Souvenirs illustrés de petits moments, musiques, lectures, expositions, balades....qui font le sel de la vie !
14 Janvier 2016
Après le succès de l'exposition inaugurale "La ligne et le volume" réalisée à partir de la collection du Frac Bretagne, la galerie de Rohan s'installe comme nouveau lieu culturel à Landerneau.
Créée à l'initiative de la ville, qui a souhaité placer ce mandat sous le signe de l'art contemporain, la galerie de Rohan a pour objectif de faire découvrir des artistes contemporains connus ou en devenir ainsi que de nouvelles expressions artistiques.
Marc Didou s'exprime entre la sculpture, le dessin, la photographie. Il agrège à une pratique de matériaux dits classiques, fer, bronze, bois, des technologies plus inusitées telle que l'imagerie médicale à résonnance magnétique.
Ses recherches s'élaborent et se donnent à voir à travers de constants allers-retours entre la 2e et la 3 dimensions, un mouvement qui implique activement le spectateur. Une exposition très ludique donc où il revisite les principes de l'anamorphose pour introduire dans ses sculptures des phénomènes imperceptibles, une réalité qui échappe à la vue et la rend instable. Enfin, la lumière joue un rôle important dans la projection ou la dématérialisation du réel dont la représentation se révèle alors particulièrement éphémère.
Je vous invite donc à un joli voyage intitulé : "juste une illusion"
Sources : Galerie de Rohan
Les fragments vénitiens
Rappelant la magnificence vénitienne, les délicates grilles sont dorées à la feuille d'or et suspendues dans l'espace. Elles génèrent une fragile galerie de portraits, projetés sur les murs de la galerie.
Miroirs lumière et Miroirs pour aveugles appartiennent à la série des Disques dont les déclinaisons associent tour à tour grille géométrique, miroir, lumière et cône d'acier pour faire surgir, en fonction de la distance, des portraits.
La métaphore de l'aveuglement est pour l'artiste une manière de remettre en question la prééminence de la vision comme seul et unique moyen d'appréhender le monde. Il privilégie davantage la mobilité, le déplacement du regardeur comme conditions de l'expérience artistique.
Le Gisant combine deux modes de représentation du corps éloignées dans le temps et l'espace. Le gisant est dans la tradition chrétienne une sculpture funéraire figurant le corps allongé de personnages importants.
A l'inverse, le gisant de Marc Didou, en dépit de sa posture, ne renvoie à aucun modèle identifiable. Il est le fruit d'un détour par l'imagerie médicale qui met à plat un sujet pour mieux le définir, d'un va-et-vient entre bidimensionnalité et tridimensionnalité.
Les dessins issus de l'ordinateur, convertis en strates d'acier, conservent la fragmentation du traitement numérique tout en reconstituant une volume homogène qui offre une représentation abstraite et mouvante du corps.
Junon, Junon (division) installée dans les encadrements de deux anciennes fenêtres condamnées, propose une double figure réalisée à partir de la photographie d'une effigie de la déesse antique Junon. Celle-ci dédoublée, est coupée par le milieu puis ré-assemblée pour reconstituer deux visages d'une symétrie parfaite, contredisant la vérité anatomique.
Forme extraite (archéologie) semble être l'exemple d'un classique travail de sculpture présentant le moulage et sa matrice. C'est encore pour l'artiste l'occasion de mettre en évidence l’ambiguïté de la perception et son caractère mouvant : la forme présentée est-elle plus juste dans sa version creuse ou en volume ? Comment réconcilier ces deux versants d'une réalité ?
Modèle pour une architecture repose sur une sorte d'impasse de la vision. L'oeuvre est constituée d'une structure en métal, surmontée d'une table de granit sur laquelle est posée une maquette d'architecture en bois. La hauteur de l'ensemble empêche de voir le dessus de la construction mais le regardeur curieux découvrira une vue surprenante, reflétée dans le miroir installé au plafond : un visage, sans identité particulière, généré par le modèle architectural.
Vanité revisite un genre pictural proche de la nature morte, dont l'un des motifs récurrents est le crâne humain. Ici, l'image est produite à distance par la combinaison d'un jeu de reflet et du principe d'anamorphose : un volume, constitué de couches successives rappelant un élément architectural, renvoie, grâce à un miroir, qui le surplombe, la représentation d'un crâne sur une petite surface d'inox poli.
Le recours à l'illusion caractérise aussi Préfigure dont les éléments proposent deux visions d'une même réalité. Un volume travaillé par strates d'apparence abstraite est posé sur un socle de bois en vis-à-vis avec une photographie du volume pris selon un angle qui restitue un visage.
Deux objets sur une table fonctionne sur un mode identique mais plutôt à la manière d'une nature morte en trois dimensions.
J'ai beaucoup apprécié cette première visite à la Galerie de Rohan, dont l'activité sera désormais rythmée par deux expositions annuelles, une en été, l'autre en hiver, se calquant ainsi sur le calendrier retenu par les Capucins.
A noter que l'accès aux expositions est gratuit. L'exposition est ouverte tous les jours de 14h00 à 18h00. Le seul petit bémol : l'absence totale du sens de l'accueil de l'agent de la mairie présent sur place ce jour là.
Des brochures sont à disposition heureusement pour une visite en complète autonomie ; des visites commentées gratuites par l'artiste sont proposées le dimanche 24 janvier à 16h00 et le vendredi 12 février à 18h30. Réservation conseillée au 02.98.20.29.10
Souvenirs illustrés de petits moments, balades, lectures, expositions.....
Voir le profil de une-vie-de-setter sur le portail Overblog