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Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.

L'école viennoise (suite)

Anton Webern par Paul Berkholst

Anton Webern par Paul Berkholst

Anton Webern devient l'élève d'Arnold Schoenberg. Avec Alban Berg qui les rejoint la même année, ils vont constituer bientôt la "nouvelle école viennoise" qui sera déterminante pour l'orientation de la musique et qui va inspirer des dizaines de compositeurs jusqu'à nos jours.

"Langsamer Satz" est une pièce pour quatuor à cordes. Ce genre, né au XVIIIe siècle notamment sous la plume de J. Haydn est depuis ce temps un laboratoire d'expérimentation pour les compositeurs. Son écriture est très exigeante. Elle se doit d'être rigoureuse, donnant tous ses effets avec seulement quatre voix proches en timbres : violoncelle, alto et deux violons. Aucun effet facile ne peut y être toléré, on ne peut enrober une proposition faible sous un camouflage stylistique, tout y est immédiatement exposé à nu. Pour les interprètes aussi, il s'agit d'un art de haute voltige, chacun assumant le rôle d'un soliste, dans un ensemble qui doit pourtant sonner comme un tout uni, quasiment orchestral.

"Langsamer Satz" Les voix s'enchevêtrent fréquemment en de denses polyphonies aux lignes courtes empruntées au thème initial, complexifiées par les modulations incessantes auxquelles se livre le compositeur qui entraînent de nouvelles explosions sonores, ou de brefs retraits avant une nouvelle vague de passion.

Pour l'heure, l'oeuvre est littéralement débordante d'effets sonores, le romantisme y trouve ses limites, au bord de la dissolution, un point de non-retour qu'il faudra bientôt dépasser pour trouver un nouveau chemin, alors tout proche avec : Im sommerwind, idylle pour grand orchestre et Six pièces pour orchestre.

Laissons Gérard Condé de la Maison de la radio nous présenter le Concerto à la mémoire d'un ange.

"Composé d’avril à août 1935 à Vienne puis sur les rives du Wörthersee, le concerto pour violon de Berg fut créé le 19 avril 1936 à Barcelone. Le Concerto à la mémoire d’un ange, est un hommage posthume à une « belle adolescente rieuse et grave à la fois », Manon Gropius, fille d’Alma et du célèbre architecte Walter Gropius, morte à dix-huit ans de paralysie infantile, le 22 avril 1935. C’est naturellement à la mère que s’adresse ce requiem instrumental avec, à travers elle, une référence à Mahler lui-même tant par l’alliage du tragique et du style populaire autrichien que par un langage délibérément composite. Berg, que cette mort avait vivement impressionné, en reporta le choc sur la commande que lui avait faite le violoniste Louis Krasner, en février 1935, d’un concerto pour son instrument. Berg mit de côté le travail d’orchestration du troisième acte de Lulu dans lequel il était alors plongé et découvrit peut-être, dans l’urgence de créer (au lieu d’orchestrer), que le germe musical de ce concerto pouvait se trouver dans une page pour violon seul, composée une dizaine d’années plus tôt et laissée inachevée. Dans cette esquisse, toujours inédite, se trouvent en effet plusieurs idées qui alimenteront le concerto. Son point de départ, notamment, qui consiste à faire sonner successivement, à vide, les quatre cordes du violon, comme s’il s’agissait de révéler l’essence même de l’instrument avant que la main gauche – qui aura fort à faire par la suite – ne se mêle d’y introduire vibrato et virtuosité. C’est d’une naissance qu’il s’agit, et l’on peut penser que les allusions au folklore de Carinthie dont se nourrit la seconde moitié (Scherzo) du premier des deux mouvements enchaînés, sont à l’image d’une enfance insouciante, jusqu’à ce que les coups fatals de la mort, au milieu du second mouvement, ne fassent basculer toute l’effervescence d’un jeu violonistique brillant, parfois acrobatique, dans un adagio final où la citation d’un choral de Bach (« Es ist genug », « C’est assez ») apporte un apaisement religieux... et tonal. Car dans cette œuvre, comme dans Lulu, Berg concilie les acquisitions du principe schoenbergien de « composition avec douze sons » et les polarités attractives qui font la force du langage tonal : la « série » de douze sons qu’il a élaborée pour ce concerto porte en elle les accords parfaits des quatre tonalités liés aux quatre cordes du violon (sol, ré, la, mi) et, pour faire bonne mesure, quatre notes formant le début d’une gamme par tons entiers, gamme qui suspend la tonalité sans la détruire et par laquelle débute le choral de Bach."

sources :

Guillaume Kosmicki - Musiques savantes de Debussy au mur de Berlin (Le mot et le reste)

http://www.musicme.com

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