Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.

Le hareng saur de Charles Cros

James Ensor - deux squelettes se disputant un hareng saur

James Ensor - deux squelettes se disputant un hareng saur

C’est lorsque Charles Cros s’en empara que le poisson fumé connut sa véritable gloire

Charles Cros (1842-1888) est un poète, inventeur et homme de science français, reconnu pour son rôle pionnier dans le domaine de l'enregistrement sonore. Il est surtout célèbre pour avoir conçu un procédé d'enregistrement phonographique, qu'il a décrit en 1877, un an avant Thomas Edison. Sa poésie, souvent marquée par un esprit novateur, mêle imagination, surréalisme et jeux de mots. En plus de ses travaux scientifiques, Cros a laissé une œuvre littéraire riche, notamment avec son recueil Le Coffret de saphir, où il explore les thèmes de la modernité et de la recherche du sublime.

Charles Cros a composé ce poème pour endormir son fils : c’est ainsi une poésie stratégique pour divertir, enchanter et se laisser glisser dans l’imaginaire onirique par l’absurde. La mécanique mélodieuse de ce poème fut remarquée dans le paysage littéraire des cafés-concerts de son époque. Le public, comme son enfant, fut emporté par ces rimes, ces intentions de jeu : tout le monde rêve de faire danser ce poisson sec-sec-sec !

 

Il était un grand mur blanc — nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle — haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur — sec, sec, sec.
Il vient, tenant dans ses mains — sales, sales, sales,
Un marteau lourd, un grand clou — pointu, pointu, pointu,
Un peloton de ficelle — gros, gros, gros.
Alors il monte à l'échelle — haute, haute, haute,
Et plante le clou pointu — toc, toc, toc,
Tout en haut du grand mur blanc — nu, nu, nu.
Il laisse aller le marteau — qui tombe, qui tombe, qui tombe,
Attache au clou la ficelle — longue, longue, longue,
Et, au bout, le hareng saur — sec, sec, sec.
Il redescend de l'échelle — haute, haute, haute,
L'emporte avec le marteau — lourd, lourd, lourd ;
Et puis, il s'en va ailleurs — loin, loin, loin.
Et, depuis, le hareng saur — sec, sec, sec,
Au bout de cette ficelle — longue, longue, longue,
Très lentement se balance — toujours, toujours, toujours.
J'ai composé cette histoire — simple, simple, simple,
Pour mettre en fureur les gens — graves, graves, graves,
Et amuser les enfants — petits, petits, petits.

Charles Cros, ill. Florence Quintin

La version mise en musique par Chanson plus bifluorée

La petite vidéo bonus... "le hareng saur" traduit par Séféris en grec et lu à l'occasion d'une journée de la francophonie en Grèce.

Bien sûr, j'ai cherché cette traduction sur le net...

 
Ήταν ένας άσπρος τοίχος — γυμνός, γυμνός, γυμνός.
Μια ανεμόσκαλα στον τοίχο — αψηλή, ψηλή, ψηλή.
Καταγής μια παστή ρέγγα — ξερή, ξερή, ξερή.
 
Έρχεται∙ Κρατά στα χέρια —τα λερά, λερά, λερά
Βαρύ σφυρί, μέγα καρφί —μυτερό, τερό, τερό
Και μια κουβαρίστρα σπάγκο —χοντρή, χοντρή, χοντρή.
 
Ανεβαίνει ευτύς τη σκάλα — την ψηλή, ψηλή, ψηλή
Και καρφώνει το καρφί — ντουκ, ντουκ, ντουκ
Αψηλά στον άσπρο τοίχο — το γυμνό, γυμνό, γυμνό.
 
Τότε αφήνει στο σφυρί — που πέφτει, πέφτει, πέφτει,
Δένει στο καρφί το σπάγκο — τον μακρύ, μακρύ, μακρύ
Και στην άκρη του τη ρέγγα — την ξερή, ξερή, ξερή.
 
Κατεβαίνει από τη σκάλα —την ψηλή, ψηλή, ψηλή,
παίρνει αυτή και το σφυρί — το βαρύ, βαρύ, βαρύ
και πάει γυρεύοντας αλλού — πέρα, πέρα, πέρα.
 
Κι παστή ρέγγα από τότε — ξερή, ξερή, ξερή
Απ’ του σπάγκου αυτού το τέλος — του μακρού, μακρού, μακρού
Πάντα πολύ αργά κουνιέται — πάντα, πάντα, πάντα.
 
Σύνθεσα ένα τέτοιο μύθο — απλόν, απλόν, απλόν
Για να οργίζονται οι ανθρώποι — οι σπουδαίοι, σπουδαίοι, σπουδαίοι,
Να γελάνε τα παιδιά — τα μικρά, μικρά, μικρά.
 
 
[Μετάφραση : Γ ι ώ ρ γ ο ς  Σ ε φ έ ρ η ς]
Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
À propos
une-vie-de-setter

Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane

Commenter cet article