Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
15 Août 2016
Notre journée n'aurait pas été complète sans la visite de la chapelle Ste Barbe située au Nord du Faouët. L'immense parking à l'entrée du site laisse présager une fréquentation importante pour ce site. Première surprise, on n'aperçoit pas la flèche de la chapelle. La chapelle se trouve en contrebas, posée en bas d'une falaise, reliée au plateau par d'imposants escaliers construits au XVIIIe siècle.
A la fin du XVe siècle, le cadet des seigneurs de Locmalo, Jean de Toulbodou quitte son manoir de Guidfoss en Plouray pour aller chasser. Alors qu'il se trouve sur les terres de Jean de Boutteville, seigneur du Faouët, il se fait surprendre par un orage d'une rare violence. Les gigantesques rochers qui l'entourent sont frappés par la foudre. Des quartiers de roches se détachent de la paroi verticale. Gagné par une extrême frayeur, Jean de Toulbodou voit sa fin approcher et prie alors Sainte Barbe, ordinairement invoquée pour se protéger du feu et de la foudre. Il lui promet, si elle le sauve, de lui ériger une chapelle en ce lieu. L'orage prend fin soudainement, Jean de Toulbodou est exaucé. Fidèle à sa promesse, il entreprend la construction de cette chapelle le 6 juillet 1489 en cet endroit si exigu. Elle s'achèvera en 1512. On retrouve en inscription gothique la date de commencement sur la console d'une statue placée dans le transept est. La date d'achèvement, quant à elle, figure sur un phylactère tenu par un ange ornant une clé de voûte.
En arrivant sur le site de la chapelle, on découvre le campanile abritant une cloche ayant pour vertu d'éloigner la foudre. Les marches d'un escalier monumental mènent à l'oratoire Saint-Michel puis à un ossuaire encastré dans la roche et enfin à la chapelle.
Cette chapelle est certainement dans la position la plus extraordinaire qu'on puisse imaginer ; elle est accrochée au flanc de la montagne du côté le plus abrupte, et comme suspendue au dessus de ce vallon de l'Ellé. Il est impossible de rendre par la description la singularité de la construction de cette église, à laquelle on parvient, une fois arrivé sur le plateau de la montagne, par de larges et beaux escaliers en granit dont les degrés gravissent le roc, puis redescendent la rampe opposée et vous conduisent à la porte de la chapelle posée entre les rochers, comme un oiseau dans son nid. L'emplacement est si étroit qu'il a été impossible d'orienter la chapelle de l'est à l'ouest, comme le sont les autres églises ; elle l'est du sud-est au nord-ouest, et, par une autre singularité, la porte principale étant au sud-ouest, le maitre-autel a été placé vis-à-vis, c'est-à-dire au nord-est, et se trouve ainsi adossé, contre tout usage, à l'un des grands côtés de l'édifice
La chapelle possède de nombreux pinacles à gargouilles surmontant des contreforts. La tourelle d'escalier hexagonale fait office de clocher. La façade occidentale est ouverte par deux portails composés chacun de deux portes jumelées..
A l'intérieur, on remarque, comme dans l'église Notre-Dame à Kernascléden, une voûte en pierre sur croisées d'ogives, une exception pour l'époque où presque toutes les voûtes étaient en bois. Les armes des Boutteville et des Toulbodou, seigneurs fondateurs, sont présentes sur de nombreux écus de la voûte, ainsi que sur certains vitraux. Différentes scènes de la vie de Sainte Barbe figurent sur les vitraux du chœur de la chapelle. La tribune, supportée par trois colonnes, était réservée aux seigneurs fondateurs.
Quand on entre dans la chapelle, on est surpris par la luminosité due aux nombreux vitraux ornant son transept.
J'ai aimé la naïveté des ex-votos accrochés sous la tribune et l'originalité des oeufs d'autruche tel un collier au cou de Ste Barbe. Bien sûr, internet, et plus particulièrement Ouest-France m'a permis de trouver les explications concernant ces ex-votos originaux, de même que l'origine des tapis de prière s'entassant au pied de Ste Barbe endormie.
Quant à la fontaine en contrebas, nous n'aurons pas le temps d'y descendre. L'heure du retour a sonné. Mais je vous propose d'admirer le tableau qu'en fit Henri Barnouin, évoquant la tradition des jeunes filles venant y jeter leur épingle à cheveux. Si l’épingle tombait dans le bassin, le mariage se ferait dans l’année.
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