Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
24 Juillet 2016
C'est en découvrant que le Japon était le pays invité au 13e festival photo de La Gacilly, que j'ai eu l'idée d'inviter mon amie A., à aller visiter ses trente et une expositions. Je l'avais visité, lors d'une de ses précédentes éditions et avais déjà été impressionnée par la qualité des œuvres présentées, le soin apporté à leur présentation, et la justesse de la scénographie mise en place.
Que dire de cette treizième édition ? Ce festival est une vraie réussite artistique et populaire : Attirer plus de 300.000 visiteurs dans ce petit bourg à l'écart des grands axes de circulation est un vrai défi, relevé année après année. Les thèmes retenus pour cette année : le Japon, donc, les océans et les enjeux environnementaux.
Visiter la Gacilly, c'est d'abord découvrir des lieux d'exposition improbables, comme cet ancien garage, dont ne subsistent que les murs blanchis se transformant en cimaises, le temps d'un été.
Ce sont les photographies d'Anita Conti, écrivain, photographe, première femme océanographe qui nous accueillent.
Puis Guillaume Herbaut, photographe journaliste, nous présente son travail consacré à la vie sur les îles du Morbihan quand les estivants ont disparu. En écho aux photographies, on pouvait lire de très beaux textes de Jean-Paul Kaufman reprenant le thème de l'insularité.
Visiter la Gacilly, c'est aussi découvrir un très beau village, bien restauré, très fleuri et emprunter les petites sentes qui relient les différents lieux d'exposition.
Après cette première approche des océans, il était temps d'aborder le Japon, qui était la thématique tant attendue par mon amie A. Nous avons débuté notre parcours par "la mutation d'un Empire" proposée par Takeyoshi Tanuma.
"Quand, dans la journée du 15 août 1945, les Japonais entendent pour la première fois, à la radio, la voix de leur empereur Hirohito, s'ouvre à nouveau une période d'immenses bouleversements. Fortement inspiré du travail d'Henri Cartier-Bresson, Takeyoshi Tanuma immortalise dans les années 1950 ce passage de la tradition au modernisme."
J'ai particulièrement apprécié la scénographie de cette exposition. Le couple se prosternant accroché sous une petite statuette : quel joli clin d'oeil !. Les amoureux dans un parc nichés au coeur d'un buisson verdoyant....
La Gacilly, c'est aussi un foisonnement d'artisans d'art, de peintres (Anne Smith y a installé atelier et galerie), de sculpteurs. Des enseignes inventives, qui cette années, se sont mises à l'unisson du pays invité et s'affichent sur des kakemonos bilingues...
C'est aussi un fleurissement très soigné, aussi bien dans les rues, que sur les sites d'exposition.
Cheminant vers le lieu principal d'exposition, sur les deux rives de l'Aff coulant au milieu de la Gacilly, nous avons admiré les oeuvres dePascal Maitre "Madagascar, l'île où le baobab est roi"
Contraste sidérant entre une nature superbe et la violence du travail des mineurs
Arrivées au coeur de l'exposition, nous avons d'abord visité un nouvel espace dédié cette année à Liane Milton, lauréate en 2015 du prix photographique décerné par la fondation Yves Rocher, en partenariat avec le Festival Visa pour l'image à Perpignan, un prix destiné à soutenir un travail photographique sur les problématiques liées à l'environnement, aux relations entre l'Homme et la Terre, aux grands enjeux du développement durable.
Yukio Ohyama y a consacré sa carrière photographique depuis 1976. Pour la plupart d'entre nous, c'est un des symboles du Japon. "Le mont Fuji est une déesse qui s'amuse avec les hommes".
Au dessus du point d'information, a été installé un espace abritant cette année l'exposition préparée par le Musée Guimet, spécialiste des civilisations asiatiques, qui a ouvert pour l’occasion ses archives.
En contre-bas, ce sont les archives du Musée de l'Université de Tokyo et de l'Université de Lyon qui sont présentées.
Les Sumos, proposés par Motoki, nous ont surpris. Ce travail en noir et blanc restitue parfaitement le mystère de cet art traditionnel.
Les photographies d'Hiromi Tsuchida ne passent pas inaperçues, tant leurs couleurs sont saturées presque irréelles. "En comptant les grains de sable" il observe la naissance du Japon moderne : l'effritement de la famille, la montée du matérialisme qui se mesurent à travers la façon dont la foule est structurée.
Kazuma Obara, avec son oeuvre "Recommencer - Au delà de Fukushima" s'attache à raconter comment la nature reprend son rythme, comment on vit après Fukushima.
Takashi Arai, a choisi le daguerréotype. L'utilisation de cette technique est d'abord un processus relativement lent, artisanal, de réaction chimique. De fait, par son usage, il tente moins de rendre visible la destruction que représente quelque chose de tout à fait invisible, la radiation nucléaire.
Puis dans le labyrinthe, nous avons pu admirer les oeuvres de Kiiro, d'Eriko Koga, de Lucile Reyboz, Yoshinori Mizutani, et les villes-Dioramas de Sohei Nishino.
Le long du chemin des libellules, l'on pouvait découvrir "le regard poétique' de Shoji Ueda dans de superbes clichés noir et blanc.
Les libellules se laissaient photographier sous la passerelle traversant l'Aff.
Après avoir traversé l'Aff, et cheminé sous le balancement des "volubil", manches à air inspirées des Koinobori flottant dans l'air au Japon à l'occasion des fêtes des enfants, on pouvait découvrir l'oeuvre présentée par Paul Nicklen "sous les glaces, s'éteignent les espèces".
Croisant les thèmes Océans et Enjeux environnementaux, Pierre Gleizes présentait un émouvant plaidoyer contre la surpêche.
Daesung Lee nous rappelait le danger du réchauffement climatique et ses conséquences directes sur la petite île de Ghoramara.
Shiko Fukada présentait "Supertankers : les forçats du Bengladesh" décrivant ainsi le quotidien miséreux des ces travailleurs, dont 20 % ont moins de 15 ans. Un véritable enfer accentué par ces images réalisées de nuit ou dans une lumière crépusculaire.
Daniel Beltra nous présentait des clichés à la fois magnifiques et choquants pour mieux attirer notre attention sur les pollutions et marées noires dans le golfe du Mexique.
Olivier Jobard avec "Mers d'exil" nous rappelait une douloureuse actualité. Les naufrages se sont multipliés et plus de 3000 malheureux ont péri au cours de leur périple.
Au port, le collectif image sans frontière illustrait également le thème 2016 : les Océans.
Quant aux collégiens du Morbihan, ils présentaient autour des halles le résultat de leurs travaux.
Ce fut une très belle journée et nous nous sommes promis de revenir de notre lointain Finistère pour l'édition 2017 !
Toutes les informations concernant le festival photo 2016 sont disponibles en cliquant ici. Alors si vous passez en Bretagne, n'hésitez pas à faire le détour !
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane