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Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.

ΟΙ ΜΟΙΡΑΙΟΙ - Ποίηση : Κ. Βάρναλης Μουσική : Μ. Θεοδωράκης - Les fatalistes Varnalis - Theodorakis

ΟΙ ΜΟΙΡΑΙΟΙ - Ποίηση : Κ. Βάρναλης  Μουσική : Μ. Θεοδωράκης - Les fatalistes Varnalis - Theodorakis

Kostas Varnalis (Κώστας Βάρναλης, 1884-1974) était un poète, écrivain et journaliste grec, connu pour sa poésie engagée et son regard critique sur la société. Il est considéré comme l'une des figures les plus importantes de la littérature grecque du XXe siècle.
 

Varnalis est né en 1884 à Burgas (Bulgarie actuelle, alors sous domination ottomane) et a étudié à l'Université d'Athènes. Il a ensuite poursuivi ses études à Paris, où il a été influencé par les idées socialistes et révolutionnaires. Ces influences ont profondément marqué son œuvre, qui critique l'oppression, l'injustice sociale et l'hypocrisie de l’élite politique et religieuse.

Ses œuvres les plus connues :

    « Το Φως που Καίει » (La Lumière qui Brûle, 1922) : Son œuvre la plus célèbre, un recueil de poèmes satiriques et révolutionnaires dénonçant la misère du peuple et le rôle manipulateur de la religion.
    « Η Αληθινή Απολογία του Σωκράτη » (La Véritable Apologie de Socrate, 1931) : Un texte philosophique et ironique où Socrate critique la corruption de la société athénienne, qui fait écho à la Grèce moderne.
    « Σκλάβοι Πολιορκημένοι » (Esclaves Assiégés, 1927) : Poésie engagée inspirée par la condition des opprimés.

 

ΟΙ ΜΟΙΡΑΙΟΙ

 

Mες την υπόγεια την ταβέρνα,

μες σε καπνούς και σε βρισές

(απάνω στρίγγλιζε η λατέρνα)

όλ' η παρέα πίναμ' εψές·

εψές, σαν όλα τα βραδάκια,

να πάνε κάτου τα φαρμάκια.

 

Σφιγγόταν ένας πλάι στον άλλο

και κάπου εφτυούσε καταγής.

Ω! πόσο βάσανο μεγάλο

το βάσανο είναι της ζωής!

Όσο κι ο νους να τυραννιέται,

άσπρην ημέρα δε θυμιέται.

 

Ήλιε και θάλασσα γαλάζα

και βάθος τ' άσωτ' ουρανού!

Ω! της αβγής κροκάτη γάζα,

γαρούφαλα του δειλινού,

λάμπετε, σβήνετε μακριά μας,

χωρίς να μπείτε στην καρδιά μας!

 

(Tου ενού ο πατέρας χρόνια δέκα

παράλυτος, ίδιο στοιχειό·

τ' άλλου κοντόημερ' η γυναίκα

στο σπίτι λυώνει από χτικιό·

στο Παλαμήδι ο γιος του Mάζη

κ' η κόρη του Γιαβή στο Γκάζι.)

 

― Φταίει το ζαβό το ριζικό μας!

― Φταίει ο Θεός που μας μισεί!

― Φταίει το κεφάλι το κακό μας!

― Φταίει πρώτ' απ' όλα το κρασί!

Ποιος φταίει; ποιος φταίει; Kανένα στόμα

δεν τό βρε και δεν τό πε ακόμα.

 

Έτσι στη σκοτεινή ταβέρνα

πίνουμε πάντα μας σκυφτοί.

Σαν τα σκουλήκια, κάθε φτέρνα

όπου μας έβρει μας πατεί.

Δειλοί, μοιραίοι κι άβουλοι αντάμα,

προσμένουμε, ίσως, κάποιο θάμα!

 

Notes :

  • άσωτος: infini, immense.
  • κροκάτη γάζα: tissu fin et transparent aux couleurs de la fleur de crocus. La « gaze dorée de l’aube » ; l’aube ; l’image suggère la clarté de l’atmosphère et les couleurs du matin, empruntée à Homère, qui appelait l’aube « Éos aux voiles dorées ».
  • στοιχειό: fantôme.
  • κοντοήμερη: qui lui reste peu de jours à vivre.
  • Παλαμήδι: le célèbre château de Nauplie, qui abritait autrefois les pires prisons grecques pour criminels.
  • Γκάζι: quartier malfamé d’Athènes.
  • ζαβό ριζικό: destin tordu et inversé.

 

Ποίηση: Κ. Βάρναλης Απαγγελία : Μ.Κατράκης

 Μουσική: Μ. Θεοδωράκης Εκτέλεση : Γρ. Μπιθικώτσης

 

Sources :

Dans la taverne souterraine


Au milieu de la fumée et des cris
(en haut grinçait l'orgue de Barbarie)
nous buvions tous ensemble hier,
hier, comme chaque soir,
pour faire descendre les poisons.

L'un contre l'autre nous nous serrions
et, comme cela venait, nous crachions à terre.
Oh, quel grand tourment,
le tourment est dans la vie même !
Si l'esprit se tourmente,
il ne se souvient pas d'une bonne journée !

Soleil et mer azurée,
et profondeur du ciel infini !
Oh ! Dentelle d’or de l’aurore,
œillets du crépuscule,
vous clignez de loin vers nous
sans jamais entrer dans notre cœur !

Le père de l'un est paralysé
depuis dix ans – semblable à un fantôme.
La femme d'un autre, qui n’en a plus pour longtemps,
se consume chez elle, rongée par la tuberculose.
Le fils de Masi croupit en prison à Palamidi,
et la fille de Ghiavìs fait le trottoir aux Gazomètres.

– C'est la faute de notre destinée tordue !
– C'est la faute de Dieu qui nous déteste !
– C'est la faute de notre tête à l’envers !
– C'est surtout la faute du vin !
À qui la faute ? À qui la faute ?
Aucune lèvre ne l’a encore découverte ni dite.

Et ainsi, dans la taverne ténébreuse,
nous continuons à boire, voûtés.
Semblables à des vers de terre,
chaque talon qui nous trouve nous écrase.
Craintifs, résignés et amorphes à la fois,
nous attendons – qui sait ? – un miracle !

 

(Essai de traduction, soyez indulgents !)

Pour mes lecteurs et lectrices philhellènes, un lien ici vers une page de présentation et analyse de ce poème.

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