Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
20 Juin 2025
Née à Athènes le 22 février 1939, Katerina Anghelaki-Rouke a fait des études à Athènes (Grèce), Nice (France) et Genève (Suisse) et est diplômée de l’École des traducteurs et interprètes (langues de travail : anglais, français, russe).
En 1956, suite à l’encouragement de l’ami de famille Nikos Kazantzakis, elle publie son premier poème Solitude (Moναξιά, en grec) dans la revue littéraire Nouvelle Epoque (Καινούργια Εποχή) de l’éditeur et écrivain Yiannis Goudelis (1919-1999). En 1962, elle remporte le Prix Hensch, prix de poésie de Genève et en 1985, elle remporte le 2e prix national grec de poésie. Son poète préféré était C.P Cavafy, comme elle affirmait dans une interview: « Il a été et reste toujours mon Dieu. » Sa poésie est traduite dans plus de dix langues et ses poèmes sont inclus dans des anthologies littéraires.
Son travail de traductrice est aussi remarquable est inclue, entre autres, Alexandre Pouchkine, Vladimir Maiakovski, Samuel Beckett, Jacques Lacarrière, Derek Walcott, Sylvia Plath, William Shakespeare, Dylan Thomas, Nikos Kazantzakis etc.
En 2000, elle reçoit le prix Costas et Eleni Ouranis (Académie d’Athènes) et en 2014, le Grand Prix pour l’ensemble de son travail.
(Source : Grèce Hebdo).
Peur, la nouvelle passion.
Les plaies ne fleurissent plus
dans poèmes et chansons ;
elles s’infectent seulement.
La mer n’est pas désir
qu’on vogue vers le large
mais peur des profondeurs.
Qu’est devenue la joie de la vie
qu’on conquérait à tout instant
même lorsque le jour s’était levé néfaste ?
À présent nulle douleur
ne fustige le corps
mais c’est le dedans qu’enchaîne
un nouveau tyran tout puissant :
la peur.
La peur est venue et a arraché
toutes les passions.
L’amour maintenant semble
tantôt un mendiant dans un coin
et tantôt un bouffon sans travail
après qu’il ne fait plus rire personne.
Une est la passion ; la peur
qui s’étale comme un suaire
et qui recouvre tout.
Peur de l’écroulement
de la nature, du corps, du monde.
À présent au lieu de hurler du dedans :
« Comme il est beau ! »
une est la voix qui domine :
« Fais attention ! »
Katerina Anghelaki-Rooke, “Η Ανορεξία της ύπαρξης”, 2011, dans Poésie 1963-2011, éd. Kastaniotis, 2020.
Traduction: Oulipia
Peinture: Dionysis Zaverdinos, “Figures”, 2001. Source
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane