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Souvenirs illustrés de petits moments, musiques, lectures, expositions, balades....qui font le sel de la vie !

Poème en hommage aux innombrables immigrants naufragés - Robert Ndong

Encore une hécatombe en Méditerranée
Kountouris (Grèce)

Alors que parait le rapport annuel du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, un nouveau naufrage de migrants, l’un des plus meurtriers de la décennie, remet la crise migratoire en Méditerranée sur le devant de la scène. Au large de la Grèce, un cargo qui transportait environ 750 personnes a coulé dans la nuit de mardi à mercredi. Les secours ont retrouvé une centaine de survivants, des hommes majoritairement originaires de Syrie et d’Égypte, ainsi que 69 corps. L’embarcation aurait été repérée la veille par Frontex, mais aurait refusé toute assistance. La Grèce, souvent pointée du doigt pour refouler des migrants, a lancé une enquête.

 

Sources : Le Monde

Poème en hommage aux innombrables immigrants naufragés - Robert Ndong

Que rajouter à ces quelques lignes ? Peut-être ce poème écrit en 2016 par Robert Ndong pour dire sa (notre !) honte !

Cette foule noire funestement silencieuse dans la sombre nuit noire,

Cette foule noire s’avance lentement dans les entrailles froides et furieuses de la Méditerranée,

Cette foule noire et silencieuse affronte la mort, en quête d’une vie meilleure

Cette foule noire rejetée de tous.

 

Cette foule noire que le monde fuit du regard,

Cette foule noire dont la mer endeuillée rejettera les corps sur les belles plages européennes,

Cette foule noire dont les cimetières de Sicile ne veulent plus les cadavres anonymes,

Cette foule noire et silencieuse : nos filles, nos mères, notre jeunesse désœuvrée…

 

Cette foule noire me rappelle celle d’Auschwitz,

Cette foule me rappelle celle des esclaves de Gorée quittant à jamais la porte du non-retour.

                          Je pleure pour cette foule noire et silencieuse et j’accuse :

J’accuse ceux qui se nourrissent de votre désespoir,

J’accuse ceux qui entretiennent la terreur sur votre terre nourricière,

J’accuse ceux qui vous tournent le regard pour soulager leur conscience amnésique,

J’accuse le ciel de ne pas ouvrir la mer pour laisser mon peuple traverser à pied sec.

 

Je m’accuse, car je n’ai que ma modeste plume et mes mots pour crier mon désarroi

Je m’accuse surtout, car après ce fait divers, je zapperai ma télé pour me reblottir dans le doux confort de ma bulle de vie de privilégié.

 

Pauvre Humanité! Où est ton humanité?

 

Robert Ndong - 12 mars 2016

 

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