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Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.

Une lettre - Titos Patrikios - Ένα γράμμα - Τίτος Πατρίκιος,

Michel Volkovitch nous présente Titos Patrikios :


À seize ans, Tìtos Patrìkios combat l'occupant allemand ; à vingt ans, pendant la Guerre civile, il est déporté pendant deux ans par la droite victorieuse ; à quarante ans, fuyant la dictature militaire, il doit s'exiler à Paris, où il avait fait ses études. Si Patrìkios apparaît comme l'un des meilleurs témoins de son temps, c'est d'abord qu'il a longtemps été aux premières loges, et parfois sur la scène. Toutes ces épreuves, ces exils ont aiguisé chez lui la clairvoyance et l'ouverture d'esprit. Sans doute a-t-il perdu les illusions de sa jeunesse (il a même été parmi les premiers communistes à ouvrir les yeux), mais sans jamais basculer dans le cynisme, l'indifférence et le confort intellectuel. Cet homme que l'entrée des chars soviétiques à Prague en 1968 rendit littéralement malade a conservé une attention extrême aux événements du monde, et le don d'en souffrir.

On pourrait voir dans les poèmes de Patrìkios les traces d'un parcours, les étapes d'un apprentissage —tel est d'ailleurs le titre, emprunté à l'un de ses livres, que j'ai donné au choix de poèmes paru en édition bilingue dans la série Desmos/Cahiers grecs. Les poèmes y sont présentés avec leurs dates et sans les noms des recueils, comme les feuillets d'un vaste et unique journal de bord qui s'étendrait sur près de quarante années.

pour lire la suite de cette présentation, c'est ici

Felix Vallotton - la lettre

Felix Vallotton - la lettre

Ένα γράμμα


Σαν ένα γράμμα έγινε η ζωή μας
με κάποιο μήνυμα πολύ σπουδαίο
που χάθηκαν μέσα στα κύματα τους πρόσφυγες
κι ο αποστολέας κι ο παραλήπτης.
Όμως το γράμμα πάει κι έρχεται
από ταχυδρομείο σε ταχυδρομείο
χωρίς κανένας να τ’ ανοίξει
χωρίς κανείς να το πετάξει
πάντα με την επιγραφή στο φάκελο “επείγον”
και τα ξεθωριασμένα ονόματα στις δυο πλευρές
που μόνο οι ταχυδρομικοί τα λένε πια
όπως προσφέρουν οι σοφοί στα εργαστήρια
ονόματα οργανισμών που εξαφανίστηκαν.

Τίτος Πατρίκιος,

UNE LETTRE


Notre vie est désormais une lettre

porteuse d'un important message

dont l'expéditeur et le destinataire

se sont perdus parmi les vagues de réfugiés.

Pourtant la lettre va et vient

d'un bureau de poste à l'autre

sans que nul ne l'ouvre

sans que nul ne la jette

barrée toujours de la mention «urgent»

avec les noms pâlis des deux côtés

que les postiers seuls prononcent

comme les savants dans les laboratoires

disent les noms d'espèces disparues.

 

Traduction : Michel Volkovitch

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