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Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.

Le retable d'Issenheim

Le retable d'Issenheim

Pendant que P. gardait gentiment Ckéva, j'ai profité d'une balade à Colmar pour enfin aller voir le Retable d'Issenheim.

Le Retable d’Issenheim est actuellement présenté aux Dominicains, situés à 200 mètres du musée Unterlinden (le temps nécessaire aux travaux de restauration du musée).

Cet événement offre une occasion inédite dans l’histoire des collections du musée d’exposer autour du Retable, l’ensemble de l’oeuvre peinte du maître colmarien Martin Schongauer conservé à Colmar : le Retable d’Orlier (1470 – 1475), le Retable des Dominicains (vers 1480) et la Vierge au buisson de roses (1473). Le Retable de sainte Catherine et de saint Laurent (vers 1510) et des sculptures de la fin du Moyen Âge complètent la présentation (dans un autre article).

"Cela fait près de cinq cents ans que cela dure : le retable d'Issenheim demeure ce chef-d'oeuvre miraculeux frappant les foules par son charisme unique, entre réalisme féroce et fantastique psychédélique. Au Moyen Age, des malheureux gangrenés et pustuleux, venus se faire soigner au couvent d'Issenheim, en Alsace, imploraient l'intercession de saint Antoine, ­réputé pour guérir du mal des ardents. Les frères Antonins d'Issenheim étaient en effet spécialisés dans le traitement de cette maladie provoquée par l'ergot de seigle.

Le polyptyque, refermant les statues d'Antoine et d'autres figures saintes, se présentait sous la forme d'une sorte de grande « armoire » (2,90 m de haut sur 3,30 m de large) dotée de deux séries de doubles battants peints sur les deux faces, ouverts lors des grandes fêtes religieuses.... on reste littéralement sidéré par ce maelström de couleurs insensées, terreuses ou acidulées, ces hybridations des styles (entre gothique et Renaissance), cette fluidité unique qui fait passer du réalisme minutieux (une cotte de mailles, par exemple) au surnaturel le plus fou (les monstres) en toute poésie.

On a longtemps pensé que les panneaux du retable, peints entre 1512 et 1516, étaient l'oeuvre d'Albrecht Dürer, bien qu'un historien ait attribué l'oeuvre, au XVIIe siècle, à un certain Matthias Grünewald, un nom inventé pour l'occasion. L'artiste, dont la biographie est presque inconnue, s'appelait en fait Mathis ­Nithart Gothart (né en Allemagne vers 1475-1480, mort en 1528), mais le nom de Grünewald est resté. On a longtemps cru également que les statues, réalisées par le Strasbourgeois Nicolas de Haguenau, étaient antérieures d'une dizaine d'années à la ­peinture. Une campagne de recherches scientifiques, menée de 2000 à 2004 et suivie par un colloque en 2006, a levé de nombreux voiles sur l'oeuvre sans pour autant en atténuer son aura."

Quelques explications avant de visionner la petite vidéo .....

Le retable fermé : La crucifixion : (Saint Sébastien, Crucifixion, Saint Antoine, Déploration sur le corps du Christ)

Cette présentation était celle des jours ordinaires. Les deux volets encadrant la Crucifixion comportent les représentations de saint Sébastien et de saint Antoine juchés sur des socles tels des statues. Mais, si leurs supports et la colonne de saint Sébastien sont traités en grisaille, les figures, elles traitées en couleurs, paraissent vivantes. La présence de ces deux saints dans la configuration quotidienne du retable permettait aux fidèles de leur demander la protection ou l’intercession sans que le retable fut ouvert. Les deux saints reflètent par ailleurs deux conceptions opposées de la figure humaine : saint Antoine, portant la crosse en forme de tau, son principal attribut, appartient encore au monde gothique, tandis que saint Sébastien, par ses proportions et son rapport au paysage, renvoie à l’art italien.


Panneau central : cette Crucifixion est l’une des représentations du Calvaire la plus poignante[réf. nécessaire] de l’art occidental. L’image du crucifié couvert de plaies devait terrifier les malades, mais aussi les conforter dans leur communion avec le Sauveur dont ils partageaient les souffrances. À la droite du Christ, Marie est soutenue par Jean l’Evangéliste. À sa gauche, saint Jean-Baptiste est accompagné de l’agneau, symbolisant le Christ sacrifié. La présence de Jean-Baptiste est surprenante, car, décapité sur les ordres d’Hérode en l’an 29, il ne peut être témoin de la mort du Christ. Sa place est ici symbolique : considéré comme le dernier des prophètes pour avoir annoncé la venue du Messie, saint Jean-Baptiste est le pendant de sainte Marie-Madeleine, représentée au pied de la croix. La jeune femme a été le premier témoin oculaire de la Résurrection, étape définitive du rachat opéré par l’Incarnation : le matin de la Résurrection, elle s’était rendue au tombeau pour embaumer le corps du Christ. Cette onction doit être mise en parallèle avec le baptême du Christ par saint Jean-Baptiste.


Prédelle : on y retrouve Marie-Madeleine, au visage déformé par la douleur. La Déploration sur le corps du Christ a été considérée comme le dernier panneau peint par Grünewald pour le retable.


Première ouverture : L’accomplissement de la nouvelle loi : (Annonciation, Concert des Anges, La Vierge à l’enfant, Résurrection, Le Christ et les Apôtres.)


Volet gauche : contrairement à la formule très répandue dans la peinture flamande et germanique des XVe et XVIe siècles, Grünewald et/ou le commanditaire n’ont pas choisi de représenter l’épisode de l’Annonciation dans un intérieur, et en particulier dans la chambre à coucher de Marie. L’épisode se déroule ici dans un espace ecclésial, parti pris permettant de sacraliser l’évènement. Le moment où l’archange Gabriel vient annoncer à Marie qu’elle a été choisie par Dieu est aussi celui de l’Incarnation. Ainsi se réalise la prophétie d’Isaïe, personnage indirectement présent dans la scène, au travers de sa représentation en grisaille telle une sculpture décorative dans le décor végétal qui orne la voûte de la chapelle.


Panneau central : l’absence de moulure médiane d’encadrement à l’endroit où se rejoignent les deux panneaux fermant la caisse créé l’illusion d’un panneau central unifié, bien que la composition soit bipartie. D’une part, le Concert des Anges, de l’autre, la Vierge et l’Enfant, séparés par un grand rideau vert sombre. Ce panneau est la partie du retable qui a suscité le plus de commentaires. L’ensemble de la composition est avant tout un hommage à Marie, dont les Anges chantent les louanges et qui s’offre aux fidèles sous plusieurs aspects. Agenouillée sous le baldaquin du Concert des Anges, elle est l’Immaculée Conception mais aussi la Vierge au Temple, avant son mariage. Dans le panneau droit, elle est la Mère du Fils de Dieu qui s’est fait homme. Marie sera enfin la Vierge couronnée par les Anges, accomplissement suggéré à nouveau dans le Concert des Anges par deux anges portant sceptre et couronne au-dessus de la Vierge agenouillée.


Volet droit : cette Résurrection rompt avec les représentations traditionnelles de l’épisode où le Christ est montré tantôt enjambant le tombeau, tantôt se tenant à proximité du sarcophage ou sur son couvercle. Ici, le Christ vivant s’élève dans le ciel : Résurrection et Ascension sont résumées en une image.


Deuxième ouverture :


Le cœur du retable consacré à saint Antoine : Visite de saint Antoine à saint Paul ermite, Saint Augustin et Guy Guers, saint Antoine, Les Porteurs d’offrande, saint Jérôme, L’Agression de saint Antoine par les démons, Le Christ et les apôtres. Le retable ouvert permettait aux pèlerins et malades de vénérer saint Antoine, protecteur et guérisseur du feu de Saint-Antoine ou mal des ardents (maladie récurrente au Moyen Âge en période de disette, causée par l’ergot de seigle, parasite de la céréale). Antoine trône au centre de la caisse, à ses côtés se tient l’emblème de la communauté, le cochon reçu en aumône. De part et d’autre, deux porteurs d’offrandes illustrent ces dons en nature, importante source de revenus pour les Antonins. Cette niche centrale est encadrée par saint Augustin et saint Jérôme, les deux pères de l’Église se tournant vers saint Antoine. Le commanditaire, Guy Guers, est agenouillé aux pieds de saint Augustin. Le volet peint gauche représente la Visite de saint Antoine à saint Paul ermite, racontée dans la Vie de Paul de Thèbes écrite par saint Jérôme et reprise par Jacques de Voragine dans la Légende Dorée. Grünewald a créé un paysage fantastique en opposition avec le calme et la sérénité de la rencontre. Le second panneau trouve sa source dans le texte de saint Athanase relatant la vie de saint Antoine. L’épisode illustre l’agression de saint Antoine par des monstres envoyés par Satan. Dieu, appelé au secours par Antoine, intervient pour combattre le mal. Dans le coin inférieur gauche, l’être aux pieds palmés et au ventre gonflé semble personnifier la maladie causé par l’ergot de seigle, qui se manifestait par des inflammations et des développements ulcéreux. Les bustes sculptés du Christ et des apôtres en prédelle, sans lien avec saint Antoine, assurent la transition avec les autres panneaux du retable.

En conclusion, J. Ferrari commente un volet du retable : la crucifixion....

Sources : Wikipedia, wikimedia et Extraits d'un article de Sophie Cachon - Telerama n° 3028

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