Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
7 Décembre 2021
Tu nous as quittés il y a un an déjà...c'était hier pourtant. En souvenir des moments passés dans la véranda à contempler la mer, je t'invite à écouter le 4e mouvement de la 4e de Mahler....
J'ai trouvé la traduction du texte pour toi, qui, toujours curieux, m'aurait certainement demandé de t'en traduire les paroles...
Humoresque, telle que l’a voulue Mahler, cette symphonie tente l’impossible : rendre une histoire du bleu :
"J’ai voulu rendre le bleu uniforme du ciel. Parfois cela s’assombrit, devient effrayant et fantastique sans que le ciel ne bouge, mais c’est cela même qui nous fait subitement peur, une terreur panique, nous saisit au milieu du plus beau."
Ainsi parle Mahler de sa symphonie qui ose au cœur de sa fontaine de joie, d’allégresse, faire entendre le violon désaccordé de la mort.
Humour face à la mort aux aguets, naïveté face au grand bleu d’un certain paradis.
Œuvre non pas légère mais immatérielle, la Quatrième s’avance à reculons vers le lied terminal, petit coin de paradis ironique.
Aucune musique sur terre n’est comparable à la nôtre, dit le texte. Ce lied pour soprano à la voix enfantine doit jouer avec l’orchestre en racontant les joyeuses tribulations du paradis.
Mahler recommande d’ailleurs au soprano solo «une expression joyeuse et enfantine, tout à fait dépourvue de parodie. Ce temps de l’innocence».
Tirés d’un lied de 1892 La Vie Céleste, les couplets, chantés en quatre strophes, sont séparés par des interludes instrumentaux basés sur les grelots du premier mouvement, et ils apportent une joyeuse bousculade, une bagarre de polochons avec toutes les plumes qui retombent.
Ronde des anges, fête et pays de cocagne avec pain et sacrifice d’animaux font alterner danse sereine et cabrioles. Mais, à la fin, s’élève, et tout alors devient suspendu, bouleversant et apaisé, le chant des anges qui s’évanouit dans la béatitude, dans l’irréel, dans l’effacement de la buée du bonheur. La coda est déjà de la musique des anges.
« La lumineuse, la rayonnante, la divine coda en mi-majeur, musique céleste s’il en fut jamais, nous laisse entièrement convaincus qu’aucune musique terrestre ne se peut comparer à la musique des hautes sphères. Elle nous apprend aussi que les âmes tourmentées et divisées comme celle de Mahler, que les êtres qui, comme lui, ont voulu assumer pleinement dans leur vie et dans leur art les frustrations, les crève-cœurs, les tragédies de la condition humaine, ainsi que ses doutes, ses incertitudes et ses ambiguïtés, peuvent eux aussi avoir accès au Royaume du Ciel ».
Cette merveilleuse conclusion du très grand Henry-Louis de La Grange, comme les étoiles nous incitent à nous incliner.
Si tout cela n’était qu’un rêve ?
Il était une fois l’enfance.
Gil Pressnitzer (Esprits nomades) - Pour lire l'article complet c'est ici.
Das himmlische Leben
(aus Des Knaben Wunderhorn)
Wir genießen die himmlischen Freuden,
D'rum tun wir das Irdische meiden.
Kein weltlich' Getümmel
Hört man nicht im Himmel!
Lebt alles in sanftester Ruh'.
Wir führen ein englisches Leben,
Sind dennoch ganz lustig daneben;
Wir tanzen und springen,
Wir hüpfen und singen,
Sankt Peter im Himmel sieht zu.
Johannes das Lämmlein auslasset,
Der Metzger Herodes d'rauf passet.
Wir führen ein geduldig's,
Unschuldig's, geduldig's,
Ein liebliches Lämmlein zu Tod.
Sankt Lucas den Ochsen tät schlachten
Ohn' einig's Bedenken und Achten.
Der Wein kost' kein Heller
Im himmlischen Keller;
Die Englein, die backen das Brot.
Gut' Kräuter von allerhand Arten,
Die wachsen im himmlischen Garten,
Gut' Spargel, Fisolen
Und was wir nur wollen.
Ganze Schüsseln voll sind uns bereit!
Gut' Äpfel, gut' Birn' und gut' Trauben;
Die Gärtner, die alles erlauben.
Willst Rehbock, willst Hasen,
Auf offener Straßen
Sie laufen herbei!
Sollt' ein Fasttag etwa kommen,
Alle Fische gleich mit Freuden angeschwommen!
Dort läuft schon Sankt Peter
Mit Netz und mit Köder
Zum himmlischen Weiher hinein.
Sankt Martha die Köchin muß sein.
Kein' Musik ist ja nicht auf Erden,
Die unsrer verglichen kann werden.
Elftausend Jungfrauen
Zu tanzen sich trauen.
Sankt Ursula selbst dazu lacht.
Kein' Musik ist ja nicht auf Erden,
Die unsrer verglichen kann werden.
Cäcilia mit ihren Verwandten
Sind treffliche Hofmusikanten!
Die englischen Stimmen
Ermuntern die Sinnen,
Daß alles für Freuden erwacht.
Nous profitons des joies célestes
aussi nous nous séparons des choses terrestres
Dans le ciel on n’entend pas
le tumulte du quotidien du monde !
Tout vit dans le plus grand calme.
Nous menons une vie d’ange
pourtant nous débordons de gaieté
nous dansons et sautons,
gambadons et chantons,
Saint-Pierre dans les cieux nous regarde.
Saint-Jean libère l’agneau,
le boucher Hérode le guette.
Nous menons un agneau patient,
innocent, patient, adorable à la mort.
Saint Luc tue le bœuf
sans le moindre remords ou attention.
le vin ne coûte pas un sou
dans les caves du ciel,
les anges eux font le pain.
De très bonnes herbes de toutes sortes
poussent dans le jardin céleste,
Bonnes asperges, fèves
et tout ce que nous désirons.
Des lampées entières sont préparées pour nous.
Bonnes pommes, bonnes poires et bons raisins
les jardiniers nous autorisent tout.
Veux-tu du chevreuil, du lièvre ?
Ils courent vers nous
dans les rues ouvertes !
Y aurait-il un jour de jeûne,
tous les poissons nagent joyeusement vers nous !
Saint-Pierre accourt déjà
dans l’étang céleste
avec filet et appâts.
Sainte Marthe sera la cuisinière.
Sur terre il n’est aucune musique
qui puisse égaler la nôtre.
Onze mille vierges
osent se mettre à danser.
Sainte Ursule elle-même en rit.
Cécile et ses proches
sont d’excellents musiciens de cour !
Les voix des anges
réconfortent les sens
pour que tout s’éveille à la joie !
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane