Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
13 Avril 2021
Ce matin, j'ai déposé Petit Loup à la récréation, puis ai marché vers Ploudiry (une jolie boucle de 10 km). Me laissant guider par mon application Maps.me, j'ai rejoint La Martyre en suivant de petites routes de campagne, puis empruntant la piste cyclable, le bourg de Ploudiry.
Je n'avais pas encore sorti mon APN, et j'ai donc "raté" les deux lièvres qui ont traversé la route devant moi. La buse aussi, perchée à proximité, s'est envolée à mon approche. (Pour une immersion complète, lancez les chants des oiseaux qui m'ont accompagnée ce matin).
Les oiseaux chantaient dans les haies bordant les petites routes, pigeons ramiers
pinsons des arbres
Mais j'étais prête pour photographier les perdrix grises (se confondant avec leur environnement) pâturant dans le champ juste hersé.
perdrix grise
Ensuite j'ai trouvé le bon plan immobilier à saisir de suite : une longère à aménager à votre goût (toutes options possibles). Quelques menus travaux à prévoir...une fois dégagé le lierre....
Ou alors il y a l'option "petit nid douillet" tout prêt...mais en fait ce n'est pas à vendre...
Bientôt j'arrive à la Martyre, passant devant le joli penty transformé en mairie.
Puis j'emprunte la piste cyclable (très bien protégée de la circulation) pour rejoindre la commune voisine de Ploudiry.
Ploudiry était autrefois une paroisse très importante, qui avait pour trèves Pencran, Loc-Éguiner, La Roche, La Martyre et Pont-Christ, toutes devenues communes à l'exception de la dernière, qui a été absorbée par La Roche-Maurice La paroisse incluait aussi Saint-Julien de Landerneau et même, plus anciennement, Le Tréhou et Tréflévénez. L'église Saint-Pierre de Ploudiry était un prieuré-cure dépendant de l'abbaye de Daoulas.
Vers 1770, on comptait pour Ploudiry et ses trèves environ 4 700 habitants dont 1 320 pour Ploudiry, 950 pour La Martyre, 640 pour Loc-Eguiner, 525 pour Pencran, 525 pour La Roche-Maurice, environ 300 pour Pont-Christ et 570 pour Saint-Julien de Landerneau.
Comme dans les autres communes voisines, la boite à livres trône au milieu du village, juste à côté d'une table de pique nique sans doute appréciée des visiteurs, faisant le circuit des enclos...
Juste en face j'ai observé l'escalier installé par "Dame Nature" pour les Elfes et Korrigans, sur la vieille souche.
Au cœur du village, se dresse l'enclos paroissial. L’église, dédiée à saint Pierre, a été reconstruite au début du XVIIIe siècle dans l’enceinte de l’enclos paroissial, sur les fondements de l’ancien édifice. L’ossuaire, reconstruit en 1731, par le réemploi de deux monuments plus anciens, complète l’enclos paroissial.
L'Ossuaire, dit jadis chapelle Saint-Joseph est un édifice de plan rectangulaire ayant la même disposition qu'à Pencran et à Sizun. La partie inférieure est percée de baies séparées par des pilastres gainés ; mais au-dessus, au lieu de niches des Apôtres, une haute frise représente 5 personnages d'une danse macabre : l’ankou, le laboureur, la noble dame, le juge et le guerrier, symbolique de l’égalité de tous devant la mort.
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Les cinq baies en plein cintre, séparées par des pilastres en gaînes d'ordre dorique, contrastent par la couleur grise du kersanton avec le jaune de la pierre de Logonna. C'est cette dernière qui est sculptée des personnages d'une danse macabre.
Les cinq personnages de la danse macabre : l'Ankou, le laboureur, la noble Dame, le juge et le seigneur
Le Porte est classique : arcade en plein cintre avec clef en console et entablement à fronton. L'ossuaire est daté 1635. Au fronton le buste de saint Pierre (kersantite). Sur l'architrave, entre un ange et la Mort , un blason a été martelé.
L'ange du bénitier en kersantite à l'angle du contrefort et son phylactère BONES: GENTZ: QVI: PAR: ICY: PA /SSEZ: PRIEZ: DIEU: POUR LES: TREPASSEZ: 1635.
Pendant la fermeture pour travaux de l'église Saint Pierre (Fin prévue en 2023), l'ossuaire semble être utilisé pour les offices. Au mur sont accrochés quelques panneaux retraçant l'histoire de la commune.
Les « juloded » de Ploudiry
Ploudiry se trouvait au cœur de la zone toilière du Haut-Léon qui fut très prospère aux xviie et xviiie siècles. Jean-François Brousmiche a écrit vers 1830 qu'il existait « dans Ploudiry des cultivateurs marchands de toiles qui posséd[aient] des fortune de six, dix et même douze mille francs de revenu ». Charlotte Berthou, de Botlavan en Ploudiry, laisse à sa mort en 1742 un patrimoine de 20 256 livres dont 73 % consiste en toile ou fil. Quarante kanndi ont été recensés à ce jour sur le territoire de la commune actuelle de Ploudiry, c'est après Plounéour-Ménez, Commana et Sizun, la commune qui en comptabilise le plus. La densité des métiers à tisser y était forte : 106 pour 100 inventaires après décès (ce qui s'explique par la présence dans certaines maisons de plusieurs métiers à tisser) contre 55 à 60 % en moyenne pour l'ensemble de la zone toilière du Haut-Léon.
De 2016 à 2019, les travaux se sont portés sur la restauration du clocher, l’assainissement, la restauration de la charpente et de la couverture ainsi que du couvrement intérieur et des parements extérieurs.
La 2ème phase prévoit les travaux sur la charpente et la couverture du transept et de la sacristie, les vitraux, la restauration des parements, l’installation électrique et le chauffage. Cette phase validée et supervisée par la Direction Régionale des Affaires Culturelles représente un coût de 1 000 000 €
Avec l’aide de la Fondation du Patrimoine et l’association Mein Ha Diri, association de sauvegarde et de promotion du patrimoine, la commune de Ploudiry lance un appel aux dons pour sauvegarder son patrimoine et le transmettre aux générations futures.
Le porche, qui a été conservé lors de la reconstruction de l'église par Le Bigot en 1856, est attribué à l'architecte-sculpteur Jean Le Bescont, actif vers 1650-1682 et qui aurait pu se former auprès de Roland Doré dont l'activité s'achève en 1663. Outre un atelier à Landerneau, comme les ateliers précédents pour l'approvisionnement en pierre par l'Élorn, il en aurait eu un autre à Carhaix où il est maître-architecte, entrepreneur et picoteur (sculpteur sur pierre).
Le porche de style Renaissance, couronné par un toit à quatre pans, est inspiré par le porche de Saint-Houardon de Landerneau, qui est daté de 1604. Il est en pierre jaune de Logonna (microdiorite quartzique, comme l'ossuaire) et en kersantite pierre gris sombre au grain fin pour les éléments sculptés. Le porche est formé d'une grande arcade au bord décoré d'une guirlande de boules et de feuillages.
Piédroits et voussures sont sculptés de petits personnages inspirés de la même thématique de l'Ancien Testament que les ateliers des Prigent à Pencran ( 1553) et Landivisiau (1554-1565) et celui du Maître de Plougastel à Guimiliau (1606-1617). Pour en découvrir pas à pas tous les détails rendez-vous sur l'excellent blog de Jean-Yves Cordier cité en
Après avoir longuement admiré les pierres et le travail des sculpteurs, je suis revenue à la pension canine par une boucle conjuguant petite route et sentier : l'opportunité d'observer en détail le réveil de Dame Nature. Le long du chemin j'ai croisé quelques enfants heureux accompagnés de leurs parents, grands-parents et/ou animaux profitant, comme moi, de cette belle matinée ensoleillée.
Alors que Petit Loup m'avait abandonnée sans un regard, préférant retrouver les copines de la récré : berger australien et golden, j'ai eu droit à une grosse fête à mon retour....A nouveau en sortant de la récré, il est passé devant le parcours-promenade de ses compagnons, sans piper mot...Mardi prochain, on y retourne !
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane