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Ephéméride éclectique d'une librocubiculariste glossophile et mélomane.

Je suis passée - un poème de Kiki Dimoula

Kiki Dimoula, je vous en ai parlé, pour la première fois en 2021, avec un poème sur le temps qui passe...

Le balcon au Caire - Thalia Flora Karavia

Le balcon au Caire - Thalia Flora Karavia

ΠΕΡΑΣΑ


Περπατῶ καὶ νυχτώνει.
Ἀποφασίζω καὶ νυχτώνει.
Ὄχι, δὲν εἶμαι λυπημένη.

Ὑπῆρξα περίεργη καὶ μελετηρή.
Ξέρω ἀπ᾿ ὅλα. Λίγο ἀπ᾿ ὅλα.
Τὰ ὀνόματα τῶν λουλουδιῶν ὅταν μαραίνονται,
πότε πρασινίζουν οἱ λέξεις καὶ πότε κρυώνουμε.
Πόσο εὔκολα γυρίζει ἡ κλειδαριὰ τῶν αἰσθημάτων
μ᾿ ἕνα ὁποιοδήποτε κλειδὶ τῆς λησμονιᾶς.
Ὄχι δὲν εἶμαι λυπημένη.

Πέρασα μέρες μὲ βροχή,
ἐντάθηκα πίσω ἀπ᾿ αὐτὸ
τὸ συρματόπλεγμα τὸ ὑδάτινο
ὑπομονετικὰ κι ἀπαρατήρητα,
ὅπως ὁ πόνος τῶν δέντρων
ὅταν τὸ ὕστατο φύλλο τοὺς φεύγει
κι ὅπως ὁ φόβος τῶν γενναίων.
Ὄχι, δὲν εἶμαι λυπημένη.

Πέρασα ἀπὸ κήπους, στάθηκα σὲ συντριβάνια
καὶ εἶδα πολλὰ ἀγαλματίδια νὰ γελοῦν
σὲ ἀθέατα αἴτια χαρᾶς.
Καὶ μικροὺς ἐρωτιδεῖς, καυχησιάρηδες.
Τὰ τεντωμένα τόξα τους
βγήκανε μισοφέγγαρο σὲ νύχτες μου καὶ ρέμβασα.
Εἶδα πολλὰ καὶ ὡραῖα ὄνειρα
καὶ εἶδα νὰ ξεχνιέμαι.
Ὄχι, δὲν εἶμαι λυπημένη.

Περπάτησα πολὺ στὰ αἰσθήματα,
τὰ δικά μου καὶ τῶν ἄλλων,
κι ἔμενε πάντα χῶρος ἀνάμεσά τους
νὰ περάσει ὁ πλατὺς χρόνος.
Πέρασα ἀπὸ ταχυδρομεῖα καὶ ξαναπέρασα.
Ἔγραψα γράμματα καὶ ξαναέγραψα
καὶ στὸ θεὸ τῆς ἀπαντήσεως προσευχήθηκα ἄκοπα.
Ἔλαβα κάρτες σύντομες:
ἐγκάρδιο ἀποχαιρετιστήριο ἀπὸ τὴν Πάτρα
καὶ κάτι χαιρετίσματα
ἀπὸ τὸν Πύργο τῆς Πίζας ποὺ γέρνει.
Ὄχι, δὲν εἶμαι λυπημένη ποὺ γέρνει ἡ μέρα.

Μίλησα πολύ. Στοὺς ἀνθρώπους,
στοὺς φανοστάτες, στὶς φωτογραφίες
Καὶ πολὺ στὶς ἁλυσίδες.
Ἔμαθα νὰ διαβάζω χέρια
καὶ νὰ χάνω χέρια.
Ὄχι, δὲν εἶμαι λυπημένη.

Ταξίδεψα μάλιστα.
Πῆγα κι ἀπὸ ἐδῶ, πῆγα καὶ ἀπὸ ἐκεῖ...
Παντοῦ ἕτοιμος νὰ γεράσει ὁ κόσμος.
Ἔχασα κι ἀπὸ ἐδῶ, ἔχασα κι ἀπὸ κεῖ.
Κι ἀπὸ τὴν προσοχή μου μέσα ἔχασα
κι ἀπὸ τὴν ἀπροσεξία μου.
Πῆγα καὶ στὴ θάλασσα.
Μοῦ ὀφειλόταν ἕνα πλάτος.
Πὲς πῶς τὸ πῆρα.
Φοβήθηκα τὴ μοναξιὰ
καὶ φαντάστηκα ἀνθρώπους.
Τοὺς εἶδα νὰ πέφτουν
ἀπὸ τὸ χέρι μιᾶς ἥσυχης σκόνης,
ποὺ διέτρεχε μιὰν ἡλιαχτίδα
κι ἄλλους ἀπὸ τὸν ἦχο μιᾶς καμπάνας ἐλάχιστης.
Καὶ ἠχήθηκα σὲ κωδωνοκρουσίες
ὀρθόδοξης ἐρημιᾶς.
Ὄχι, δὲν εἶμαι λυπημένη.

Ἔπιασα καὶ φωτιὰ καὶ σιγοκάηκα.
Καὶ δὲν μοῦ ἔλειψε οὔτε τῶν φεγγαριῶν ἡ πεῖρα.
Ἡ χάση τοὺς πάνω ἀπὸ θάλασσες κι ἀπὸ μάτια,
σκοτεινή, μὲ ἀκόνισε.
Ὄχι, δὲν εἶμαι λυπημένη.

Ὅσο μπόρεσα ἔφερ᾿ ἀντίσταση σ᾿ αὐτὸ τὸ ποτάμι
ὅταν εἶχε νερὸ πολύ, νὰ μὴ μὲ πάρει,
κι ὅσο ἦταν δυνατὸν φαντάστηκα νερὸ
στὰ ξεροπόταμα
καὶ παρασύρθηκα.

Ὄχι, δὲν εἶμαι λυπημένη.
Σὲ σωστὴ ὥρα νυχτώνει.

"Je suis passée", poème publié dans le recueil Le peu du monde.

Traduction française de Martine Plateau-Zigounas.


************


"Je marche et la nuit tombe.
Je décide et la nuit tombe.
Non, je ne suis pas triste.

J'ai été curieuse et studieuse.
Je sais un peu tout. Un peu de tout.
Les noms des fleurs lorsqu'elles fanent,
quand les mots verdissent et quand nous avons froid.
Combien la serrure des sentiments tourne facilement
avec n'importe quelle clé de l'oubli.
Non, je ne suis pas triste.

J'ai passé des jours de pluie
dans une tension accrue derrière
ce grillage d'eau
patiemment, imperceptiblement,
comme la souffrance des arbres
que la dernière feuille quitte
et comme la peur des braves.
Non, je ne suis pas triste.

Je suis passée par des jardins,
m'arrêtant aux fontaines,
et j'ai vu maintes statues rire
à une cause invisible de joie.
Et de petits amours, fanfarons.
Leurs arcs tendus
se levèrent crissant de lune en mes nuits
et je rêvassais.
J'ai fait de nombreux et beaux rêves
et j'ai vu que l'on m'oubliait.
Non, je ne suis pas triste.

J'ai parcouru longtemps les sentiments,
les miens et ceux des autres,
il y avait toujours de l'espace entre eux
pour laisser passer le large temps.
Je suis passée repassée par des postes.
J'ai écrit réécrit des lettres
et prié le dieu de la réponse inlassablement.
J'ai reçu des cartes laconiques :
adieu cordial de Patras
et des salutations
de la Tour de Pise qui s'incline.
Non, je ne suis pas triste que le jour décline.

J'ai beaucoup parlé. Aux hommes,
aux réverbères, aux photographies.
Et beaucoup aux chaînes.
J'ai appris à lire des mains
et à perdre des mains.
Non, je ne suis pas triste.

J'ai voyagé, certes.
Je suis allée par-ci, par-là ...
Partout le monde était prêt à vieillir.
J'ai perdu de-ci, j'ai perdu de-là.
Et au cœur même de mon attention
j'ai perdu par inattention.

Je suis allée à la mer aussi.
Une étendue m'étais due. 
Disons qu'on me l'a rendue.
J'ai craint la solitude
et imaginé les hommes.
Je les ai vus tomber
de la main d'une poussière tranquille
que traversait un rayon de soleil
et d'autres au son d'une cloche moindre.
J'ai résonné des carillons
d'un désert orthodoxe.
Non, je ne suis pas triste.

J'ai pris feu et lentement brûlé.
Et pas même l'expérience des lunes ne m'a manqué.
Leur décroît au-delà des mers et des yeux,
obscur, m'a aiguisée.
Non, je ne suis pas triste.

Tant que j'ai pu, j'ai opposé résistance à ce fleuve
en crue, pour qu'il ne m'emporte,
et tant qu'il se pouvait, j'ai imaginé l'eau
des rivières taries
où je fus entraînée.

Non, je ne suis pas triste.
Il fait nuit à point nommé."

PS : Si vous aimez la poésie, n'hésitez pas à visiter le site "le miel des Anges". Vous y trouverez de quoi butiner !

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