aurait dû donner accès à une salle capitulaire jamais construite. Les galeries du cloître ont été charpentées pour alléger leur poids. Un double rang de colonnettes, légèrement décalées, dessine des perspectives sans cesse changeantes

Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont

L'on rejoint ensuite l'ancien réfectoire des moines. Un guide proposant une visite à thème explique à deux touristes (quel confort de visite !) les traditions monastiques de l'Abbaye. Des fenêtre étroites éclairent le réfectoire et l'on peut voir à droite la chaire utilisée par le moine chargé de la lecture des écritures lors des repas.

Carpe Diem au Mont

J'emprunte l'escalier et écoute amusée l'explication du guide  devant le bas relief montrant l'Archange St Michel apparaissant à l'évêque Saint Aubert,  ce bas relief ornait l'ancien tympan du portail sud de l'église abbatiale. D'après le guide, St Michel trépanne St Aubert et ceci est à l'origine de l'expression le "trou normand"....

En fait L'histoire du Mont Saint-Michel commence par une légende, elle-même, étroitement liée à celle du Monte Gargano, dans les Pouilles (Italie) :

Au début du VIIIe siècle, en 708, Aubert, évêque d'Avranches, suite à une apparition de l'archange Saint-Michel, reçoit l'ordre de construire un édifice dans lequel seraient loués les mérites de l'archange. Le pauvre évêque, croyant follir*, n'ose rien faire et décide d'attendre.

Une seconde fois l'archange lui apparaît, et Aubert doute toujours. Mais à la troisième apparition de l'archange plus aucun doute ne subsiste à l'esprit de l'évêque, car Saint-Michel, furieux de ne point avoir été écouté laisse à Aubert une preuve de son pouvoir: dans le crâne de l'évêque apparaît un trou circulaire. Mais l'évêque ne doit pas trop en souffrir, car il ne mourra que des années plus tard. Aujourd'hui le crâne d'Aubert est conservé dans la basilique d'Avranches. Cette histoire est-elle vraie ou fausse? Personne ne peut apporter la preuve qui fera pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Quoi qu'il en soit, l'évêque certain que ces visions n'étaient point à mettre sur le compte de la folie, entreprend les travaux commandés par l'archange. Il fait construire un petit oratoire en forme de grotte pouvant contenir une centaine de personnes. Il ne reste rien de cette construction sauf un mur visible dans l'une des salles de l'abbaye (Notre Dame sous terre). En 709, construction d'une petite église par Aubert.

 

Après ce petit point d'histoire, me voici arrivée dans la salle réservée aux hôtes du Mont.  Elle était destinée à la réception des rois et des nobles.  A travers les baies, l'on aperçoit Tombelaine.

Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
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La descente le long du rocher, nous mène d'abord dans la chapelle Sainte Madeleine, puis après avoir traversé une cour et aperçu, à nouveau,  se dresser les murs de l'abbatiale et de petits jardins secrets, l'on rejoint la crypte des gros piliers, ses chapelles rayonnantes, ses dallages anciens et occulus.  La crypte a été élevée au milieu du XVe siècle pour soutenir le chœur gothique de l’église abbatiale

Carpe Diem au Mont
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Carpe Diem au Mont
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On rejoint la crypte Saint-Martin élevée après l’an mil pour servir de fondation au bras sud du transept de l’église abbatiale. Cette crypte présente une voûte d’une portée impressionnante de neuf mètres. L'on traverse la crypte saint Martin, puis l'on a, à nouveau, un aperçu vers l'extérieur. Quelques marches mènent à la grande roue, utilisée à l'époque où l'abbatiale fut transformée en prison.

De la crypte Saint-Martin, on accède par un petit passage à l’énorme roue qui occupe l’ancien ossuaire des moines.. Elle a été installée vers 1820 afin de monter la nourriture des détenus enfermés dans l’abbaye transformée en prison. C’est une réplique des roues utilisées au Moyen Age pour les chantiers de construction.

Des prisonniers qui marchaient à l'intérieur à la manière d'écureuils, la faisaient tourner.
Un chariot pouvait ainsi être hissé le long d'un poulain, véritable échelle de pierre, inclinée le long du rocher. Au Moyen -Age, une roue identique servait sur le versant nord à approvisionner le Cellier.

Quelques degrés mènent en contrebas à la chapelle Saint Etienne.  La chapelle Saint-Etienne est située entre l’infirmerie qui s’est effondrée au début du XIXe siècle, et l’ossuaire des moines. Elle servait tout naturellement de chapelle des morts.

Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont

On emprunte ensuite l’escalier nord-sud situé au-dessous de la terrasse de l’ouest. C’est le grand axe de circulation du monastère roman. Il donne sur le promenoir, longue salle à double nef. Ses architectes imaginèrent de monter ses voûtes sur croisées d’ogives : cette innovation annonçait la naissance de l’art gothique au début du XIIe siècle.

A gauche s'ouvre au bas d'un nouvel escalier, la salle dite des chevaliers, l'ancien scriptorium. Cette salle se trouve juste en dessous du cloître, et des infiltrations en provenance du cloître, en menacent la voûte, d'où les travaux en cours.

Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont

Un dernier escalier en colimaçon et l'on débouche dans le hall d'accueil en face d'une reproduction en plâtre de l'archange.

Il est temps de visiter les extérieurs du mont et de redescendre vers les remparts d'où l'on aperçoit les côtes normandes. Un dernier regard vers l'abbaye et ses hauts murs

Carpe Diem au Mont
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L'ombre du mont s'allonge sur le sable à ses pieds.

Carpe Diem au Mont

Depuis les remparts, l'on découvre petits jardins, cours et toits du village. Tous les restaurants donnant sur les remparts sont en travaux....Pas de problème pour les commerces du Mont...

Carpe Diem au Mont
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Encore quelques marches pour redescendre dans la grand rue, avant de lever une dernière fois le regard vers la flèche dorée.

Carpe Diem au Mont
Carpe Diem au Mont

J'ai savouré cette journée, qui a fait remonter tant de souvenirs. Le Mont était autrefois le lieu où Grand Mère réunissait ses enfants à mi-chemin entre Rennes et Caen... Une fois par an les cousins s'y retrouvaient autour d'un repas, puis cavalaient dans les escaliers du Mont. Cette fois ci, j'ai écrit une prière dans le registre de l'abbatiale pour tous ceux qui, jadis, se retrouvaient autour de cette table et qui nous ont quittés.

 

 

 

Sources : Document visite de l'Abbaye

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