Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
8 Juin 2022
Née en 1992 d’un père grec et d’une mère française, Dafné Kritharas puise son inspiration dans les répertoires grecs (chants métissés de la Mer Egée, rebetiko, ces chants popularisés par les prostituées des quartiers mal famés d’Athènes) mais aussi chants séfarades d’Asie Mineure et répertoires de tout l’empire ottoman.
« Je suis issue d’une double culture, de mère française et de père grec. J’ai grandi en région parisienne mais je possède aussi cette culture grecque que ma mère a tenu à me transmettre suite au décès de mon père quand j’avais 2 ans. Chaque été et printemps, j’ai été bercée par les chants des îles. Ces musiques, marquées par les thèmes de la Mer et de l’exil, ont fini par faire partie de moi. La musique que je chante réunit aujourd’hui des musiciens iraniens, arméniens, kurdes, grecs, azéris, albanais et français, tous rencontrés à Paris. A travers un répertoire qui brasse les peuples de l’empire ottoman, j’essaye de montrer les convergences des musiques, les mélodies et les émotions que nous partageons, et quand nous les chantons ensemble, c’est une forme de résistance au nationalisme. »
Née en 1992 d’un père grec et d’une mère française, Dafné Kritharas puise son inspiration dans les répertoires grecs (chants métissés de la Mer Egée, rebetiko, ces chants popularisés par les prostituées des quartiers mal famés d’Athènes) mais aussi chants séfarades d’Asie Mineure et répertoires de tout l’empire ottoman. Nourrie de jazz, de folk, d’une subtile note électro et de riches sonorités, portée par des instrumentistes virtuoses et des répertoires multiples, la voix à la fois intimiste, pure et déchirante de Dafné Kritharas insuffle à ses compositions une puissance émotionnelle traduisant bien le blues de l’exil.
"Plus récemment, je me suis autorisée la composition et l’écriture de mes propres chansons. Je n’arrive à composer que si je suis entièrement seule, face à la mer grandiose, et paradoxalement, je suis inspirée par des thèmes très réalistes, parfois très durs. Des histoires de villageois, de mesquinerie humaine, d’injustices infligées par la loi du plus fort quand on l’autorise à régner… L’alliance de ces contrastes me pousse probablement à créer, dans un élan de révolte, un destin imaginaire à ces personnages qui subissent tant de persécutions, impuissants, sacrifiés. Je choisis donc de transformer la réalité pour faire, par exemple dans la chanson du Colombier (O peristeronas), de la femme injustement immolée et chassée de son village, une ermite crainte par tous et exerçant son règne sur la plus haute montagne crétoise.
Voici la genèse de cette chanson : lorsque ma mère habitait en Crète dans les années 1990, elle a malheureusement été témoin de la cruauté des hommes envers les femmes, et a retranscrit en nouvelle l’histoire de l’une d’elles. Cette nouvelle est terriblement réaliste, le personnage n’a pas d’issue. J’ai décidé de transformer cette histoire en conte et de lui offrir une vengeance, un destin extraordinaire, au nom de toutes celles qui ont subi cette tyrannie masculine, le machisme étant encore malheureusement trop omniprésent en Grèce aujourd’hui. C’est un message symbolique pour tous les oppresseurs."
sources : Toute la culture.com - La suite de l'interview est à lire ici
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