Souvenirs illustrés de petits moments, musiques, lectures, expositions, balades....qui font le sel de la vie !
14 Mai 2017
Tout au long de la saison du NY Met Opera, on nous l'a répété. La Diva ferait ses adieux, en mai, lors de la représentation du Chevalier à la Rose en HD Live en direct du NY Met Opera, dans l'un de ses rôles titres, la Maréchale.
Soirée des adieux donc, puisque Elina Garanca dans le rôle d'Octavian annonçait également abandonner ce registre des rôles "en pantalon" avec cette dernière prestation. Si Elina va changer de registre, Renée Flemming se consacrerait désormais aux concerts exclusivement (?).
Comme le souligne le NY Times, ce fut une très belle prestation et Renée Flemming était particulièrement émue lors des saluts, devant une salle l'acclamant.
Laissons la parole à Catherine Duault pour nous présenter cette oeuvre :
"Créé le 26 janvier 1911 à l’Opéra Royal de Dresde Le Chevalier à la Rose marque le véritable début d’une fructueuse et longue collaboration entre Richard Strauss et celui qu’il appelait son « Da Ponte », et même son « second moi », Hugo von Hofmannnsthal. Tout avait commencé avec le projet de mettre en musique la pièce de Hofmannsthal qui était devenue le fameux opéra, Elektra (1909). Depuis, Strauss désirait s’éloigner de l’univers tragique pour composer de « nouvelles Noces de Figaro » avec celui qu’il considérait comme un librettiste-né, répondant parfaitement à ses exigences dramatiques et littéraires. D’un banal sujet de comédie allait naître une œuvre fascinante, dominée par un des plus beaux rôles de tout le répertoire lyrique, celui de la Maréchale, héritière déclarée de la Comtesse des Noces de Figaro. Véritable héroïne de ce drame, elle incarne un des thèmes de prédilection des écrivains viennois de ce début du XXème siècle, celui du passage du temps qui entraîne sans retour comme une force inéluctable, vers le délitement et la disparition."
"En choisissant le règne de l’impératrice Marie-Thérèse comme cadre de sa comédie, le librettiste ne cherche nullement à reconstituer fidèlement une époque. Richard Strauss ne souhaite pas davantage revenir vers un « classicisme » perdu, comme le prouve la modernité de son langage musical. Il faut se garder de ne voir dans son opéra qu’un génial pastiche même si à l’instar de son librettiste, il pratique sans cesse l’art de la citation. Wagner, Mozart, mais aussi Monteverdi ou Puccini et Verdi, font leur apparition musicale dans une partition qui excelle à adapter langages et styles divers. Johann Strauss et ses irrésistibles valses traversent toute l’œuvre de leurs rythmes enveloppants. L’anachronisme musical que constitue l’introduction de la valse viennoise au temps de Marie-Thérèse crée un effet de distanciation permanent. Constituant le « cœur battant » de cet opéra dont chaque acte est organisé sur un rythme ternaire, la danse emblématique de la Vienne du XIXème siècle est associée à tous les moments-clefs de l’opéra et accompagne les protagonistes en les caractérisant."
"On pourrait sans trop se tromper reprendre le titre d’une célèbre nouvelle de Stefan Zweig, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, pour rendre compte du Chevalier à la rose. Car contrairement à ce que nous indique le titre de cette « comédie pour musique », le personnage principal n’en est pas un « féérique chevalier », mais une « Maréchale » pratiquant l’élégance du cœur avec une rare générosité.
C’est bien elle qui semble déplacer le centre de gravité de cette comédie qui mêle la farce aux élans lyriques les plus exaltés. Dans le cadre conventionnel de la « commedia dell’arte » revu par le plus pur esprit viennois, se déroule le drame intime d’une femme « vieillissante » qui va connaitre une évolution décisive en l’espace de quelques heures."
"Dans son fameux monologue sur le temps au premier acte (« Die Zeit, die ist ein sonderbar Ding »), la Maréchale avoue se lever au milieu de la nuit pour « faire arrêter toutes les pendules » mais rien ne peut empêcher le temps de « ruisseler dans les miroirs », où il est vain de chercher à fixer une image de soi. Quittant sa première apparence flatteuse d’amante comblée par le jeune et fougueux Octavian, la Maréchale arrive au terme de sa « métamorphose » dans le trio final, où la comédie fait place au plus bouleversant lyrisme. Elle est désormais une nouvelle femme, parfaitement lucide et généreuse devant laquelle voudrait s’agenouiller la jeune Sophie reconnaissante".
"Car l’évolution de la Maréchale, acceptant de s’effacer pour laisser exister le nouveau couple que forment les jeunes gens, s’est accompagnée d’une « métamorphose » parallèle. Octavian et Sophie ont été transformés comme par enchantement dans le ravissement de leur coup de foudre mutuel. La scène au cours de laquelle Octavian présente la rose d’argent à la future fiancée du baron Ochs forme un contraste saisissant avec le thème de l’écoulement du temps riche de transformations. L’orchestre et les voix se mêlent et se répondent pour installer la sensation d’éternité qui s’empare des deux jeunes gens emportés par leur amour naissant. « Le temps, l’éternité, se mêlent en cet instant sublime, je ne l’oublierai pas jusqu’à ma mort », chante Sophie, tandis qu’Octavian lui répond en écho : « J’étais un enfant, je ne la connaissais pas encore (…) Si je n’étais un homme, je me pâmerais. Quel instant sublime, je ne l’oublierai pas jusqu’à ma mort ». (Début de l’Acte 2). Nous sommes désormais dans le temps « suspendu ». Le compositeur parvient à rendre palpable l’immobilité irréelle née de l’émerveillement des jeunes gens saisis par la découverte de l’amour qui les transfigure et les transporte dans un autre monde. Le thème musical de la rose, basé sur des accords de flûtes, harpes et célesta, ensorcèle et conduit jusqu’au sommet que matérialise le contre-ut sur le mot « éternité » chanté par Sophie. La même magie opère dans la scène finale où une sorte d’extase infinie apporte la réconciliation et l’apaisement pour les uns, la perspective illusoire d’un avenir sans finitude pour les autres".
sources : opera on line - Catherine Duault ici pour l'intégralité de l'article
Quelques trop courts extraits vidéos pour traduire la magie de cette soirée....
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