Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
1 Octobre 2018
Suite aux expositions des années passées organisées par le Musée Départemental Breton dédiées aux communautés de peintres venues de Pologne, Russie, Roumanie et Angleterre (et à venir peut-être du Portugal), cette saison a été consacrée à la République tchèque.
Des peintres naturalistes inspirés par la vie des populations finistériennes aux surréalistes, qui en donnèrent une vision originale et poétique, ce sont près de 80 œuvres qui ont été présentées pour la première fois en France.
"On y retrouvait les têtes d’affiche que sont, pour le public français, František Kupka et Alfons Mucha. Le premier, installé à Paris depuis 1896, vient dès 1900 en Bretagne, séduit par le spectacle de la mer, la solitude, une nature sauvage, les « formes fantastiques des rochers et de tout ce qui peut provoquer l’effroi ». Il associe éléments naturels et sensualité féminine comme dans son tableau La Vague, réminiscence de celle d’Hokusai, qui sert de visuel à l’exposition et dont une version plus audacieuse et fraîche, à l’aquarelle et gouache, reproduite dans le catalogue (et présentée au Grand Palais), déshabille entièrement la jeune fille.
Quant au second, ami de Gauguin qui a dû déjà le sensibiliser à la bretagnophilie, c’est sans doute par l’entremise de Sarah Bernhardt pour qui il conçut affiches, costumes et décors de théâtre et qui possédait une maison à Belle-Île-en-Mer qu’il découvrit physiquement la Bretagne.
S’il collabora avec l’entreprise nantaise de biscuits LU pour une série de publicités, sa familiarité avec la culture bretonne transparaît surtout dans deux magnifiques panneaux décoratifs aux noms évocateurs - « Bruyère des Falaises » et « Chardon de grève » -, représentants une Bretonne en costume dont les motifs de broderie et dentelle sont reproduits avec exactitude. L’exposition présente études et dessins préparatoires de ces deux chefs-d’oeuvre.
Suite à l’indépendance de la Tchécoslovaquie en 1918, les années 1920-1930 virent arriver une nouvelle vague d’artistes tchèques en France, Paris, capitale du cosmopolitisme, plus que jamais perçue comme "the place to be" artistique. Plus individualistes que leurs aînés, plusieurs empruntèrent également le chemin vers la Bretagne.
Mais de tous les artistes tchèques charmés par cette région, Jan Zrzavý se distingue, sa rencontre en 1925 étant de l’ordre de la révélation et son amour de la fusion, ensorcelé par le ressac de la mer. Le Finistère devint sa “Bretagne slave”, sujet parfait pour ses “recherches plastiques” qui le mena vers un style figuratif étrange et lunaire, loué par son ami Giorgo de Chirico. Puis la déchirure en 1938 des accords de Munich signés par la France qui entraîna la dislocation de la Tchécoslovaquie, vécue comme une trahison, l’éloigna, presque à tout jamais de ce second pays d’adoption, comme d’autres de ses compatriotes.
L’exposition se clôt avec les très belles et énigmatiques oeuvres, aquarelles et sculptures, réalisées dans les années 1950 par Jan Křížek."
Sources :
http://www.louvrepourtous.fr/Bernard Hasquenoph
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane