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Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.

Du Re - non - cement - Olga Medvedovka - Март - Mars - Marina Tsvetaeva

Marina Tsvetaeva

Marina Tsvetaeva

Olga Medvedkova propose une interprétation d’un court poème de la grande poétesse russe, Marina Tsvetaïeva, écrit en 1939 dans une Europe en feu, peu de temps avant son tragique retour en URSS. Un poème dont l’actualité résonne dans nos cœurs.

Quand on dit qu’on ne peut rien faire, on sait au fond que ce n’est pas vrai. Que peut-on faire ? La question est mal posée. « On ne peut rien faire », signifie qu’ « on ne veut rien faire », ou au mieux, qu’ « on ne va rien faire ». On entend par « faire » agir de manière manifeste, valable, efficace. Mais « faire » c’est-à-dire agir, peut être aussi un faire secret, selon les conditions du monde ambiant. Cela peut être en pensée ou en parole, presque inaudible. En pensée ou en chuchotement, selon le régime dehors.

Alors, la vraie question est « que veut-on faire ? ». Car si l’on veut, on peut quand même toujours dire « non ». Ce « non » est notre ultime liberté : car en pensée, en sentiment, notre être peut en tout dernier recours ne pas accepter ce qui lui arrive, ou ce qui se passe dans sa maison, dans sa ville, dans son pays, dans le monde. Dire, penser, ressentir ce « non », tout le monde le peut, si on le veut. Sortir son on-ne-peut-rien-faire signifie mentir, en premier lieu à soi-même. Seulement c’est là, si on part de là, si on prend cela au sérieux, que l’on comprend : non seulement dire, mais penser, mais ressentir ce « non » est difficile. Le renoncement est difficile. Une fois que ce « non » tombe, c’est comme une lame de guillotine. Le « non » coupe le temps et l’espace en deux : celui d’avant le non, où tant de choses étaient encore possibles, et celui d’après le non, quand le re-non-cement a eu lieu.

La suite est à lire sur Desk Russie :

Ô, les larmes aux yeux !
Pleurs d’amour, de colère !
La Tchéquie est en feu !
Et l’Espagne est en fièvre !

Ô la montagne noire,
Obstruant la lumière !
Il est temps, il est temps –
Rendre ticket au Père.

Non, je refuse – d’être
Au chaos non-humain.
Je refuse – de vivre
Parmi les loups urbains.

Je renonce – à hurler
Dans le chœur des requins.
Je refuse – de suivre
Le courant des pantins.

Pas besoin des oreilles,
Clos les yeux du prophète.
À ton monde aliéné,
Seule réponse – niet.

15 mars – 11 mai 1939.

Ecrit par Olga Medvedkova d'après le poème original de M. Tsetaeva : Март

Марина Цветаева
Март


Атлас — что колода карт:
В лоск перетасован!
Поздравляет — каждый март:
— С краем, с паем с новым!


Тяжек мартовский оброк:
Земли — цепи горны —
Ну и карточный игрок!
Ну и стол игорный!


Полны руки козырей:
В ордена одетых
Безголовых королей,
Продувных — валетов.


— Мне и кости, мне и жир!
Так играют — тигры!
Будет помнить целый мир
Мартовские игры.


В свои козыри — игра
С картой европейской.
(Чтоб Градчанская гора —
Да скалой Тарпейской!)


Злое дело не нашло
Пули: дули пражской.
Прага — что! и Вена — что!
На Москву — отважься!


Отольются — чешский дождь,
Пражская обида.
— Вспомни, вспомни, вспомни, вождь. —
Мартовские Иды!


1939 г.

 

Sources : https://www.culture.ru/poems/33699/mart

N.B. : Nouvelle version du poème en version originale, suite à demande d'une lectrice...Il s'agit en effet d'une interprétation du poème en français, comme il est stipulé dans le papier de DeskRussie !

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Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane

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M
Enlevez s'il vous plait la "version" russe de ce poème, qui n'a rien à voir avec l'original! C'est sans doute une retraduction par la machine de ma traduction française... procédé que l'on devrait interdire.
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U
Je viens de le faire. J'étais passée trop vite sur le mot "interprétation" pour m'apercevoir de mon erreur et détecter une "re-traduction" faite par une machine. J'ai trouvé, je crois, le texte original qui a inspiré l'interprétation. Merci de me corriger à nouveau s'il ne s'agit pas du bon texte. Cordialement