Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
21 Janvier 2020
Après près de 30 ans d'absence, l'opéra préféré des américains est de retour au Met. D'après la critique du NYT, les performances d'Eric Owens dans le rôle de Porgy et d'Angel Blue dans le rôle de Bess sont remarquables. Eric Owens y donnant l'une des meilleures performances de sa carrière tandis qu'Angel Blue nous transmet toute la fragilité et la fierté de son personnage.
Un véritable engouement populaire, jamais démenti
La création de Porgy and Bess a profité d’un climat politique favorable. Le krach boursier de 1929 entraîna, dans les années trente, la déroute du parti républicain et, avec la venue au pouvoir de Franklin Roosevelt, les commandes d’État se multiplièrent, favorisant notamment les musiques de la diversité, dont profita pleinement Gershwin. Il vit enfin aboutir d’anciennes et longues négociations, et Porgy and Bess, créé à New York en octobre 1935, connut un véritable engouement populaire, jamais démenti depuis.
Si on se refuse à chercher dans cet American Folk Opera autre chose que ce qu’il est – du ragtime, du jazz et du blues –, le syncrétisme de Gershwin cesse de perturber, et les attaques subies par l’œuvre de la part de certains « intégristes » en mal de politiquement correct n’ont plus de raison d’être. Même si la partition en forme de patchwork, qui ne cesse de faire s’alterner des récitatifs chantés, des chœurs et des mélodies populaires, souffre d’une architecture musicale qui souvent laisse à désirer.
Un peu d'histoire pour resituer le contexte de la création de l'oeuvre :
PORGY AND BESS est le premier opéra américain et il met en scène des chanteurs noirs. Il a été composé par Georges Gershwin, un blanc fils d’une famille juive et russe émigrée à New York à la fin du 19ème siècle.
Georges GERSHWIN (1898-1937) est un musicien de formation classique influencé par la musique de jazz. Il intégrera certains éléments caractéristiques de cette musique dans ses œuvres, dont la célèbre « Rhapsodie in Blue » pour piano et orchestre. En collaboration avec son frère Ira Gershwin, il compose de très nombreuses comédies musicales.
En 1933, lors de la composition de Porgy and Bess Gershwin se rend dans le sud et se laisse aller à une vie radicalement opposée à celle qu’il mène d’ordinaire. Cet homme habituellement élégant à New York, se promène sur l’île en vieux short, visite les plantations, les églises, écoute les negro spirituals . Il devient Noir pour écrire son opéra et n’est plus l’américain qui évolue dans un monde de luxe mais devient celui qui exprime l’Amérique de la misère, de la crise des années trente.
Pour Gershwin, Porgy and Bess est d’abord un conte populaire ou une sorte de fable : on y trouve du théâtre, des chœurs, de l’opéra, de la danse, des influences du jazz et du blues.
L’histoire se passe dans l’Amérique des années 30, en pleine crise économique, alors que l’alcool, la drogue et le jeu font des ravages. L’action se déroule dans le quartier noir de Charleston en Caroline du Sud. Les héros sont des Noirs pauvres. Porgy, un mendiant infirme, est amoureux en secret de Bess qui vit avec un autre homme ; Crown. Lors d’une bagarre,
Crown tue un autre villageois et doit s’enfuir. Porgy en profite pour déclarer son amour à Bess. Auprès de lui, Bess trouve le bonheur et renonce à la drogue. Mais Crown réapparait et Porgy le tue. Bess se laisse entraîner par un dealer, Sportin’life, qui lui propose de la drogue.
Elle finit par partir avec lui laissant Porgy désespéré.
Quelques extraits vidéos
Gageons que les spectateurs seront plus nombreux au Liberté que pour la représentation passée de Wozzek.
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