Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
8 Octobre 2025
Cet année à Landerneau, les murs du FHEL bruissent, miaulent, rugissent. Plus de cent artistes convoquent l’animal sous toutes ses formes, entre fascination et malaise. J’y ai arpenté les salles, partagé les étonnements et les sourires des visiteurs.
Entre douceur et dérangement, humour et gravité, ce parcours m’a laissée tour à tour émerveillée, troublée, amusée — comme un bestiaire vivant où l’art s’ébroue.
Animal ! ?. Plus de 150 œuvres et 130 artistes y interrogent, de l’Antiquité à nos jours, notre relation au monde animal – ce miroir sensible où l’homme cherche à se reconnaître, à s’amuser ou à dominer.
De Goya à Matisse, de Véronèse à Louise Bourgeois, le parcours alterne beauté et vertige, caresse et morsure. On s’y promène entre toiles et installations, on passe sous la célèbre araignée de Bourgeois, on rit parfois devant des « mèmes » d’animaux projetés sur écran, avant d’être soudain saisi par la gravité d’une œuvre plus frontale.
Et puisque chacun y trouve sa propre manière d’être touché, voici, en images, quelques œuvres qui m’ont particulièrement marquée.
Côte de renne gravée d'un figure anthropomorphe site de Cro-Magnon - Les Eysies. Environ 28 000 ans avant J.C.
En février 1968, VALIE EXPORT a conduit Peter Weibel en laisse d'abord à un vernissage à la galerie St. Stephan, puis le long de la Kärntner Straße. Cet acte a provoqué l'irritation de nombreux passants et donné lieu à quelques incidents conflictuels. Le titre « Aus der Mappe der Hundigkeit » (Du portfolio de la caninité) a été emprunté au titre du magazine Portfolio of Humanity.
Le terrifiant « memento mori ! » (Souviens-toi que tu vas mourir !) de Rembrandt a frappé les esprits et inspiré au fil des époques de nombreux artistes, modernes et actuels. Ici Soutine et Chagall.
Centaure mourant d'Antoine Bourdelle - A la lisière entre mondes humain et animal, centaures et minotaure incarnent les tensions entre civilisation et sauvagerie.
Leonora Carrington - la fille du minotaure
Pourquoi Zeus choisit-il de se transformer en cygne pour séduire Léda ? Depuis l'antiquité ce mythe fascine les artistes par son ambiguité entre violence et sensualité, domination et abandon, désir et transgression, séduction et contrainte.
Spider de Louise Bourgeois, dans un espace dédié aux métamorphoses d'Arachné
L'hybridation est à la fois l'occasion d'une exploration formelle et un prisme à travers lequel l'humanité interroge sa propre nature d'être animal, en symbiose avec d'autres espèces -Germaine Richier la sauterelle, la mante, le crapaud...
Dernier espace : Renaître (Kiki Smith - born) - l'homme est un être vivant comme les autres, ni au-dessus, ni en-dessous, mais à côté, coexistant avec ses congénères non humains.s
Entre choc et émerveillement, Animal ! ? remplit pleinement sa mission : susciter le débat, provoquer l’émotion, et rappeler que l’art, comme l’animal, reste indomptable.
Depuis son ouverture, le FHEL s’impose comme un lieu à part : populaire sans être facile, exigeant sans austérité. Après Fromanger, Chagall ou Velickovic, cette nouvelle exposition confirme le succès durable du centre d’art landernéen – et donne, une fois encore, envie d’y revenir.
Hâtez-vous : l'exposition ferme ses portes le 2 novembre !
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane