Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
31 Mai 2022
Depuis l’île grecque de Délos en mer Égée, l’Orchestre des jeunes de l’Union européenne et la violoniste ukrainienne Diana Tishchenko interprètent un classique légèrement revisité : Les Quatre saisons (incertaines) de Vivaldi. Un concert unique en son genre donné pour les 30 ans d’ARTE à l’initiative du Forum mondial des droits de l’homme.
Vivaldi a composé ses Quatre Saisons il y a plus de 300 ans, bien avant le réchauffement climatique. Comment cette œuvre résonne-t-elle aujourd’hui ? Le concert, joué par une nuit de nouvelle lune dans le spectaculaire amphithéâtre de Délos, sera projeté sur des écrans géants et retransmis dans plusieurs villes européennes. C'est la première fois qu’un orchestre au complet se produit sur cette île depuis longtemps inhabitée.
L’Orchestre des jeunes de l’Union européenne accompagné de la violoniste ukrainienne Diana Tishchenko interprètent les quatre concertos pour violon. Les interludes sont assurées par le joueur de lyre grec Sokratis Sinopoulos. Leur projet musical est un cri de ralliement pour le climat et pour la paix.
Ce spectacle en plein air s’inscrit dans le cadre d’un projet international, The (uncertain) Four Seasons, auquel participent une dizaine d’orchestres professionnels du monde entier. Inspiré du classique de Vivaldi, il se déclinera en plusieurs variantes afin d’illustrer les effets du changement climatique en 2050 en différents coins de la planète. Mené dans le cadre de la campagne ActNow des Nations Unies, le projet de protection du climat est également une initiative du Forum mondial des droits de l’homme.
Sources : ARTE
Délos, petite île rocailleuse (350,64 ha) au cœur de la mer Egée, fut considérée comme « la plus sacrée de toutes les îles » (Callimaque, IIIe siècle av. J.-C.) dans la culture grecque antique. Selon la légende, c’est là que seraient nés Apollon-Soleil, dieu de la clarté solaire, et sa jumelle Artémis-Lune, déesse de l’éclat lunaire.
L’île fut habitée dès le IIIe millénaire av. J.-C. Le sanctuaire d’Apollon, fondé vers le IXe siècle av. J.-C., atteignit l’apogée de sa gloire lors des périodes archaïque et classique, lorsqu’il acquit son caractère panhellénique. Après 167 av. J.-C., lorsque Délos fut déclarée port franc, toute l’activité commerciale de l’Est de la Méditerranée se concentra sur l’île. De riches marchands, des banquiers et armateurs venus de toutes parts s’y installèrent, attirant de nombreux maçons, artistes et artisans, qui construisirent pour eux de luxueuses demeures, richement décorées de fresques et mosaïques au sol. La petite île devint rapidement le maximum emporium totius orbis terrarium (S. P. Festus, IIe siècle de notre ère) – le plus grand centre commercial du monde entier. Mais la prospérité de l’île et ses relations amicales avec les Romains furent la cause de sa destruction. Délos fut attaquée et pillée deux fois : en 88 av. J.-C. par Mithridate, roi du Pont et ennemi des Romains, puis en 69 av. J.-C., par les pirates d’Athénodore, un allié de Mithridate. Dès lors, l’île périclita rapidement et fut peu à peu abandonnée. Elle fut successivement prise par les Byzantins, les Slaves, les Sarrasins, les Vénitiens, les Chevaliers de Saint-Jean et les Ottomans, puis transformée en carrière, les colonnes de ses temples brûlées pour en tirer de la chaux et ses maisons laissées à l’abandon.
Les fouilles, qui ont débuté en 1872 et sont toujours en cours, ont permis de mettre au jour le sanctuaire et une bonne partie de la ville hellénistique cosmopolite. Les monuments découverts jusqu’à présent illustrent de façon très éloquente la grandeur de l’île sacrée et mettent en lumière une civilisation antique à laquelle l’Europe doit ses origines. L’île dans son intégralité est un site archéologique qui, avec les îles voisines de Rhénée, Ano Rematiaris et Kato Rematiaris, constitue un immense parc archéologique.
Sources : UNESCO
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane