Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
13 Août 2021
Quand on arrive face de l'enclos de Commana, on est frappé par la sévérité de l'ensemble. Dans le cadre austère des monts d'Arrée, Commana dresse son puissant clocher, dont la flèche privée de clochetons, s'accorde au paysage.
Le puissant appareil des murs, la rustique porte monumentale et la sobre façade de l’ossuaire (1677-1687) dégagent la même force ; une force qui naît de la simplicité des lignes et de la qualité des matériaux extraits des carrières toutes proches, la grosse ardoise de montagne et le rude granit de Plounéour-Ménez.
Empreinte d'austérité, surmontée de deux lanternons, une porte monumentale reposant sur un seul arc sert d'accès à l'enclos. Sévère également l'ossuaire. Dans le cimetière sont érigées deux croix, dont l'une est l'œuvre de Roland Doré.
L'église Saint Derrien à été construite au XVIe et XVIIe siècles
On pénètre aujourd’hui dans l’église par le porche sud, inspiré sans doute de celui de Saint Houardon à Landerneau. Il fut construit entre 1645 et 1653 et l’architecte qui le conçut utilisa le triangle pythagoricien.
Et pourtant, cette église aux dehors rudes abrite, dans un contraste baroque, l'un des retables de bois le plus spectaculaire de toute la Bretagne.
La scène centrale représente Anne et Marie encadrant l’enfant Jésus portant le globe terrestre sous le regard de Dieu le père, barbe au vent. Dans les niches latérales, les époux respectifs des saintes femmes : Joachim tenant une tarière et Joseph qui a perdu son lys. Au-dessus du tabernacle sont quatre vertus cardinales (la Prudence, la Force, la Justice et la Tempérance) et de part et d’autres des médaillons contenant un ecclésiastique (peut-être saint Derrien), l’enfant Jésus, la Vierge et l’Enfant, le Seigneur, sainte Marie, saint Joseph, Jésus et Jean-Baptiste enfants, saint François d’Assise, et saint Yves et le riche et le pauvre ; la Trinité domine le tout.
Le retable des cinq plaies
La structure générale du retable des cinq plaies est assez simple : le Christ au centre exhibe ses plaies tandis que deux êtres ailés féminins lui soutiennent une couronne au-dessus de la tête. Sous ses pieds, trois visages rebondis d’enfants. A gauche, une sainte Marguerite victorieuse prend appui sur un dragon ridicule ayant plus l’air d’un chien battu que d’un monstre dangereux. A droite, un saint Sébastien, transpercé de flèches gardant une sérénité étonnante. Enfin, en haut, flaqué de deux aigles menaçants, un Père éternel tient en main le globe terrestre en levant les yeux au ciel.
Pour lire la suite de l'analyse de Claude Chapalain, c'est ici.
Au fond du collatéral nord, les fonts baptismaux de 1656.
"Les Amis de l’Enclos" ont aidé au financement de la restauration du baptistère et de sa polychromie. Le projet a gagné le concours de Pélerin Magazine et reçu une aide de la Banque Populaire de l’Ouest.
Un des aspects les plus intéressants de ce baptistère consiste en la présence de statuettes très élancées répondant aux canons de Jean Goujon par les effets de draperie mouillée et la grâce sensuelle qui relèvent d’une esthétique maniériste. Elles sont adossées aux pilastres et représentent les trois vertus théologales, la Foi portant les testaments et une maquette d’église, l’Espérance priant les mains jointes et la Charité tendant une pièce de monnaie sortie de la bourse qu’elle tient ouverte, ainsi que deux vertus cardinales, la Justice au glaive levé et la Tempérance qui renverse une amphore de vin et porte un cruchon d’eau. La rambarde de ce lieu de sacrement est supportée par des panneaux aux arabesques ajourées.
La visite prévue par la Sprev avait malheureusement été annulée le jour de ma visite. je me suis donc à nouveau largement inspirée des documents disponibles sur le site du Ciap. pour rédiger ce post. J'ai également "emprunté" les photos du retable de Sainte Anne, puisqu'il est en cours de restauration actuellement, et que mes photos n'en auraient montré qu'un aspect incomplet.
J'ai découvert que le CIAP organisait également des expositions temporaires comme en ce moment l'exposition Liviou. dont j'ai aperçu deux affiches lors de mes visites à Locmelar et à Commana.
L'occasion de suivre un jeu de piste à la recherche de ces clichés anciens dans les communes voisines ?
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane