Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
8 Mai 2021
Aujourd'hui une autre poésie de Titos Patrikios.
Titos Patrikios naît à Athènes en 1928 de parents tous deux comédiens.
Il s’engage tout jeune (1941) dans la résistance contre les nazis au sein de l’EPON (proche du PC grec), puis de l’ELAS (Armée de libération nationale, également dominée par le PC). En 1944 il échappe de peu à une exécution par des membres d’une milice grecque collaborationniste.
Il commence à publier ses poèmes à partir de 1943. En 1946 il débute des études de droit à l’université d’Athènes.
Arrêté en 1951 il est déporté politique dans les îles de Makronissos (51-52) puis d’Aï-Stratis (52-53). C’est au cours de cette déportation qu’il rencontre Yannis Ritsos qui l’encourage à écrire.
1954 voit la publication de son premier recueil. Il est cette même année cofondateur de la revue Epitheorissi tèkhnis, revue des arts et des lettres qui occupera désormais un rôle central dans les débats artistiques et intellectuels.
Entre 1959 et 1964 il s’exile à Paris, où il poursuit des études de philosophie et de sociologie (Sorbonne et EPHE), mène des activités de chercheur (CNRS) et de traducteur.
En 1964 il retourne en Grèce où il rompt deux ans plus tard avec le PC suite à l’affaire Siniavki-Daniel.
Lors du coup d’état des colonels, il est de nouveau contraint à l’exil et retourne à Paris. Il travaille à l’UNESCO et à la FAO. En lien avec d’autres exilés, il mène des activités de résistance contre la junte....
Η Γ Λ Ω Σ Σ Α Μ Ο Υ
του Τίτου Πατρίκιου
Τη γλώσσα μου δεν ήταν εύκολο να
τη φυλάξω
ανάμεσα σε γλώσσες που πήγαιναν να
την καταβροχθίσουν
όμως στη γλώσσα μου συνέχιζα πάντα
να μετράω
στη γλώσσα μου έφερνα το χρόνο στα
μέτρα του κορμιού
στη γλώσσα μου πολλαπλασίαζα την
ηδονή ως το άπειρο
μ’ αυτή ξανάφερνα στο νου μου ένα
παιδί
με άσπρο σημάδι από πετριά στο κου-
ρεμένο του κεφάλι.
Πάσχιζα να μη χάσω ούτε μία της
Λέξη
Γιατί σ’ αυτή τη γλώσσα μου μιλούσαν
κι οι νεκροί.
Από την «Ηδονή των παρατάσεων», εκδόσεις Κέδρος, 1998
MA LANGUE
J'ai eu du mal à préserver ma langue
parmi celles qui viennent l'engloutir
mais c'est dans ma langue seule que j'ai toujours compté
par elle j'ai ramené le temps aux dimensions du corps
par elle j'ai multiplié jusqu'à l'infini le plaisir
par elle je me rappelle un enfant
et sur son crâne rasé la marque d'un caillou.
Je me suis efforcé de ne pas en perdre un mot
car tous me parlent dans cette langue — même les morts.
(La volupté des prolongations)
Traduction : Michel Volkovitch
Nota : (Elle n’est ni ethnologue, ni linguiste mais une talentueuse artiste digitale… Minna Sundberg a brillamment mis en image l’origine des langues sous forme d’un arbre généalogique. Celui-ci décrit parfaitement les liens qui existent entre les différents langages répertoriés dans le monde)
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