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Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.

La chanson de Craonne

Mathurin Méheut - L'exécution capitale

Mathurin Méheut - L'exécution capitale

Nord d'Arras, 5 juillet 1915

On a planté le poteau dans la nuit. On a amené le bonhomme à l'aube, et ce sont les types de son escouade qui l'ont tué. Il avait voulu couper aux tranchées ; pendant la relève, il était resté en arrière, puis était rentré en douce au cantonnement. Il n'a rien fait autre chose ; on a voulu, sans doute, faire un exemple.

Henri Barbusse,
Le feu, 1916

 

Sources : La grande guerre en dessins

Mathurin Méheut - La fatigue

Mathurin Méheut - La fatigue

L’histoire de cette chanson est complexe. En effet, elle traverse la première guerre mondiale, en s’adaptant à toutes les batailles, grâce à des titres différents et à des paroles quelque peu modifiées. Par exemple, elle prend le nom de Chanson de Lorette, à la suite des violents combats en Artois, autour de Notre-Dame de Lorette, au printemps 1915. Puis, en 1916, une variante fait allusion aux combats de Verdun. Ensuite, le texte se stabilise progressivement en 1917, mais les titres continuent de fluctuer. De fait, les archives du service historique de la Défense conservent des versions datées de 1917 avec des titres différents : l’une s’intitule Sur le plateau de Lorette, une autre Les Sacrifiés de Craonne, une autre encore La Vie aux tranchées.
Quoiqu’il en soit, la Chanson de Craonne entre dans la légende, après l’offensive très meurtrière et militairement désastreuse du général Nivelle au Chemin des Dames en 1917. Le « plateau », dont il est question dans les paroles, est le plateau de Californie qui surplombe le village de Craonne dans l’Aisne, lieu des combats lors de l’offensive du 16 avril 1917. L’attaque a pour but la percée des lignes allemandes et, en rompant avec la guerre des tranchées, de permettre une victoire française. La force des positions allemandes sur les hauteurs, ainsi que la démesure du plan entraînent de nombreuses pertes (environ 147 000 tués
et 100 000 blessés en deux semaines) et un échec.
Par ailleurs, cette chanson évoque le quotidien des soldats dans les tranchées, et aborde les mutineries, c’est une chanson engagée. D’ailleurs, elle est interdite pendant le conflit, et la rumeur d’une récompense considérable pour  celui qui dénoncerait son ou ses auteurs (un million de francs-or et la démobilisation immédiate) aurait circulée. En outre, cette interdiction dura en France jusqu’en 1974, date à laquelle le président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, en a autorisé la diffusion sur les ondes.

Cette chanson anonyme a probablement plusieurs auteurs. La musique de la Chanson de Craonne est issue
d’une valse d’amour à succès, intitulée Bonsoir M’Amour et composée par Charles Sablon en 1911.
Ce compositeur a écrit de nombreuses chansons populaires, qui furent interprétées par Jean Sablon,
son fils, et par Édith Piaf notamment.

 

Sources  Sophie Junien-Lavillauroy

Mathurin Méheut - Le salut aux morts

Mathurin Méheut - Le salut aux morts

Quand au bout du jour le repos terminé
On va reprendre les tranchées
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
C'est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros comme dans un sanglot
On dit adieu aux civelots
Même sans tambours, même sans trompettes
On s'en va là-haut en baissant la tête
Adieu la vie, adieu l'amour
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini et pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés
Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la relève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et dans le silence
On voit quelqu'un qui s'avance
C'est un officier de chasse à pieds
Venu pour nous remplacer
Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe
Les petits soldats vont chercher leur tombe
Adieu la vie, adieu l'amour
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini et pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés
C'est malheureux de voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c'est pas la même chose
Au lieu de se cacher tous ces embusquées
Feraient mieux de monter aux tranchées
Pour défendre leurs biens car nous n'avons rien
Nous autres pauvres purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour remplir les poches de ces messieurs là
Ceux qu'ont le pognon, ceux-là reviendrons
Car c'est pour eux qu'on crève
Mais c'est fini car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce sera votre tour, messieurs les gros
De monter sur le plateau
Car si vous voulez la guerre
Payez-la de votre peau
Car si vous voulez la guerre
Payez-la de votre peau

A regarder sur youtube, le montage vidéo avec des images d'archive de cette chanson

Une scène extraite du film "Un long dimanche de fiancailles" avec un soldat entonnant un couplet de la chanson avant d'être fusillé...

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