Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
2 Avril 2022
D'abord une analyse de la Philarmonie :
Janáček, dont rien ne semble altérer la jeunesse et la santé à 66 ans, continue régulièrement de sortir en forêt pour en étudier la faune : il note le chant des oiseaux, étudie les mœurs de diverses espèces. Un jour de juin 1920, sa bonne, très enthousiaste et riant aux éclats, attire son attention sur une bande dessinée très réussie du quotidien Lidove Noviny de Brno, dont le héros est la renarde Lyška Bystrouška. Les contes populaires regorgent de renards en Moravie, mais ce serait une idée bien étrange d’en faire un opéra, tant les animaux sont difficiles à mettre en scène et à faire chanter ! Janáček s’enthousiasme pourtant à son tour et décide peu après de rencontrer Rudolf Těsnohlídek, l’auteur du texte, afin de lui faire part de son projet.
Devant les réticences de l’écrivain pour collaborer à ce projet d’opéra, il se résout à en écrire lui-même le livret, ne gardant du roman que ce qui l’intéresse. Il transforme l’histoire simple et comique de la renarde en un conte merveilleux dont la Nature est l’héroïne. Les noces entre Renard et Renarde qui terminent le roman de Těsnohlídek deviennent avec Janáček un hymne à la Nature. La petite Renarde de Janáček meurt accidentellement bien avant la fin, vite remplacée par des Renardeaux, qui vieilliront dans les bois ou finiront en manchon au bras d’une dame, et seront à leur tour remplacés. L’importance primordiale de ces cycles se répétant à l’infini est soulignée par un découpage minutieux des tableaux et des actes en fonction du rythme diurne et des saisons. Janáček, parvenu lui-même au terme de son existence, lègue avec La Petite Renarde rusée son testament musical et philosophique.
source : Philarmonie
Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane