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Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.

Miscellanées # 30

Alise lisant à côté d'une tasse de thé - Roger de  Lafresnaye

Alise lisant à côté d'une tasse de thé - Roger de Lafresnaye

D'abord une jolie lettre de D. Pennac...

Puis un peu de poésie...

Je voudrais partager avec vous cette très belle initiative belge : les poètes belges s'unissent pour écrire des poèmes funéraires en cette période de crise.

L’objectif est d’offrir à chaque défunt (décédé du Covid-19 ou non), dont la famille en fait le souhait, un texte d’adieu poétique. Les institutions partenaires mettront en contact les familles et les poètes. Notre site du Poète National proposera également, en libre accès, des poèmes écrits spécialement pour cette action. Que chacun se sente libre de les utiliser (si vous avez l’occasion de nous écrire si vous choisissez un de ces poèmes, nous serons heureux de transmettre vos retours aux auteurs qui en seront touchés). Notre projet dispose également de l’aide fantastique d’un collectif de traducteurs littéraires professionnels, grâce à Passa Porta, pour proposer des poèmes traduits dans d’autres langues que le français et le néerlandais car nous souhaitons que chacun en Belgique puisse recevoir un dernier adieu poétique dans sa langue.

J'ai choisi un poème parmi tant d'autres, pour illustrer cette initiative :

Béatrice Renard : « Le plus difficile »


Le plus difficile, c’est le ciel bleu, immense et joyeux,

et même s’il pleut,

le plus difficile, ce sont les chants des oiseaux de printemps, pépiements, roucoulements, et même chassés par le vent,

le plus difficile, ce sont les rires des enfants, cris, jeux, cavalcades,

dans les maisons et les appartements,

et même si on les fait taire,

le plus difficile c’est la vie qui palpite et poursuit son tumulte,

quand là-haut, là-bas, ici, juste là, l’Autre qu’on aimait s’en va,

subitement, alors qu’on ne s’y attendait pas,

et c’est ça le plus difficile,

l’Autre qu’on aimait tant,

emporté par une vague invisible et sournoise,

et même si soudain, ailleurs, d’Autres s’en vont aussi,

si partout l’azur se déchire,

si les pouillots s’envolent,

si les gamins du monde entier s’arrêtent de jouer,

chacun versant des larmes,

le plus difficile,

c’est de trouver le calme à l’intérieur de son chagrin,

apprivoiser l’absence en urgence,

le plus difficile, vraiment,

c’est de jouer en soi la musique des mots qui apaisent

alors que l’Autre qu’on aimait s’en va,

et c‘est si difficile d’entendre le silence,

mais quand on tend l’oreille,

et cela prend du temps,

il y a comme un chuchotement,

on ne veut pas y croire,

et pourtant, on finit bien par reconnaître,

timide et douloureux,

le murmure de l’Autre qui s’en va,

et c’est vrai que c’est difficile,

mais au bout d’un moment,

on entend gazouiller les souvenirs,

petits bonheurs et grandes joies,

précieux cadeaux de l’Autre qui s’en va.

Enfin des textes qui nous poussent à réfléchir...

Je vous en avais parlé dans les précédentes miscellanées : les tracts de crise Gallimard

J'ai été touchée particulièrement par deux textes, celui de Roy Arundhati  ici en sa version anglaise : La pandémie portail vers un nouveau monde et dans un tout autre registre de Christian Debry - Combien vaut une vie

Prenez bien soin de vous et des autres.

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