Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.
27 Mai 2022
Comme à son habitude, Mahler, occupé par son poste de chef d'orchestre de l'Opéra de Vienne, n'a que ses vacances pour composer. En 1901, ce sont 5 poèmes de Friedrich Rückert qu'il met en musique, pour un des plus beaux cycles de lieder du compositeur.
Tranchant avec ses précédents cycles, le virage plus tragique des Rückert-Lieder marque un tournant esthétique de la vie du compositeur. Lieder et symphonies vont désormais se colorer d'une tonalité plus sombre. Se peut en partie à cause de la grave hémorragie qui le frappa au début de l'année 1901. Le dernier lied "Liebst du um Schönheit", composé l'année suivante, est toutefois une trouée de lumière, sans doute inspiré par ses amours avec Alma Schindler, devenue sa femme.
Source : France Musique
Ci-dessous : un début de portrait, dressé par le blog miss pandora :
Femme fatale, mangeuse d’hommes, muse puis veuve des quatre arts, épouse effacée et artiste étouffée, mais aussi héroïne iconoclaste, féministe balbutiante et impériale hôtesse de l’un des plus prestigieux salons artistiques de la scène culturelle viennoise, les étiquettes se bousculent lorsqu’est convoquée la figure légendaire de la redoutable Alma Malher. Comme celle de tant de femmes de son temps, son image reste soumise à la dure loi des doubles standards, oscillant sans cesse d’un pôle à l’autre d’une dichotomie qui n’autorisait aux femmes que deux rôles : celui de la muse éthérée, du coeur privé de corps, de la mère et de l’auxiliaire, ou celui, tant exploré par l’art et la littérature, de la goule dévoreuse aux funestes appâts. Au cours de sa longue et tumultueuse existence, Alma fut tour à tour l’un ou l’autre de ces archetypes, et cet esprit brillant, si peu conventionnel pour l’époque, semble même avoir pris un malin plaisir à brouiller les pistes. Bien qu’elle ait évolué dans l’ombre des grands hommes de son siècle -dont l’un lui aura légué son illustre patronyme-, cette femme hors norme ne s’est pourtant pas oubliée, et n’a ainsi jamais cessé de bâtir sa propre légende. De l’audacieuse pianiste qui au tournant du XXème siècle batifolait sur le Prater en compagnie du gratin des artistes de la Sécession, à l’auguste veuve égotique des derniers jours, son destin reste parmi les plus éclatants de cette ère figée et néanmoins riche en mutations que Stefan Zweig nommait le Monde d’Hier…
Liebst du um Schönheit
Friedrich Rückert
Liebst du um Schönheit,
O nicht mich liebe!
Liebe die Sonne,
Sie trägt ein gold’nes Haar!
Liebst du um Jugend,
O nicht mich liebe!
Liebe den Frühling,
Der jung ist jedes Jahr!
Liebst du um Schätze,
O nicht mich liebe!
Liebe die Meerfrau,
Sie hat viel Perlen klar!
Liebst du um Liebe,
O ja, mich liebe!
Liebe mich immer,
Dich lieb’ ich immerdar!
Une autre version existe, faisant partie d'un cycle composé à quatre mains par Robert et Clara Schumann. Ce lied a été composé par Clara comme expliqué ici
Alors quelle est votre version préférée ?
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