Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
20 Septembre 2020
Je vous l'avais annoncé, il y a si longtemps, et puis le covid est arrivé, obligeant musées et fondations à repousser leurs expositions pour les adapter aux nouvelles conditions sanitaires.
Il convient de saluer la simplicité et l'efficacité de la plate-forme mise en ligne par le FHEL pour réserver sa place et choisir son créneau horaire.
Une innovation : pour accompagner cette exposition, un petit guide connecté est proposé offrant du contenu supplémentaire évoluant au cours de l'exposition...
L'exposition se décompose en trois thèmes : sujets, formes et thèmes.
L'univers d'E. Bilal s'appuie sur un socle de sujets alimentant l'ensemble de son œuvre : de ses bandes-dessinées à ses longs-métrages, en passant par ses peintures : l'humanité, la ville et l'architecture, le cosmos, la machine et l'animal en sont les figures majeures.
l'humanité
Tout au long de l'exposition, les œuvres d'E. Bilal sont mises en résonance avec d'autres artistes, (dessinateurs, sculpteurs, cinéastes...) par exemple, ci-dessous, avec des statues d'Antoine Bourdelle, qui met l'homme et la femme au cœur de sa création.
J'ai particulièrement apprécié la genèse de cette statue à laquelle il donne le visage de sa première épouse (dont il divorce en 1904) et la silhouette de son modèle (qu'il épouse en 1918)....synthèse de la femme parfaite ?!
la ville
Le cosmos est toujours présent dans l'oeuvre d'E. Bilal. E. Bilal rappelle en permanence que la Terre est une planète dans une galaxie du Cosmos.
La machine
L'animal
Le style d'Enki Bilal retient tout de suite l'attention depuis ses premières publications au milieu des années 1970, au dessin précis et fouillé, jusqu'à aujourd'hui, où sa facture témoigne d'une grande liberté. La construction du récit a changé, l'iconographie a évolué.
Le dessin
avec encore la mise en résonance très intéressante du dessin de Bilal avec l'oeuvre de Gustave Doré.
La composition
A dater de 1998, E. Bilal change sa manière de composer, en rendant chaque image autonome. E. Bilal utilise tous les registres, du panoramique au gros plan.
La couleur
Elle joue un rôle important dans l'œuvre., contribue à l'intensité des scènes, se trouve privilégiée au point de devenir un leitmotiv : la couleur bleue...
La grisaille
E. Bilal se passe de la couleur et confie le rendu au crayon gras, dessinant sur un papier teinté relativement foncé, bleu ou beige.
L'oeuvre d'E. Bilal est parcourue de grands thèmes universels : violence ; violence physique aux meurtres, à la guerre jusqu'à la catastrophe finale.
Résonance encore avec les dessins de Jacques Callot
ou ceux de Francisco de Goya. Lire ici l'explication (en espagnol) de ce curieux dessin.
Le thème de la métamorphose est récurrent dans la vision d'E. Bilal. Les animaux changent de statut. L'hybridation devient un programme.
La politique et l'ordre du monde avec au centre l'homme retiennent toute l'attention d'E. Bilal. Il a décrit l'état de l'empire soviétique. Il a anticipé le devenir du mur de Berlin et a compris la montée de l'obscurantisme religieux et montré l'instauration du terrorisme islamiste.
la Géopolitique
A la fin, l'espoir réside cependant dans les êtres humains et dans un monde où les règnes seront unis. C'est le sens des tableaux d'E. Bilal aux compositions détachées de tout contenu narratif.
l'intimité
Mon coup de coeur va à l'installation présentant trois peintures inédites réalisées pour l'exposition. E. Bilal, invité par les éditions Stock au Musée National Picasso-Paris, écrit "Nu avec Picasso"
Cette commande du musée Picasso, n'aurait pu exister, sans la demande première du musée du Louvre, illustrée ci-dessus et présentée ci-après.
En conclusion, une exposition extrêmement intéressante, vue dans des conditions idéales. La librairie éphémère est toujours aussi attrayante et les médiatrices culturelles à notre écoute.
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane