Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
2 Février 2025
Pour commencer, la petite note culturelle proposée par France Culture :
C’est lorsque Charles Cros s’en empara que le poisson fumé connut sa véritable gloire
Charles Cros (1842-1888) est un poète, inventeur et homme de science français, reconnu pour son rôle pionnier dans le domaine de l'enregistrement sonore. Il est surtout célèbre pour avoir conçu un procédé d'enregistrement phonographique, qu'il a décrit en 1877, un an avant Thomas Edison. Sa poésie, souvent marquée par un esprit novateur, mêle imagination, surréalisme et jeux de mots. En plus de ses travaux scientifiques, Cros a laissé une œuvre littéraire riche, notamment avec son recueil Le Coffret de saphir, où il explore les thèmes de la modernité et de la recherche du sublime.
Charles Cros a composé ce poème pour endormir son fils : c’est ainsi une poésie stratégique pour divertir, enchanter et se laisser glisser dans l’imaginaire onirique par l’absurde. La mécanique mélodieuse de ce poème fut remarquée dans le paysage littéraire des cafés-concerts de son époque. Le public, comme son enfant, fut emporté par ces rimes, ces intentions de jeu : tout le monde rêve de faire danser ce poisson sec-sec-sec !
Il était un grand mur blanc — nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle — haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur — sec, sec, sec.
Il vient, tenant dans ses mains — sales, sales, sales,
Un marteau lourd, un grand clou — pointu, pointu, pointu,
Un peloton de ficelle — gros, gros, gros.
Alors il monte à l'échelle — haute, haute, haute,
Et plante le clou pointu — toc, toc, toc,
Tout en haut du grand mur blanc — nu, nu, nu.
Il laisse aller le marteau — qui tombe, qui tombe, qui tombe,
Attache au clou la ficelle — longue, longue, longue,
Et, au bout, le hareng saur — sec, sec, sec.
Il redescend de l'échelle — haute, haute, haute,
L'emporte avec le marteau — lourd, lourd, lourd ;
Et puis, il s'en va ailleurs — loin, loin, loin.
Et, depuis, le hareng saur — sec, sec, sec,
Au bout de cette ficelle — longue, longue, longue,
Très lentement se balance — toujours, toujours, toujours.
J'ai composé cette histoire — simple, simple, simple,
Pour mettre en fureur les gens — graves, graves, graves,
Et amuser les enfants — petits, petits, petits.
Charles Cros, ill. Florence Quintin
La version mise en musique par Chanson plus bifluorée
La petite vidéo bonus... "le hareng saur" traduit par Séféris en grec et lu à l'occasion d'une journée de la francophonie en Grèce.
Bien sûr, j'ai cherché cette traduction sur le net...
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane