Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
21 Janvier 2022
Retour en Italie...avec Cesare Pavese
Né le 9 septembre 1908 à San Stefano Belbo, dans les collines au sud-est de Turin, Cesare Pavese vouera toute sa vie un attachement sans borne à sa région, attachement qui marquera toute son oeuvre. Orphelin de père, Pavese est un enfant solitaire et passionné par les livres. Après un bref passage dans l'enseignement, il commence à traduire les auteurs anglais et américains comme Melville, Joyce, Defoe, Dickens ou Dos Passos. En 1935, lié avec les milieux intellectuels et antifascistes, il tente d'aider une femme inscrite au Parti communiste, ce qui lui vaut d'être assigné à résidence en Calabre pendant un an. Il entreprend alors d'écrire son journal qui sera publié après sa mort sous le titre Le métier de vivre . A partir de 1936, il devient l'un des principaux collaborateurs d'une grande maison d'édition de Turin, Einaudi. La même année, il publie un recueil de poésie, Travailler fatigue , qui passe inaperçu. Après la guerre, il adhère au Parti communiste et écrit régulièrement dans l' Unità. L'après-guerre est une période très féconde : il publie une réflexion sur les grands mythes de l'humanité, Dialogues avec Leuco et Le camarade , l'histoire d'une éducation politique et sentimentale, en 1947. Avant que le coq chante , paru l'année suivante, rassemble plusieurs récits dont La prison , inspiré de son assignation à résidence, et La maison sur la colline qui évoque la Résistance dans le Piémont. Le bel été , en 1949, se compose de trois courts romans qui racontent les longues veillées jusqu'à l'heure nocturne où les personnages se mettent à marcher, dans la ville et sur les collines, retardant toujours le moment de se quitter, prolongeant jusqu'à l'aube cette veille commune qui n'est que l'attente de l'impossible. Son dernier livre La lune et les feux , qui raconte l'histoire d'un ancien pupille de l'Assistance publique qui revient, après avoir émigré, au pays qui lui tient lieu de pays natal, fait figure de testament spirituel. Cesare Pavese se suicide le 27 août 1950 à Turin, dévoré par le sentiment que le langage ne peut traduire la réalité de la vie. Solitaire et obsédé par le désir de saisir l'infinité du monde, Cesare Pavese a laissé une oeuvre riche, douloureuse et poétique, d'une très grande beauté formelle.
VERRA’ LA MORTE E AVRA’ I TUOI OCCHI
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi-
questa morte che ci accompagna
dal mattino alla sera, insonne,
sorda, come un vecchio rimorso
o un vizio assurdo. I tuoi occhi
saranno una vana parola
un grido taciuto, un silenzio.
Così li vedi ogni mattina
quando su te sola ti pieghi
nello specchio. O cara speranza,
quel giorno sapremo anche noi
che sei la vita e sei il nulla.
Per tutti la morte ha uno sguardo.
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi.
Sarà come smettere un vizio,
come vedere nello specchio
riemergere un viso morto,
come ascoltare un labbro chiuso.
Scenderemo nel gorgo muti.
22 marzo 1950
Cesare Pavese (da Verrà la morte e avrà i tuoi occhi, 1951)
mis en musique par Léo Ferré
Pour conclure un lien vers un très beau texte évoquant cette poésie.
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane