Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
17 Octobre 2015
Le 27 octobre 2012, j'avais vu la précédente production d'Otello, présentée en HD Live avec Johan Botha dans le rôle titre et Renée Fleming dans un de ses rôles les plus célèbres, Desdémone. Semyon Bychkov était le chef d'orchestre dans cette production d'Elijah Moshinsky.
Hier soir, le Met nous a proposé une nouvelle mise en scène d'Otello de Bartlett Sher avec dans les rôles titres : Aleksandrs Antonenko, Sonya Yoncheva, Željko Lučić sous la direction de Yannick Nézet-Seguin.
Si Željko Lučić maîtrise parfaitement toutes les facettes du rôle de Iago autant musicales que théatrales, Aleksandrs Antonenko m'a semblé moins à l'aise dans le jeu, un peu emprunté et gauche. Quant à Sonya Yoncheva elle a relevé brillamment le défi de reprendre ce rôle à la suite de Renée Fleming.
A l'issue de la représentation, le public n'a d'ailleurs offert des bouquets qu'à Željko Lučić et Sonya Yoncheva.
Quant à la nouvelle mise en scène de Bartlett Sher, j'ai apprécié ce château de verre dans lequel se débattaient les protagonistes de ce drame et les différents effets spéciaux pour recréer tempêtes et atmosphères de complot.
L'entracte nous a permis de découvrir les coulisses de la réalisation des retransmissions live avec un reportage sur le tournage de Rigoletto. Puis nous avons eu un aperçu du travail intense des chanteurs avec une mini-répétition de l'acte III pour Otello, Iago et Cassio sous la baguette du chef d'orchestre Yannick Nézet-Séguin.
A noter que cette production restera marquée par la décision du Met de ne plus maquiller en noir le tenor titulaire du rôle d'Otello
Une petite note sur l'oeuvre, avant d'écouter les extraits mis en ligne par le Met, et tout d'abord Bartlett Sher sur sa mise en scène du drame. (tout particulièrement pour mon amie V. qui n'a pu assister à cette représentation).
Le lever de rideau de l’avant-dernier opéra de Verdi s’ouvre sur une tempête orchestrale et chorale étourdissante. Ce déchainement des éléments est bientôt celui qui, par ricochet, va terrasser le couple principal du drame, pris dans les rets d’un mal nommé Iago. Dans cette adaptation serrée de la pièce de Shakespeare, Verdi signe aussi le plus radieux de ses duos d’amour, plongé dans une sorte d’extase et de plénitude infinie : les dégâts du complot fomenté par Iago n’en seront que plus saisissants. Mû par une expressivité renouvelée, Verdi décrit au plus près l’âme et le cœur d’Otello, tour à tour grand guerrier, monstre de naïveté puis animal ravagé par la jalousie, succombant aveuglément à la vengeance. L’orchestre est comme une coulée de lave, qui charrie avec lui des voix puissantes et sanguines, à travers une écriture mélodique qui s’est densifiée, sans rien perdre de sa magie.
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