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Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.

Le vaisseau fantôme

Le vaisseau fantôme

L'oeuvre de jeunesse de Richard Wagner nous sera proposée le 14 mars en direct du NY Met Opéra dans une nouvelle mise en scène du québécois François Girard, qui transforme la scène new-yorkaise en une peinture géante, accentuant ainsi la dimension fantastique de cet opéra, où l’amour inconditionnel peut être puissant au point d’accorder le salut au navigateur damné, interprété par Bryn Terfel.

Le vaisseau fantôme

Cet opéra fantastique a ceci de magique qu’il comble à la fois les fous de Richard Wagner et ceux qui, plus attachés à l’opéra italien, lui préfèrent Verdi ou Puccini… Il faut dire que le Vaisseau Fantôme, premier chef-d’œuvre de ce grand maître du romantisme allemand, a tout pour envoûter : une musique emportée par les bourrasques sitôt le rideau levé, et dont la sève s’insinue peu à peu chez l’auditeur pour ne plus le lâcher, avec cette façon irrésistible de coller aux mots, aux situations et aux personnages ; un drame théâtral imparable, basé sur une histoire à tenir en éveil le plus rétif aux légendes.

En utilisant une poignée de leitmotive (thèmes conducteurs) qu’il présente, cache, transforme, fait resurgir avec un sens magistral des effets, Wagner nous entraîne dans une course irrationnelle, où le Hollandais, créature entre ciel et enfer, à la dimension surnaturelle, cherche une rédemption qu’il ne trouvera que dans l’amour absolu d’une femme. On suit cette logique du sacrifice, haletant, pris entre des monologues rageurs, des duos débordants de lyrisme, des chœurs populaires, et, toujours, un orchestre qui, loin de se borner à accompagner les voix, se fait acteur de la pièce à part entière.

Ci-dessous, une présentation de l'opéra par le metteur en scène.

Résumé
Tous les sept ans, le Hollandais maudit, condamné à errer éternellement sur les océans pour avoir défié Dieu, peut revenir à terre afin de tenter d’obtenir son salut. Seule la fidélité absolue d’une femme, prête à se sacrifier pour lui, mettra fin à sa damnation. Intéressé par le trésor de cet étrange marin – qui se garde de révéler sa malédiction – le marchand norvégien Daland joue les entremetteurs et lui propose la main de sa fille Senta. Promise à Erik, Senta est néanmoins depuis toujours fascinée par la légende du Hollandais volant, et lorsque son père le lui présente, elle jure immédiatement à cet homme mystérieux de lui appartenir à jamais. Mais les reproches amers d’Erick à Senta auront raison de ce lien noué entre Senta et le Hollandais. Persuadé de la trahison de la jeune femme, le Hollandais lui révèle son triste destin et embarque à bord de son vaisseau fantôme, privé de rédemption. Désemparée et tout entière à lui, Senta se jette dans l’océan et offre ainsi au Hollandais l’ultime geste salvateur.

Des caractères forts et entiers
Le Vaisseau fantôme est un opéra romantique, qui se distingue donc du grand opéra historique de Rossini ou Meyerbeer. La psychologie des personnages, contrairement à ce que l'on pourrait penser, reste assez sommaire ; nous retrouvons le mystérieux, la fidèle, le cupide et l'amoureux éconduit... Le drame naît des liens qui se tissent entre ces caractères entiers. C'est Daland qui, pour l'argent, jette sa fille dans les bras de l'inquiétant Hollandais, rompant ainsi les fiançailles avec Erik.

Plus qu'une histoire, des idées
Cette simplicité dans le traitement des caractères des personnages permet à Wagner de souligner la grandeur ou la bassesse de l'âme humaine. Il est ainsi question de destinées, de dichotomie entre le bien et le mal, de Dieu et du diable.
L'idée de rédemption par le sacrifice amoureux est très présente dans toute l'œuvre wagnérienne jusqu'à Parsifal. Pas de fin heureuse ni d'amour accompli chez Wagner, mais une conception de l’amour conçu comme l’union de sentiments sublimés, par-delà la mort.

Entre rêve et réalité
Cet opéra oscille sans cesse entre les rêves des personnages, énoncés clairement les uns après les autres, et la cruelle réalité : Daland va perdre sa fille au prix de toutes les richesses convoitées, le Hollandais envahi par les doutes ne voit pas la fidélité et l'amour sincère de sa promise, Senta cherchant l'amour trouve la mort. Quant à Erik, il reste probablement le personnage le plus lucide, puisque son rêve correspond malheureusement à la réalité.

Le poids de la société
C'est une société simple et caricaturale qui est donc dépeinte dans cet opéra à la manière du Freischütz de Weber, grand modèle de Wagner : l'univers des marins dont le retour rythme la vie des femmes qui filent la laine. Le Hollandais et Senta apparaissent, par contraste, comme des personnages marginaux et incompris. Pour échapper au poids de cette société, nulle autre issue qu'une mort sublimée. 

L'extrait vidéo suivant nous permet de découvrir les dessous de la  répétition du Hollandais volant

et celui-ci quelques uns des airs...

Si vous souhaitez approfondir votre étude de l'oeuvre et/ou de son compositeur, cliquez ici

La mise en scène a été confiée à François Girard. Habitué de la scène lyrique internationale, le réalisateur québécois s’est fait remarquer notamment par la mise en scène de Parsifal au Metropolitan Opera et Siegfried à la Canadian Opera Company, ainsi que par des films tels que Le Violon rouge (1998), Soie (2007) et Hochelaga, terre des âmes (2017)

Valery Gergiev, assurera la direction musicale avec dans les principaux rôles

Evgeny Nikitin (Le Hollandais), Anja Kampe (Senta), Franz-Josef Selig (Daland), Sergey Skorokhodov (Erik)

L'annonce d'une belle soirée en compagnie de ma chère V. même si la critique du NY Times laisse transparaître un ressenti mitigé. Comme d'habitude, nous nous ferons notre propre opinion, car avec l'art vivant, chaque représentation est différente de celle de la veille, et souvent, celles retransmises en "live" sont excellentes, artistes, chanteurs et orchestre transcendant leur prestation à cette occasion.

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