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Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.

Visites-Eclair au Musée de Brest

C'est en vérifiant les horaires d'ouverture sur le site du musée, que j'ai découvert cette nouvelle proposition de médiation.

Trois oeuvres très différentes présentées par une conservatrice du musée pendant 15 à 30 minutes, selon l'intérêt du public et le nombre de questions posées. Plus la visite avance, plus l'appréhension des visiteurs devant la prise de parole s'évanouit et plus les échanges entre médiatrice et auditoire se prolongent et s'approfondissent.

Cette visite commentée, ainsi que l'accès au musée sont proposés gratuitement le premier dimanche du mois.

Hier alors que la météo invitait à une balade en bord de mer, un public d'habitués se pressait à cette visite, sachant où trouver les petits pliants pour profiter confortablement de l'exposé de la conférencière.

Allégorie de la peinture - Jean Raoux (1732)
Allégorie de la peinture - Jean Raoux (1732)

Allégorie de la peinture - Jean Raoux (1732)

Ce choix très éclectique d'oeuvres d'art est bien sûr un moyen de faire découvrir au public l'étendue de la collection proposée par le musée et de l'attirer vers des tableaux, qu'il rechigne à regarder, faute d'information ou parce qu'il pense qu'il faut être formé en histoire de l'art pour pouvoir les apprécier.

L'approche interactive proposée par la conférencière permet une approche moins didactique de  l'histoire de l'art, plus ludique.

Le premier tableau choisi pour cette visite-éclair représentait une allégorie de la peinture réalisée par Jean Raoux, un peintre très célèbre au 18e siècle, puis complètement oublié jusqu'à ce que le musée Fabre ne le sorte de l'oubli

Je vous invite à lire également le texte en annexe réalisé par le service éducatif du Musée Fabre, Anne Dumonteil et Aline Palau Gazé.

Quand on me fusillera - Yves Tanguy (1927)
Quand on me fusillera - Yves Tanguy (1927)

Quand on me fusillera - Yves Tanguy (1927)

Bond dans l'espace et dans le temps avec la deuxième oeuvre retenue : un tableau surréaliste d'Y. Tanguy.

C'est en voyant cette oeuvre de Chirico qu'Yves Tanguy décide de devenir peintre. Ce tableau sera ensuite acquis par André Breton à qui le Moderna Museet l'achètera.

Le cerveau de l'enfant de G. de Chirico

Le cerveau de l'enfant de G. de Chirico

Le tableau d'Y. Tanguy permet à la conférencière de présenter le mouvement surréaliste et comment on peut approcher cette période artistique.

Au début du siècle, les nouvelles théories de Freud sur l’inconscient et l’analyse des rêves intéressent et fascinent nombre d’intellectuels. Cette nouvelle approche de la personnalité de l’individu et de l’être ouvre de nouvelles perspectives aux artistes qui voient à travers la création artistique une excellente manière d’explorer davantage ce monde énigmatique et intérieur qu’est le MOI.

Mais les surréalistes ne cherchent pas à interpréter les rêves ou l’inconscient. Ils les révèlent esthétiquement. C’est une sorte de création du rêve à travers la peinture. D’ailleurs, les artistes de ce mouvement tentent de se mettre en état de rêve pour créer. Leurs tableaux sont une expression du fonctionnement de la pensée.

La première exposition de peintres surréalistes a lieu en 1925 à la gallérie Pierre et regroupe De Chirico, Klee, Arp, Ernst, Man Ray, Miró, Picasso et Roy. En 1928, Breton publie « le Surréalisme et la peinture » où il écrit « Il m’est impossible de considérer un tableau autrement que comme une fenêtre dont mon premier souci est de savoir sur quoi elle donne… Et je n’aime rien tant que ce qui s’étend devant moi à perte de vue; » Il se réfère à un modèle « purement intérieur » et cite des peintres tels Picasso, Miró, Ernst, Masson, Tanguy, Arp, Picabia, Man Ray, les premiers à se joindre au mouvement.

Sur des fonds laiteux, vagues, brumeux ou opalescents et illimités, Tanguy place des formes soigneusement reproduites, en partie d’animaux, en partie mécaniques, qui évoquent des objets qui n’existent pas dans le monde réel.

Visites-Eclair au Musée de Brest
Visites-Eclair au Musée de Brest

Remontée dans le temps mais rapprochement géographique avec la dernière toile présentée : la troisième bataille d'Ouessant de Louis-Ambroise Garneray.

Après avoir retracé la vie aventureuse de Gameray, qui explique sa parfaite connaissance de la vie maritime et son habileté à la traduire sur ses toiles, la conférencière nous présente le contexte historique de cette peinture d'histoire : L'expression d'une volonté propagandiste visant à conforter le rôle héroïque de la marine française à l'époque troublée de la révolution française avec le récit d'une victoire française contre le blocus organisé par la marine britannique.

Marin et corsaire, Garneray est aussi connu comme un auteur de romans maritimes. Le marin devient peintre en 1814 et obtient le titre de Peintre de la Marine, corps qui ne sera officiellement créé qu’en 1830.

A noter,  la conférencière nous renvoie pour plus de détails sur l'histoire de la bataille navale à l'article très détaillé publié sur le sujet par l'ami wiki.

Cette peinture complète la collection de marines du musée  : Crépin, Isabey, Gilbert, Tanneur.

Notre médiatrice nous invitera d'ailleurs à aller observer le tableau de Gilbert décrivant la bataille de la Cordelière.

"La toile de Pierre-Julien Gilbert présente un combat naval emblématique qui s’est produit trois siècles plus tôt. Bien qu’apparenté aux marines, ce tableau de grand format constitue sans nul doute une peinture d’histoire par son sujet. La Cordelière est un navire construit en 1498 sur ordre d'Anne de Bretagne aux chantiers de construction navale près de Morlaix. Le 10 août 1512, lors de la fête de Saint Laurent, une réception est organisée sur la Cordelière alors que les Anglais, commandés par l'amiral Howard, s'apprêtent à débarquer à la pointe Saint-Mathieu en rade de Brest, après avoir ravagé la presqu'île de Crozon. Hervé de Portzmoguer, capitaine de la Cordelière en est averti et, à la demande d'Anne de Bretagne, il lève l'ancre vers l'ennemi, amenant à son bord les invités de la réception. À la sortie du port de Brest, la Cordelière se retrouve seule. L'engagement est d'une grande violence, la Cordelière est accrochée par les grappins du vaisseau anglais Regent et l'abordage est féroce, avec un corps à corps particulièrement meurtrier. Portzmoguer entrevoit alors la défaite et décide d’incendier son
navire et, par là même, celui des Anglais. Il prépare son équipage et ses invités à mourir par cette phrase : « Nous allons fêter saint Laurent qui périt par le feu ! ». Les deux navires coulent, emportant avec eux plus de deux mille âmes, dont celle de Portzmoguer.
Pierre-Julien Gilbert est dessinateur et professeur de dessin à l’école navale de Brest. Ce tableau est un don fait au musée par Monsieur Travers, commissaire de la marine, en 1876. La toile a sans doute un lien avec l’administration de la Marine à Brest, qui la détenait. À travers la mémoire du combat représenté, ce tableau tient une place particulière dans l’histoire maritime de Brest." 

 

Visites-Eclair au Musée de Brest
Visites-Eclair au Musée de Brest
Visites-Eclair au Musée de Brest

La médiatrice fera écho également au Naufragé, autre oeuvre de Garneray nous invitant à observer la lutte désespérée d'un homme dans une mer déchaînée face à une vague qui menace de l'engloutir.

"Le Naufragé montre la lutte désespérée d’un homme contre la mer déchaînée, alors qu’une vague va l’engloutir. Pris dans la tempête, sous un ciel plombé et menaçant, un homme s’agrippe à une planche, tandis que des oiseaux de mer tournoient autour de lui. Dans une variation de tonalités vertes pour la mer et dans un camaïeu de gris-bleu pour les nuages, l’artiste s’éloigne du réalisme maritime et ethnographique qui a fait sa notoriété. Il propose ici une vision romantique de l’homme perdu au sein d’un milieu hostile : la pleine mer, loin des côtes et des rochers, souvent représentés dans les scènes de naufrages. Implorant le ciel dans un geste de désespoir, la frêle silhouette de l’homme n’est rien face à l’immensité de la mer et du ciel, qui occupent tout l’espace de la toile."  
 

Visites-Eclair au Musée de Brest
Visites-Eclair au Musée de Brest
Visites-Eclair au Musée de Brest
Visites-Eclair au Musée de Brest

La conférencière en profitera  pour nous expliquer la notion de sublime dans l'art et nous inciter à aller voir à quelques pas une autre expression du sublime avec une éruption du Vésuve...

 

Pierre-Jacques Volaire (Toulon, 1729 – Naples, 1799)  L’éruption du Vésuve 1771

Pierre-Jacques Volaire (Toulon, 1729 – Naples, 1799) L’éruption du Vésuve 1771

"Originaire de Toulon, le chevalier Volaire se fixe définitivement à Naples en 1769. Après avoir lui-même assisté à l’éruption du volcan en 1767, il devient le peintre spécialiste du Vésuve. Cette œuvre, acquise par le musée en 1982, est un exemple, parmi beaucoup d’autres, d’une de ses éruptions qui lui valurent son immense réputation. Élève de Joseph Vernet, il mêle dans ses toiles le pittoresque et le sublime, à travers des effets d’éclairage lunaire ou artificiel. L’admiration tranquille portée à l’éruption par le groupe de personnages sur le quai au premier plan est à rattacher à la mode des souvenirs touristiques à laquelle sacrifiait l’aristocratie de toute l’Europe. Informée des éruptions du Vésuve qui ont lieu régulièrement depuis que le volcan s’est réveillé au 17e  siècle, elle commandait aux peintres védutistes ce type de souvenirs de voyage." 

Ainsi, la boucle est bouclée : aiguiser la curiosité du visiteur en lui proposant une nouvelle approche de toiles devant lesquelles il serait passé sans s'arrêter.....

Pour tout savoir des prochaines visites-éclair ou autres médiations proposées par le musée, c'est ici.

 

 

Sources : documents pédagogiques mis à disposition sur le site du musée.

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