Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
5 Mars 2021
Autre découverte lors de notre périple : Airvault et son ancienne Abbatiale. C'est un pur hasard que nous soyons passés par cette petite ville : juste la programmation de notre GPS, qui à notre demande, privilégie les parcours hors autoroute, depuis que Petit Loup nous accompagne. Il est beaucoup plus agréable de prévoir une halte dans un joli village, plutôt que sur une aire d'autoroute encombrée et trop souvent sinistre....
En apercevant la façade de l'Eglise abbatiale Saint Pierre, dans la commune d'Airvault dans les deux-Sèvres, nous avons décidé d'y faire halte.
Cette place s'appelait autrefois la Place du Minage, nom d'une taxe sur les céréales perçue par les seigneurs. Elle s'appelle désormais la Place Saint Pierre dédiée à l'apôtre comme l'église abbatiale. Le long de cette place sont érigées les halles reconstruites au XIXe.
C'est à la fin du 10e siècle qu'une première abbaye est fondée, à proximité du Thouet. Un siècle plus tard, le monastère est réformé par Pierre de Saine-Fontaine qui instaure la règle des chanoines réguliers de saint Augustin. La construction d'une nouvelle église, qui semble avoir été entreprise vers 1070, s'achève vers 1150. Un important remaniement intervient au cours du premier tiers du 13e siècle : le vaisseau central de la nef et le chœur sont couverts de voûtes d'ogives ; des fenêtres hautes sont aménagées dans les murs du vaisseau central de la nef.
L'église Saint-Pierre est construite selon un plan en croix latine que l'on retrouve assez fréquemment dans les églises des principales abbayes poitevines des 11e-12e siècles : longue nef à vaisseau central et collatéraux, transept à chapelles orientées et chœur à déambulatoire sur lequel ouvrent trois chapelles. Cependant, la nef présente la particularité d'être précédée par une entrée monumentale ; celle-ci est composée d'un porche surmonté d'une tribune.
La sculpture est très présente à l'intérieur de l'église. Dans la nef, les chapiteaux des piliers sont agrémentés d'un riche décor diversifié : des animaux, des feuillages, des sirènes, une scène de banquet qui est parfois identifiée aux noces de Cana, des soldats combattants, des chevaliers... Les chapiteaux sont encadrés de statues, personnages debout portant parfois des livres. Ces sculptures constituent une particularité du décor de la nef d'Airvault. Dans le chœur, on peut notamment remarquer deux chapiteaux historiés. L'un d'entre eux est consacré à Adam et Ève ; sur le second sont représentés les travaux aux champs.
L'église conserve également, dans le bras nord du transept, le tombeau de Pierre de Saine-Fontaine. Celui-ci est porté par quatre atlantes. Il est orné, sur sa face principale, de neuf personnages sous arcade et, sur l'un des côtés, d'une maquette d'église qui rappelle le rôle constructeur de l'abbé.
Les sculpteurs sont également intervenus à l'extérieur de l'édifice, notamment sur la façade. Celle-ci est structurée en trois travées par des contreforts-colonnes ; elle est divisée en deux registres horizontaux surmontés d'un pignon. Au rez-de-chaussée s'ouvre le portail central, encadré par deux arcades aveugles. Ce portail est orné des Vieillards de l'Apocalypse, sculptures restituées lors de la restauration menée dans les années 2000. À gauche du portail, au niveau supérieur, une arcade abrite les vestiges d'un cavalier qui domine le décor. Ce cavalier représente l'empereur Constantin.
Unique en Poitou pour son importance et son décor, le narthex a été construit en même temps que la façade-écran, au début du XIIe siècle. A l’intérieur se trouve le portail initial de l’église datant du XIe siècle
L'intérieur est richement décoré : nombreux chapiteaux historiés, superbe chœur entouré de ses chapelles rayonnantes, voûtes gothique de style Plantagenêt, tombeau sculpté du 1er abbé Pierre de Saine-Fontaine, mort en 1110...
Pour une visite détaillée et illustrée, cliquez ici
La nef se déroule sur 34 m divisée en sept travées par des piles cantonnées de quatre colonnes engagées.
Les collatéraux ou bas-côtés.. Ils possèdent une voûte romane en berceau plein cintre. L’appareillage du mur sud est d’origine, contrairement à celui du mur nord, refait au XIXe siècle.
Le Choeur est la partie la plus ancienne de l’abbatiale construite dès le XIe siècle. Le choeur est délimité par un rond-point de colonnes massives et ceint d’un large déambulatoire qui comporte trois chapelles rayonnantes contiguës, solution rare à l’époque.
Les chapiteaux sont de véritables livres de pierre. Scènes bibliques, bestiaires fantastiques et motifs végétaux se côtoient afin d’enseigner la religion et guider les fidèles vers le salut.
Le cénotaphe du premier abbé Pierre de Saine Fontaine mort vers 1110 Neuf personnages se tiennent sous des arcs. Il s’agirait du Christ et huit de ses apôtres partant évangéliser le monde.
Le retable du maître autel roman du début XIIe siècle
Le Christ est représenté dans une mandorle, entouré des symboles des quatre évangélistes (l’homme de saint Matthieu, l’aigle de saint Jean, le lion de saint Marc et le bœuf de saint Luc).
De part et d’autre se tiennent sous des arcs saint Jean Baptiste, saint Pierre, saint Paul et saint Jean l’évangéliste.
Avant de quitter l'Abbatiale, une petite vidéo pour en découvrir quelques détails entre autres l'orgue à cylindre....
En contrebas de l'église, on aperçoit des traces de l'ancien cloître : traces des galeries de l'ancien cloître et chapiteaux historiés au niveau des fenêtres.
Pendant ce temps là, Petit Loup patiente avec Monsieur P.
Puis nous montons au vieux château (qui est une propriété privée). Ce monument serait vraisemblablement un des rares exemples de l'architecture militaire des XIe et XIIe siècles. De cette époque datent les deux tours découronnées et la tour-porte. Les bâtiments à l'intérieur de la cour datent du XVe siècle.
Une autre belle maison à façade ouvragée en face des Halles.
Quand la pandémie sera derrière nous, il faudra y retourner pour visiter l'Abbaye-musée actuellement fermé.
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