Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
9 Mai 2022
Ivan Kramskoï (1837-1887), Mina Moisseyev – 1882 – Huile sur toile – 57 x 45 cm – Musée Russe, Saint-Pétersbourg
J'ai acheté, il y a quelques années déjà, ce tableau (une copie) à une vente aux enchères. Seule indication de l'expert : il s'agit d'un travail de copie, effectué dans un musée, d'un peintre russe....Les quelques notions concernant la copie d'œuvres d'art, acquises en cours d'histoire de l'art, m'avaient appris, que pour être "autorisée", la copie ne devait pas reprendre le format de l'original....J'ai donc cru, très longtemps, que ce portrait, représentait un détail d'un tableau plus important...
Je n'avais pas réussi à identifier ce portrait, car partant d'une fausse hypothèse. Je suis très loin du savoir- faire de Madame Petits Maîtres et de ses enquêtes pointues sur Virginie Géo-Rémy, par exemple.
Le hasard d'une recherche d'illustration basée sur les mots clés "représentation apiculteur dans la peinture" m'a fait découvrir le nom du peintre et le titre du tableau grâce à l'ami wiki
Il s'agit d'un tableau de la série des portraits de paysans réalisés par Kramskoï, parmi lesquels on trouve "Le Meunier" (1873 ; Galerie Tretiakov), "Le Garde-forestier" (1874 ; Galerie Tretiakov), "Le Contemplateur" (1876 ; Musée national de peinture de Kiev), "Mina Moisseyev" (1882 ; Musée russe)....
Je cite ici une analyse du tableau proposée par SBP sur le blog Coup d'Oeil
Quelque part en Sibérie – ou peut-être dans les confins de l’Oural – un paysan pose devant un peintre. Le réalisme et la chaleur de son sourire le rendent encore plus présent, plus vivant dans l’ombre esquissée de son isba. Une lumière de fin d’été éclaire son visage raviné et caresse derrière lui un mur de planches enduites. On devine, à portée de main, une théière brûlante posée sur un samovar au-dessus d’un poêle. L’odeur du thé qui infuse flotte dans l’atmosphère. Le peintre triture sa palette, en prélève un agrégat de pâte myosotis qu’il dépose par touches vibrantes sur la toile. Son modèle rayonne de gentillesse et de sérénité, les traits imprégnés d’une sagesse ancestrale : celle du moujik de conte russe à tunique traditionnelle, trop longtemps réduit à une silhouette courbée sous le poids des fagots.
Mina Moisseyev est un paysan comme il en existe des millions dans cette Russie de la fin du XIXe siècle. Le servage a été aboli vingt ans plus tôt par le tsar « libérateur » Alexandre II. La plus grande partie de la population vit à la campagne, catégorie indéterminée répartie en quatre strates allant du simple ouvrier agricole au koulak propriétaire terrien. Mais la paysannerie russe demeure dans son ensemble une masse anonyme et informe sans destinée particulière. Pour la première fois, un peintre lui donne un visage et une identité.
Je vous invite à lire la suite de l'analyse ici
Ironie de l'histoire contemporaine...mes recherches m'apprennent qu'il existe un second portrait de Mina Moisseyev intitulé "le paysan avec le licol" et conservé (et protégé, espérons-le) au musée national de «La galerie d'art», Kiev
I. Kramskoi - Paysan avec un licol (il s'agit du même Mina Moisseyev). Musée national de la galerie d'Art à Kiev
Quelques recherches sur le peintre I. Kramskoï, me rappelleront qu'il est l'auteur d'une peinture, très connue, car ayant souvent été utilisée comme illustration des éditions de poche d'Anna Karénine, même si l'identité de la jeune femme reste encore un mystère...
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