Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
9 Janvier 2015
Besoin d'oublier ce flux continu d'informations tournant en rond pour constater l'indicible, marcher et respirer pour enfouir ce chagrin, cette perte immense, cette peur...
Après la tempête de ce matin, aussi bien médiatique que météorologique, le soleil a déchiré ce voile de peur. Direction Kerlouan donc pour se laver la tête.
La plage avait été lessivée par les intempéries matinales et luisait, immaculée, sous les rayons du soleil. Seules deux petites silhouettes disparaissaient au loin sous le phare. J'ai lâché Ckéva, qui sensible à mon humeur ne s'éloignait guère et revenait sans cesse en arrière pour s'assurer que j'avançais.
Au bout de la dune, j'ai descendu le grand escalier métallique que le sable avait envahi. Je cherchais des yeux les huitriers pies que j'avais observés lors de mon dernier passage et m'approchais du bord de l'eau. Un bécasseau sanderling s'envola à mon approche. Je sentis un mouvement d'oiseau dans les rochers sans percevoir vraiment de quelle espèce il s'agissait.
Utilisant le zoom de mon apn comme une jumelle, j'aperçus un héron cendré qui venait de pêcher un poisson rougeâtre et qui l'agitait frénétiquement dans son bec, le posant sur le rocher, le ressaisissant, le triturant. En fait je crois que beaucoup d'espèces animales jouent avec leur proie avant de l'avaler.
Soudain Ckéva apparut à mes pieds, aboyant comme une furieuse, m'encerclant de plus en plus près pour me faire reculer. L'eau m'encerclait et je ne le sentais pas, protégée par mes bottes. Nouvelle facette de sa personnalité, elle se prenait pour un chien sauveteur...
Je reculais de quelques pas, contrariée, de m'éloigner et continuais cependant à filmer et à photographier le repas du héron.
A mon retour, la réalité de cette journée me rattrapa, mais sous une forme intelligente cette fois.
France Culture avait décidé de re-diffuser des entretiens de Cabu et Wolinski (A voix nue). Les ré-entendre raconter leur vie avec ce détachement et ce sens de l'auto-dérision a apaisé mon chagrin.
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane