Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
1 Avril 2025
Retour vers les années soixante avec cette chanson de G. Moustaki
Tout d'abord un lien vers un article nous contant, entre autres, l'histoire de cette chanson, (dont le succès a mis quelque temps à s'installer, mais qui a connu aussi de nombreuses reprises, en italien, en espagnol, en catalan, en grec), et surtout les liens entre G. Moustaki et la Grèce...
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La version italienne lo Straniero...
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La version espagnole : El Extranjero
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La version catalane : El metec
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La version grecque de la chanson "Σαν σύννεφο" a été écrite par Lefteris Papadopoulos (Λευτέρης Παπαδόπουλος), un célèbre parolier grec. La musique, quant à elle, est de Georges Moustaki, qui l’avait initialement composée et interprétée en français sous le titre "Les amis de Georges".
C'est Melina Mercouri qui a popularisé la version grecque, notamment dans les années 1970.
"Σαν σύννεφο"
Σαν σύννεφο απ' τον καιρό
Μονάχο μεσ τον ουρανό
Πήρα παιδί τους δρόμους
Περπάτησα όλη τη γη
Μ' ένα τραγούδι στην καρδιά
Και τη βροχή στους ώμους
Μ' αυτά τα χέρια σαν φτερά
Που δεν εγνώρισαν χαρά
Πάλεψα με το κύμα
Κι είχα βαθιά μου μια πληγή
Αγάπη που δε βρήκε γη
Χαμένη μες το κρίμα
Με πρόσωπο τόσο πικρό
Από τον ήλιο το σκληρό
Χάθηκα μες τη νύχτα
Κι ο έρωτας με πήγε κει
Που 'χα στα χείλη το φιλί
Μα συντροφιά δεν είχα
Με την καρδιά μου μια πληγή
Περπάτησα σ' αυτή τη γη
Που είχα να τη ζήσω
Μα μου τα πήρανε μαζί
Το όνειρο και την αυγή
Και φεύγω πριν αρχίσω
Σαν σύννεφο απ' τον καιρό
Μονάχο μες τον ουρανό
Θα 'ρθω ξανά κοντά σου
Μέσα σε κείνη τη βροχή
Που σ' άφησα κάποιο πρωί
Κι έχασα τη ζωή μου
Θα 'ρθω ξανά απ' τα παλιά
Σαν το πουλί απ' το νοτιά
Την πόρτα να χτυπήσω
Θα 'ναι μια άνοιξη πικρή
Που όλα θ' ανοίγουνε στη γη
Κι απ' την αρχή θ' αρχίσω
Θα 'ναι μια άνοιξη πικρή
Που όλα θ' ανοίγουνε στη γη
Κι απ' την αρχή θ' αρχίσω
Comme vous l'aurez compris, la version grecque s'éloigne de la version française initiale...
Comme un nuage poussé par le temps,
Seul dans le ciel,
J’ai pris la route comme un enfant des rues,
J’ai parcouru toute la terre
Avec une chanson dans le cœur
Et la pluie sur mes épaules.
Avec ces mains comme des ailes
Qui n’ont jamais connu la joie,
J’ai lutté contre les vagues,
Mais j’avais en moi une blessure profonde,
Un amour qui n’a jamais trouvé terre,
Perdu dans la faute.
Avec un visage si amer
Brûlé par le soleil impitoyable,
Je me suis perdu dans la nuit.
Et l’amour m’a conduit là
Où j’avais le baiser sur les lèvres
Mais aucune compagnie à mes côtés.
Avec mon cœur en blessure ouverte,
J’ai marché sur cette terre
Que j’étais censé vivre,
Mais ils m’ont pris en même temps
Mon rêve et mon aube,
Et je pars avant même de commencer.
Comme un nuage poussé par le temps,
Seul dans le ciel,
Je reviendrai près de toi
Sous cette même pluie
Où je t’ai quitté un matin
Et où j’ai perdu ma vie.
Je reviendrai du passé,
Comme un oiseau du sud,
Pour frapper à ta porte.
Ce sera un printemps amer,
Où tout s’ouvrira sur la terre,
Et je recommencerai depuis le début.
Ce sera un printemps amer,
Où tout s’ouvrira sur la terre,
Et je recommencerai depuis le début.
(Essai de traduction, soyez indulgents )
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La postérité de Georges Moustaki ne s’y est pas trompée, qui a convoqué « Le Métèque » pour évoquer les questions identitaires de la France du début du xxie siècle. C’est le cas du chanteur Rocé qui s’inspire en 2006 de cette chanson, datant pourtant de 1960, pour évoquer une plasticité identitaire toute contemporaine.
