Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
9 Août 2021
Météo mitigée et visites organisées par la SPREV ont dicté mon emploi du temps de l'après-midi. Direction : l'enclos de Lampaul Guimillau tout à côté de la maison...
C'est la silhouette de la tour haute de près de 70 m dominant le village qui annonce l'enclos de Lampaul. La flèche érigée pour dépasser celle de Notre Dame de Lambader et s'approcher des 78 m du Kreisker est tronquée : la foudre l'a frappée en 1809.
Surprise à mon entrée dans l'enclos : après avoir admiré l'arc de triomphe qui s'ouvre à l'ouest surmonté d'un calvaire, j'entre sur le placître, et découvre au pied du second calvaire un petit groupe de personnes rassemblées. Une jeune femme m'offre alors de rejoindre le groupe qui s'apprête à monter dans la tour du clocher. Armés chacun d'une lampe torche, nous avons affronté les 69 marches avant de découvrir le large panorama s'ouvrant au sommet de la tour.
J'ai enchaîné ensuite par une visite privée (seule avec la guide, quelle chance !) de l'enclos, et de son église. Ma guide, bénévole de la Sprev, a un parcours différent des guides étudiants que je rencontre habituellement lors de ces visites. Isabelle est professeur d'espagnol en région parisienne, et se forme parallèlement au métier de guide-conférencier. C'est une passionnée qui m'a éblouie par son enthousiasme. Bravo ! et merci à la Sprev de nous offrir tant de compétences pour découvrir notre patrimoine.
Nous sommes ressorties de l'enclos pour une présentation générale de son architecture, avons franchi la porte triomphale, observé la tour et l'ossuaire, nous arrêtant sur certains détails et sculptures, passées sous la tour porche pour aller regarder la porte des morts, la sacristie et le chevet.
Nous nous sommes arrêtées un moment pour regarder la façade du porche sud. Comme d'habitude, je vous renvoie à la description détaillée qu'en donne Jean-Yves Cordier dans son blog. J'ai aimé que ma guide me fasse remarquer les petits animaux aidant les anges à tenir les philactères.
A l'intérieur, l'émerveillement naît des couleurs rutilantes du baroque en fête, boiseries, retables, baptistère, des jeux de la lumière dans les vitraux. Si le porche invitait à la déploration ("Bonnes gens qu'ici passez, priez Dieu pour les trépassés"), tout ici invite au "Te Deum".
La poutre du gloire du 16e siècle qui porte une crucifixion, célèbre les scènes de la passion. Au revers, du côté du chœur, le cortège des sibylles rappelle l'implication du monde gréco-romain dans la venue du Seigneur. Jean-Yves Cordier nous en fait ici une présentation complète. Et dans un autre article là, il approfondit la présentation des différentes sibylles (italiennes, françaises !)
On peut admirer six retables, dont un de facture anversoise, où l'on souligne l'influence de grands artistes Européens, Rubens, Spencer. Quatre retables sont placés de part et d'autre du sanctuaire dans les bras d'un transept non saillant. Les deux autres sont placés avant le transept. Jean-Yves cordier décrit ici longuement celui de Ste Anne trinitaire.
En observant les scènes de crucifixion, Isabelle m'explique l'origine de la représentation de la croix latine dans les représentations de ces scènes, et me rappelle l'utilisation du Patibulum.
Autre incontournable de la visite : la Mise au tombeau qu'Antoine Chavagnac a réalisée en 1676 en tuffeau polychrome. Originaire de Clermont-Ferrand, maître sculpteur du Roi, il travaillait alors pour la Marine à Brest où il réalisa les figures de proue des vaisseaux de Louis XIV comme l’Admirable et le Souverain. Il signe ici « Anthoine fecit » sur le linceul du Christ.
Cette mise au tombeau, placée naguère dans la chapelle funéraire formait un ensemble avec le retable de la Résurrection. les personnages : Joseph d'Arimathie, Nicodème, Gamaliel, La Vierge, St Jean, Marie Madeleine, Salomé, Marie, Mère de Jacques.
Ma guide me fait remarquer tout à côté de cette mise au tombeau, sur une modeste crédence, le témoignage émouvant de la dure vie des femmes de marin avec ce bas relief sculpté d'une scène croquée sur le vif.
Un avant-dernier arrêt pour regarder le baptistère, décrit ici en détail par la vieb-aile.com avec des explications de notre guide sur le fonctionnement des deux cuves de granite.
Ne pas oublier d'observer La descente de croix, commentée ici par Jean Yves Cordier avant de quitter l'église. Dénommé aussi groupe de la Vierge de Pitié (1530), taillé dans un bloc de chêne, il figurait autrefois au dessus de la porte de la Sacristie.
Je me souviendrai longtemps de cette visite de près de deux heures (il y a tant à observer...) grâce à la passion communicative de mon guide pour la transmission. Bravo encore Isabelle (Vous êtes prêtes pour une reconversion, si vous le souhaitez !) et Merci à la Sprev !
Sources : guide Gallimard
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