Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
22 Septembre 2022
Katerina Anghelàki-Rooke (Κατερίνα Αγγελάκη-Ρουκ) (22 février 1939-21 janvier 2020) est née à Athènes en 1939, ce qui l’apparente à la première génération des poètes de l’après-guerre, dont on dit souvent qu’ils se sont éloignés de l’engagement politique pour explorer la nouveauté dans les formes ; de fait, son écriture est souple, inventive, créatrice d’images enracinées dans les réalités quotidiennes et, surtout, dans la vie du corps : écriture au plus haut degré sensuelle et souvent érotique. Comme souvent chez ses pairs, elle s’est beaucoup nourrie de littératures étrangères, traduisant de plusieurs langues de la poésie, des essais, des romans, du théâtre.
Sources : https://terresdefemmes.blogs.com/Myrto Gondicas
18η μέρα ή Η νέα τάξη πραγμάτων
Ονειρεύτηκα
πως βρέθηκα στην παλιά ερωτική φωλιά,
μα όλα είχαν αλλάξει·
τοίχοι είχαν γκρεμιστεί,
υέα δωμάτια είχαν ξεπηδήσει
πιο άσπρα κι απ' τα κρίνα
με νοσοκόμες ολόλευκες
που με καλούσαν να περάσω μέσα.
« Ξέρετε, ερχόμουν εδώ πριν χρόνια... »,
έλεγα σαν να ζητούσα συγγνώμη,
ενώ με τα μάτια έγλειφα τη γωνιά
όπου ήταν κάποτε το στρώμα.
Έμοιαζε τώρα με μουντζούρα από γομολάστιχα
σε παιδικό τετράδιο
ή με ρύγχος αγριοχοίρου
χωμένο σε πράσινη μούχλα
πάνω σ' αρχαία πέτρα.
Ένα άρωμα ανάβλυζε από κει γλυκούτσικο,
που δε θύμιζε τίποτα πια
στην παλιά ξαπλωμένη.
« Η νέα τάξη πραγμάτων »,
μουρμούρισα ξυπνώστας.
(Άδεια φύση, 1993, page 641)
18e JOUR OU L’ORDRE NOUVEAU DES CHOSES
J’ai rêvé
que j’étais dans l’ancien nid d’amour,
mais tout avait changé.
Des murs étaient tombés,
des chambres nouvelles avaient surgi
plus blanches que les lys
avec des infirmières toutes blanches
qui m’invitaient à y entrer.
Et moi :
« Je venais ici, vous savez, il y a des années… »
comme si je m’excusais,
tout en léchant des yeux le coin
où se trouvait jadis le matelas.
On aurait dit à présent une trace de gomme
sur le cahier d’un écolier
fourré dans une moisissure verte
au-dessous d’une antique pierre.
Il en émanait un parfum douceâtre,
qui ne rappelait plus rien
à celle qui anciennement s’y couchait.
« L’ordre nouveau des choses »,
ai-je dit à voix basse en m’éveillant.
(D.R. Traduction inédite de Myrto Gondicas
pour Terres de femmes)
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