Avec ma tête de métèque de Juif errant d'Musulman
Ma carte d'identité suspecte d'étudiant noir d'rappeur blanc
J'commets l'délit d'faciès à tout lieu et de tout temps
J'sais pas c'que j'suis aux yeux des êtres mais j'sais c'que j'suis sans
Avec ma tête de métèque de Juif errant d'Musulman
Ma carte d'identité suspecte d'étudiant noir d'rappeur blanc
J'commets l'délit d'faciès à tout lieu et de tout temps
J'sais pas c'que j'suis aux yeux des êtres mais j'sais c'que j'suis sans
On dit que les humains s'organisent en tribus
Je titube en passant de l'une à l'autre et je me situe
Au beau milieu du vide dans mon être qui de visu
N'aurait que le besoin de se sentir individu
Mais les patries se soudent et j'glisse entre elles comme un savon
Que les préjugés mouillent mais l'isol'ment forme les bulles qui m'lèv'ront
Et dans ma tête ma propre histoire mon propre jargon
Me rendent seul indépendant et grand garçon
Qui espère ne jamais ah si ils savaient
Faire tant d'manières avoir tant d'fragilité rendant si limité
Quand ils se blottissent dans la chaleur de leur communauté
Que j'aime les regarder dans la froideur d'une objectivité
Le courage en groupe est facile on partage les craintes
Les opportunistes ouvrent leur piste je n'réponds pas à l'appel
Je n'mange pas dans cette gamelle mes pieds n'vont pas dans l'empreinte
Arabe loin d'SOS Racisme et Juif très loin d'Israël
Ô combien ce serait facile de suivre le groupe
N'importe lequel tant qu'j'ai un bouclier d'communauté et de soupe
Mais je redoute qu'on veuille me mod'ler coûte que coûte
Rien à foutre j'rest'rai seul sur la route médisant les troupes
Avec ma tête de métèque de Juif errant d'Musulman
Ma carte d'identité suspecte d'étudiant noir d'rappeur blanc
J'commets l'délit d'faciès à tout lieu et de tout temps
J'sais pas c'que j'suis aux yeux des êtres mais j'sais c'que j'suis sans
Avec ma tête de métèque de Juif errant d'Musulman
Ma carte d'identité suspecte d'étudiant noir d'rappeur blanc
J'commets l'délit d'faciès à tout lieu et de tout temps
J'sais pas c'que j'suis aux yeux des êtres mais j'sais c'que j'suis sans
Je fais partie des nations les plus haïes du monde
Mais avec l'âge j'zappe le monde tout l'monde j'ai une planète dans la tête
Qui a des piques nauséabondes loin d'un pays qui tolère
Car l'identité j'me crée un monde qui l'accepte
Chat botté qui fait tant de lieues pour voir de ses yeux
Près de la terre et loin des cieux je préfère le bas côté
Près de la terre et loin des cieux athée ô Grâce à dieu
Aucun ne m'aurait toléré et lequel je tolérerai
Je m'affirme seul loin de l'entonnoir intégration
Qui m'amput'rait de mes ancêtres pour que je glisse sans frottement
Détacher ma culture et mon nom pour rentrer dans l'rang
C'est l'assimilation et c'est de la mutilation
Et devoir s'intégrer à un pays qui est déjà le sien
C'est flairer se mordre la queue donc garder un statut d'chien
Quand je ne peux séparer les cultures qui m'ont faites un
Me retirer une partie c'est ôter tout l'être humain
Faudra compter dans ce présent à c'que je ne sois un néant
Mais plutôt un exemple vivant avec ce double tranchant
Qui ouvre les plaies encore fraîches d'un pays intolérant
Je n'sépar'rai pas mon être qu'chacun y voie ses démons
Ô combien ce serait facile de suivre le groupe
N'importe lequel tant qu'j'ai un bouclier d'communauté et de soupe
Mais je redoute qu'on veuille me mod'ler coûte que coûte
Rien à foutre j'rest'rai seul sur la route médisant les troupes
Avec ma tête de métèque de Juif errant d'Musulman
Ma carte d'identité suspecte d'étudiant noir d'rappeur blanc
J'commets l'délit d'faciès à tout lieu et de tout temps
J'sais pas c'que j'suis aux yeux des êtres mais j'sais c'que j'suis sans
Avec ma tête de métèque de Juif errant d'Musulman
Ma carte d'identité suspecte d'étudiant noir d'rappeur blanc
J'commets l'délit d'faciès à tout lieu et de tout temps
J'sais pas c'que j'suis aux yeux des êtres mais j'sais c'que j'suis sans.
Avez-vous trouvé votre version préférée ? Après avoir usé jusqu'au fond du rayon mon disque français, je re-découvre la version grecque, subjuguée par la voix grave de Mélina. Et vous ?
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane