Chapelle Notre-Dame-du-Tertre et ses lambris peints à Châtelaudren

Après les visites de l'exposition dédiée à Pascal Jaouen et du Pôle culturel de l'Echo de la mode, la personne en charge du bureau d'information touristique  nous a conseillé d'aller voir les lambris peints de la chapelle Notre Dame du Tertre ouverte cet été.

La visite fut passionnante, grâce à l'érudition de notre jeune guide, Violette Bonneau, étudiante en histoire de l'Art dont le mémoire de Master en Histoire et critique des Arts portera justement sur les lambris.

Comme d'habitude la consultation de mon site fétiche "lavieb-aile.com" m'a permis de compléter les commentaires dispensés sur le site de la commune. Je vous invite donc à  lire attentivement les deux articles  ici et là.

A consulter également un article de M. Barral i Altet : Décor peint et iconographie des voûtes lambrissées de la fin du Moyen Âge en Bretagne et ici un extrait du rapport de la séance administrative tenue par la société française pour la conservation des monuments du 26 avril 1849 à St Brieuc.

La chapelle Notre-Dame-du-Tertre doit son nom de «chapelle rouge» à la couleur  dominante de ses voutes lambrissées peintes entre 1460 et 1485  par les artistes d’un atelier itinérant, classées au titre des monuments historiques  depuis 1849.
Dès 1849, l’inspecteur des monuments historiques les décrivit comme :  « l’une des plus grandes pages laissées par le XVe siècle non seulement à la Bretagne, mais à la France entière» et considérés comme l’un des plus beaux ensembles du XVème siècle subsistant actuellement en France.

Les 96 panneaux  du choeur sont distribués en 8 rangées de 12 panneaux.  La forme  de la voûte détermine la disposition des images suivant deux sens opposés. Les scènes se succèdent de gauche à droite en progressant des registres les plus hauts vers les plus bas et ce, en alternance de chaque côté de la ligne de faîte.

La voûte lambrissée du chœur illustre la Bible depuis la Création jusqu'à la Pentecôte.
Deux registres sur les huit sont consacrés à l'Ancien Testament .

Quatre cycles sont développés:
La Création, l'histoire d'Adam et Eve, son prolongement avec celle  de Caïn et Abel et enfin l'histoire de Noé.
Deux panneaux évoquent le reste du texte de la Genèse par la représentation de deux épisodes, celui du songe de Jacob et du sacrifice d'Abraham.
La transition avec le Nouveau Testament est assurée par la représentation des douze prophètes qui annoncent la venue de Jésus dont l'enfance et la vie publique se déroulent dans l'ordre  traditionnel, jusqu'à son arrestation au Jardin des Oliviers.
La Passion du Christ est amplement développée. Le dernier registre illustre, après la Crucifixion et la Résurrection les différentes apparitions du Sauveur et enfin son Ascension puis la Pentecôte.

Ci-dessous, quelques détails de la voute

Pour l'anecdote, notre jeune guide essaie de déchiffrer le phylactère figurant sur le panneau figurant la chute des anges.

Voici ce qu'en dit J.Y. Cordier dans son article : 

"Le deuxième nous montre Jehovah sous la figure d'un vieillard vénérable coiffé d'une riche thiare et nimbé d'or. Il repose dans sa gloire, entouré des Vertus des Puissances, et des Dominations qui siègent autour de lui dans des sortes de stalles étagées." (Geslin de Bourgogne 1848)

Geslin de Bourgogne omet la description des anges déchus. Ils sont figurés dans la Bible historiale BnF Fr 15395 folio 4v. Ou mieux  au  folio 64v des Très Riches Heures (1411-1416) du duc Jean de Berry par les Frères Limbourg. Sur cette enluminure, on voit, comme ici, Dieu assis sur un trône au centre de gradins, certains occupés par les anges, et d'autres abandonnés par les  anges déchus qui sont précipités vers un abîme enflammé. 

Mais ce qui est particulier ici, c'est que les mauvais anges prennent l'aspect de bêtes velues et cornues, mi-singes mi-chats, grisâtres ou roux. Je ne suis pas parvenu à lire l'inscription du phylactère."

Espérons que notre petite guide y arrivera !

A titre de comparaison avec la chute des anges rebelles présentée ci-dessus (le premier panneau), une représentation de la scène extraite des Très riches heures du duc de Berry des frères Limbourg mentionnée ci-dessus : Le Seigneur, assis sur un trône, domine la scène. Il tient le globe de sa main gauche et, de sa main droite, indique le jugement de Lucifer. Les anges fidèles se tiennent à ses côtés, assis dans des stalles que les anges révoltés ont laissées vides. La milice de Dieu, bardée de casques et de cuirasses et armée d'épées, précipite les anges rebelles dans l'abîme. Lucifer est représenté tout en bas, entouré d'un halo formant comme une anti-auréole, mais toujours pourvu de ses attributs d'ange, la couronne et l'étole.

A droite du choeur, on peut découvrir les lambris de la Chapelle méridionnale Ste-Marguerite
Les décors peints de la chapelle Sainte-Marguerite présentent à la fois une grande unité et une réelle diversité. Le sens de la lecture se fait, de gauche à droite et de haut en bas.

18 panneaux présentent la vie de Ste Marguerite, 18 celle de Saint Fiacre et les 6 derniers du tympan complètent la vie de Sainte Marie Madeleine, déjà évoquée dans le choeur.
 

Source : site de Châtelaudren

Pour compléter votre visite de la chapelle, je vous invite (encore !) à lire ici l'article que J.Y. Cordier a consacré à l'étude des sablières de la chapelle...

Merci à ma chère A. de m'avoir accompagnée dans cette belle journée, riche de découvertes !